À l'assaut du marché du biométhane

Publié le 08/05/2010 à 00:00

À l'assaut du marché du biométhane

Publié le 08/05/2010 à 00:00

Vos déchets de table rapporteront gros aux entreprises de services environnementaux pendant les prochaines années. Le gouvernement Charest a annoncé un plan pour construire des usines qui les transformeront en énergie. Une manne de 650 millions de dollars (M$).

Depuis janvier, le gouvernement Charest a fait trois annonces concernant le financement d'usines pour traiter les matières putrescibles à Montréal, à Québec et à Rivière-du-Loup. Ces investissements font partie d'un plan global pour doter la province des infrastructures nécessaires au traitement des déchets issus des fameux bacs bruns, qui se font toujours attendre dans la plupart des villes.

Les entreprises de services environnementaux se bousculent au portillon pour obtenir les contrats de conception, de construction ou d'exploitation de ces équipements.

À ce chapitre, Bio-Méthatech a remporté une première manche. L'entreprise a fourni à la Ville de Saint-Hyacinthe les équipements de la première usine de biométhanisation du Québec. " Elle y traitera ses boues municipales ", dit Stéphane Guay, biologiste au sein de l'entreprise.

Bio-Méthatech vend des systèmes d'acier inoxydable Lipp, fondés sur une licence allemande, mais fabriqués à Montréal par Dominion-Grimm.

Comme tous les systèmes de biométhanisation, celui de Bio-Méthatech décompose sans oxygène les matières solides issues des eaux usées. Le processus produit du méthane : exactement le même combustible que vend Gaz Métro.

Pour l'instant, Saint-Hyacinthe utilise le combustible pour fournir la chaleur nécessaire au système.

Après cette première phase de 9 M$, la Ville veut ajouter un quatrième biodigesteur pour traiter les résidus issus de la collecte municipale de matières putrescibles et le gras des nombreuses usines agroalimentaires de la région. Au coût de 21 M$, cette deuxième phase fera passer de un à huit millions de mètres cubes (m3) la quantité de biogaz produite par l'usine. " Nous sommes en pourparlers avec Gaz Métro pour l'acheminer sur leur réseau et alimenter une centaine de nos véhicules municipaux ", dit Pierre Mathieu, surintendant de l'usine de traitement des eaux usées de Saint-Hyacinthe.

Conjointement avec Ottawa et les municipalités, Québec a déjà annoncé un projet de ce type dans le Bas-Saint-Laurent. L'entreprise Envirogaz, la Ville et la MRC de Rivière-du-Loup ont créé une société d'économie mixte pour construire et exploiter une usine de biométhanisation à Cacouna, un investissement de 14,7 M$. Son entrée en service est prévue pour la fin de l'année. L'installation produira 1,4 million de m3 de méthane par an, l'équivalent d'autant de litres de diesel qui alimenteront les véhicules municipaux.

Michel Laforest, président d'Envirogaz, rêve de déployer ce système à plus grande échelle. " Mon rêve serait de réaliser un projet comparable dans une ville équipée d'un grand réseau d'autobus, dit-il. Elle pourrait produire son propre carburant. "

Au tour des grandes villes

Montréal doit annoncer cet été les emplacements choisis pour deux usines de biométhanisation et deux centres de compostage. Ces infrastructures de 114 M$ seront construites " au plus tard en 2013 et 2014 ", dit Alan de Sousa, responsable de l'environnement au comité exécutif de la Ville.

Toutes les autres municipalités du Québec devront aussi s'y mettre, en vertu de la Politique de gestion des matières résiduelles du gouvernement, qui abolit l'enfouissement des matières putrescibles. " Cela représente un potentiel énorme, dit M. Laforest, d'Envirogaz. Il y a au Québec une quarantaine de municipalités comparables à Rivière-du-Loup. Après, il reste les plus grands centres du Québec. "

Chez Bio-Méthatech, M. Guay dit d'ailleurs que son entreprise travaille sur une vingtaine d'autres projets, dont certains sont " plus importants que celui de Saint-Hyacinthe ".

Reste à voir si les Québécois et les élus accepteraient que se multiplient les incinérateurs partout dans la province. Au forum Bioénergie, organisé par le Conseil des entreprises en services environnementaux à Montréal le 29 avril, des industriels soulignaient en privé le défi que représente l'acceptabilité sociale des sites de biométhanisation et de compostage. Après tout, qui veut voir défiler devant chez soi des camions remplis à ras bord de restes de table ?

hugo.joncas@transcontinental.ca

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