Michel Dallaire: 42 ans d'influence en design

Publié le 04/03/2009 à 00:00

Michel Dallaire: 42 ans d'influence en design

Publié le 04/03/2009 à 00:00

Par Suzanne Dansereau

Journal Les Affaires – Quel est le défi qui vous occupe maintenant ?
Michel Dallaire – Je termine la mise au point de Bixi, le système de vélos en libre service qui sera installé en avril à Montréal. C’est tout un défi, car nous ne voulons pas imiter ce qui a été fait à Paris, Barcelone, Lyon ou Stock-holm. Le problème n’est pas seulement de concevoir la bicyclette, mais tout le système d’interface. Ce qui est particulier à notre concept, c’est qu’il est entièrement modulaire, portable et fonctionne avec des capteurs so-laires. La ville pourra l’enlever l’hiver.

Visionnez la capsule vidéo:




JLA – Vous avez conçu une foule de produits dans votre longue carrière, de la torche olympique des Jeux de 1976 au détecteur de mouvement pour bébés AngelCare. Y a-t-il un fil conducteur dans votre approche créative ?
M.D. – Il y a d’abord une recherche d’esthétique dans tout développement de produit. Je veux surprendre, car je crois que tout bon design doit susciter un minimum de controverse. Notre rôle est de faire autrement. Les gagnants sont ceux qui ont de l’audace. J’essaie toujours d’inclure une charge d’émotion dans ce que je conçois.

J’ai dessiné le mécanisme d’ouverture d’un porte-documents en me souvenant du geste que ma grand-mère faisait en ouvrant son porte-monnaie en prévision de la quête de la messe du dimanche. Je travaille sans à priori. J’ai voulu alimenter la torche olympique à l’huile d’olive pour obtenir une flamme photogénique en ignorant que ce carburant n’est pas suffisamment volatile pour s’allumer d’une torche à l’autre. Mais on a trouvé une solution et cela a été un succès. J’aime à cet égard citer Nietzsche : « La connaissance inhibe l’action. Pour agir, il faut être enveloppé du voile de l’illusion. »

Plus on accumule de savoir, plus on peut agir rapidement, mais plus cela risque de nous restreindre. Autre constante dans ma carrière : je doute toujours. Même si je crois avoir trouvé la bonne solution dès le départ, je refais le grand cercle, je conteste l’ensemble, pour souvent revenir à la même idée, bonifiée.

JLA – Comment faites-vous pour garder un regard neuf et ne pas être dépassé ?
M.D. – Faire constamment face à la nouveauté nous garde jeune ! Le design industriel est un métier qui nous tient toujours en alerte, car on fait face à une grande diversité de domaines. Et je m’entoure de jeunes qui mettent mon approche au défi.

JLA – L’importance du design est largement reconnue en Europe, mais cela n’a pas toujours été le cas ici. Croyez-vous que votre métier a enfin la reconnaissance qu’il mérite ?
M.D. – Depuis qu’on a compris les avantages économiques de l’innovation, oui. Le président de Sony disait : « La technique est acquise, mais le véritable outil de concurrence, c’est le design. » Car c’est là que réside le plaisir de tous les sens. Si on donne du plaisir au consommateur, on gagne son adhésion. On revient ici à l’âme, à la charge d’émotion contenue dans le produit. La valeur d’un objet, c’est ce qui se transmet. C’est pourquoi on dit souvent que certains donneurs d’ouvrage connaissent le prix de chaque chose mais la valeur d’aucune.

JLA – Quelles ont été les grandes influences dans votre vie ?
M.D. – J’ai été élevé dans un milieu d’artistes, dans l’odeur du vin rouge et de la térébenthine. Mes parents lisaient beaucoup, m’emmenaient au musée et au concert... L’art est la nourriture qui m’a soutenu. Monteverdi, Glenn Gould sont de grands artistes qui m’ont inspiré avec leur intériorité rigoureuse. J’avais naturellement une grande curiosité technique que j’ai transposée dans un esprit esthétique. J’ai aussi compris l’importance de développer sa propre signature, d’établir sa propre trace.

Deux professeurs m’ont profondément marqué : Julien Hébert, à Montréal, qui m’a sensibilisé à la responsabilité du multiple : si vous faites un objet qui est reproduit à des milliers d’exemplaires, nous disait-il, il deviendra soit une ruine, soit une pièce de collection. De lui, j’ai appris l’approche minimaliste. Un autre professeur à Stochkholm me disait : « Think small and do it big. » C’est lui qui m’a appris à faire le zoom. Un mouvement d’horlogerie peut inspirer un plan de ville !

JLA – La transmission de votre héritage, de votre influence, vous préoccupe-t-elle ?
M.D. – Non. Je ne veux pas que les jeunes qui me côtoient me ressemblent, je veux plutôt qu’ils se réalisent à partir de leur propre personnalité. Je donne des séminaires à Calgary et à Montréal et ce que je veux transmettre, c’est la passion de ce que je fais et le désir du dépassement. L’influence, cela s’exerce lorsqu’il y a de l’authenticité. Ce qui compte, c’est la créativité au service de l’industrie dans la réalité du faisable, sur Terre, en 2009.

JLA – Quel genre de meneur êtes-vous ?
M.D. – Je ne me vois pas comme un meneur, mais plutôt comme chef de projet. Je suis très exigeant, mais surtout très concerné par l’excellence du résultat. La notion de valeur, c’est ce que je désire atteindre dans mes projets. Si l’objet que j’ai conçu avec mon équipe réussit à s’imposer sur le marché, c’est que nous avons atteint nos objectifs.

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