Entrevue : l'activisme en douceur de Gregory Chamandy

Publié le 17/12/2009 à 09:22

Entrevue : l'activisme en douceur de Gregory Chamandy

Publié le 17/12/2009 à 09:22

Par Dominique Beauchamp

Greg Chamandy et Marc Rivard. Photo : MInes Richmont

L’intervention de l’ex-patron de Vêtements de sport Gildan, Gregory Chamandy, dans les affaires de Mines Richmont, tranche avec l’image de prédateur qu’évoque habituellement les investisseurs activistes.

PLUS : Gregory Chamandy entend veiller à la croissance de Mines Richmont

Après avoir acheté 19,5 % du petit producteur d’or, M. Chamandy entend mousser sa notoriété et faire appel à tout son réseau de contacts dans le milieu des affaires pour insuffler une nouvelle vie au titre de Mines Richmont, qui est tombé dans l’oubli alors que l’or connaît sa meilleure année depuis 1979. C’est la première fois que l’homme d’affaires intervient pour influencer le sort de l’un de ses placements, reconnaît M. Chamandy. Voici pourquoi.

Après avoir quitté en 2004 la direction de Vêtements de sport Gildan qu’il avait co-fondé avec son frère Glenn Chamandy, Gregory Chamandy s'est tourné vers le monde du placement afin de faire fructifier le capital de sa société de gestion de portefeuille Oxbridge Gestion de capital privé. «Je m’intéresse de plus près à l’or depuis cinq ans et j’en suis devenu passionné. À long terme, je crois fermement qu’un investissement dans l’or et le secteur aurifère constitue un élément clé de la diversification de portefeuille. Aussi, le doute qui pèse sur la valeur des monnaies devrait alimenter une demande d’investissement pour l’or», a-t-il expliqué lors d'une entrevue.

Inspiré par un rapport publié par l’Institut Frazer en février 2008 citant les mérites du Québec comme l’une des meilleures régions au monde pour produire de l’or, M. Chamandy a mandaté Valeurs mobilières Desjardins de lui proposer une brochette de petits producteurs d'or québécois à bon prix.

Six entreprises ont paradé devant lui. Son choix s’est arrêté sur Mines Richmont puisque que l’entreprise fondée par Jean-Guy Rivard en 1981 rencontrait tous ses critères : la petite société d’exploration et de production génère des flux de trésorerie de son exploitation qui financent ses travaux de forage, n’a aucune dette, dispose de liquidités de 22,9 millions de dollars et a déjà produit un million onces d’or.

«J’ai aussi demandé à chacune des candidates de me nommer quelle entreprise aurifère ils aimeraient acquérir si l’occasion se présentait.

Toutes ont choisi Mines Richmont », raconte M. Chamandy.

L’investissement dans Mines Richmont n’est pas un pari sur une montée en flèche de l’or, assure M. Chamandy. «Nous avions comme hypothèse un prix stable pour l’or. L’appréciation de ce placement proviendra de la croissance de la production. De plus, le titre de Richmont est 30 à 40 % meilleur marché en Bourse que ceux de ses semblables », dit-il.

M. Chamandy est devenu le principal actionnaire de Mines Richmont en mai 2009, après avoir accumulé 10 % des actions. Il a récemment acheté 2,23 millions d’actions additionnelles, le 27 novembre 2009, au cours de 3,50 $ chacune, gonflant son intérêt à 19,5 %. L’arrivée de M. Chamandy dans l’actionnariat de Mines Richmont est survenu peu après le décès en mars 2009 de Jean-Guy Rivard à l’âge de 75 ans. Même si M. Rivard avait déjà passé le flambeau à son fils Marc Rivard, 36 ans, en octobre 2005, M. Chamandy a vu dans le passage d’une génération à l’autre une occasion pour l’entreprise de prendre un nouveau départ.

Depuis que M. Chamandy siège au conseil de Mines Richmont, l’entreprise a déjà embauché une responsable des relations avec les investisseurs et entend se faire connaître davantage auprès des investisseurs du Québec, de l’Ontario, d’ailleurs au Canada et des États-Unis. De telles campagnes de notoriété rappellent les promotions minières, mais Mines Richmont se défend bien de vendre de l’espoir. «Nous offrons un savoir-faire en exploration, deux mines en production, des revenus et des projets rentables, insiste M. Rivard, dans un clin d’oil à la société minière Osisko qui a une valeur boursière de 2,3 milliards et ne produit pas encore de l’or.

Mines Richmont s’est donné pour objectif de presque tripler sa production d’ici deux ans. La mine Francoeur située à 25 km à l’ouest de Rouyn-Noranda pourrait produire 35 000 onces d’or par année à partir de 2011, pour une période de quatre ans. Active depuis 2007, la mine ontarienne Island Gold a produit 30 000 onces d'or cette année et devrait en produire 50 000 en 2010. A Val d’or, la production de 20 000 onces à la mine Beaufor est stable. Avec ces trois mines, l’entreprise aura atteint la moitié de ses objectifs. Les autres 100 000 onces proviendront de l’achat de mines ou de propriétés au Québec et en Ontario ou encore de partenariat. «Nos recherches sont très avancées », dit M. Rivard.

«En général, les transactions dans l’industrie se font par un échange d’actions. Toutefois, notre bilan sain et notre accès au marché des capitaux nous donnent toute la flexibilité nécessaire pour envisager différents type de transactions» , ajoute-t-il.

L’usine Camflo de Malartic, qui transforme le minerai en briques d’or, est un autre actif sous-utilisé, que Mines Richmont entend mettre à profit.

 

À suivre dans cette section

À la une

Les profits d’Alphabet bondissent

17:08 | AFP

La maison mère de Google a été portée par la publicité, le cloud et l’IA.

Microsoft fait mieux que prévu au premier trimestre

17:19 | AFP

Dans les échanges électroniques postérieurs à la clôture de la Bourse, l’action Microsoft gagnait près de 5%.

Les prévisions d’Intel déçoivent

18:43 | AFP

Les prévisions pour la période en cours ont hérissé le marché.