Politique monétaire : passer de l’annonce à l'effet

Publié le 26/05/2011 à 00:00, mis à jour le 26/05/2011 à 10:35

Politique monétaire : passer de l’annonce à l'effet

Publié le 26/05/2011 à 00:00, mis à jour le 26/05/2011 à 10:35

Par Marie-Claude Morin

[Photo : Sébastien Lavallée]

Ce n’est pas tout de fixer le taux directeur. Il faut aussi s’assurer qu’il aura l’effet escompté sur l’inflation.

Depuis le début des années 1990, la Banque du Canada vise explicitement une cible d’inflation de 2 %, avec une fourchette allant de 1 à 3 %. Quoique la cible soit officiellement liée à l’indice des prix à la consommation (IPC), la Banque fonde plutôt ses décisions sur l’indice de référence, soit l’IPC moins huit composantes très volatiles (dont les fruits, les légumes et l’énergie).

Le défi n’est toutefois pas tant de mesurer l’inflation que de l’anticiper. Pour cela, les économistes de la banque centrale utilisent l’écart de production. Dit simplement, l’écart de production est la différence entre le PIB potentiel (ce que le Canada peut produire avec la capacité de production existante) et la demande totale (des Canadiens, mais aussi des exportations). Pour que l’inflation soit maîtrisée, les deux composantes doivent augmenter au même rythme.

Si la demande ralentit, comme ce fut le cas durant la crise économique, l’inflation recule sous la barre des 2 %, parce qu’il y a une capacité de production non utilisée. Généralement, la banque centrale réagit en diminuant les taux d’intérêt, ce qui encourage les individus à acheter et les entreprises à investir.

Si la demande croît plus vite que l’offre, l’inflation risque de dépasser la cible. L’offre augmente à une certaine vitesse grâce aux gains de production et à l’accroissement du bassin de main-d’œuvre; mais, une fois cette croissance naturelle passée, la bataille pour les employés et les ressources entraîne des pressions à la hausse sur les salaires et les prix. Lorsque la pression est telle que l’économie risque de surchauffer, la banque centrale élève les taux d’intérêt, ce qui freine les ardeurs des consommateurs et des entreprises.

Rendre le taux directeur effectif

Le taux directeur est le taux auquel se prêtent les banques entre elles. Comment la Banque du Canada peut-elle en être certaine? Grâce au Système de transfert de paiements de grande valeur (STPGV), qu’elle supervise. C’est par l’intermédiaire de ce système établi en 1999 que les institutions financières réalisent électroniquement leurs gros transferts entre elles. Chaque jour, les 15 institutions participantes y effectuent environ 22 000 paiements de plus d’un million de dollars, pour un total quotidien supérieur à 150 G$. Afin de diminuer les risques de contrepartie, les transactions sont réglées par la Banque du Canada, qui calcule les soldes de chaque participant en fin de journée.

Lorsqu’une institution est en situation de déficit dans son compte, elle peut emprunter auprès de la Banque du Canada au taux d’escompte (le taux directeur + 0,25 %). Si elle est en surplus, elle peut laisser son solde dans les coffres de la Banque et recevoir des intérêts au taux directeur - 0,25 %. Dans un cas comme dans l’autre, les institutions ont avantage à se parler et à s’arranger entre elles, ce qui est non seulement permis, mais encouragé. Ainsi, celle qui est en déficit offrira d’emprunter au taux directeur, ce qu’acceptera celle en surplus, puisqu’elle obtient ainsi 0,25 % de plus. Les financiers savent compter : dans 90 à 99 % des cas, les banques règlent leurs soldes entre elles... au taux directeur.

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