Peine d'Earl Jones : «Ce n’est pas suffisant», dit un expert

Publié le 15/02/2010 à 15:51

Peine d'Earl Jones : «Ce n’est pas suffisant», dit un expert

Publié le 15/02/2010 à 15:51

La condamnation d’Earl Jones à 11 ans de prison est jugée insuffisante par un expert, surtout dans le contexte où le présumé planificateur financier sera admissible à une libération au sixième de sa peine, soit après 22 mois de prison.

« 1/6 de la peine, ça me laisse sur ma faim. Il faudrait une peine minimale, sans possibilité de libération, d’au moins trois ou cinq ans», a mentionné Abda Messaoud, professeur de finance à l’Université de Sherbroooke spécialisé dans les questions de criminalité financière, en entrevue à lesaffaires.com.

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Sans souhaiter l’importation d’un système judiciaire à l’américaine où les criminels financiers écopent de peines de plusieurs dizaines, voire de centaines d’années de prison, M. Messaoud a souligné qu’il fallait une peine minimale de prison pour des criminels financiers comme Earl Jones, ne serait-ce que pour des motifs d’équité sociale.

M. Messaoud a cependant rappelé que les peines auraient beau être beaucoup plus longues, cela ne dissuadera pas les futurs fraudeurs de commettre des crimes. «Le principal facteur de dissuasion, toutes les études le démontrent, ce n’est pas la sévérité de la peine, mais le risque d’être arrêté», a-t-il expliqué. 

Or, à l’heure actuelle, le système est mal outillé pour stopper des fraudes rapidement, a-t-il mentionné, ce qui laisse croire que d’autres affaires à la Earl Jones ou à la Vincent Lacroix pourraient se reproduire dans l’avenir.

Cet expert s’est dit particulièrement déçu du traitement des acteurs qui ont participé indirectement à la fraude d’Earl Jones, et qui se retrouvent à l’heure actuelle sans responsabilité pour la fraude commise.

«Par exemple, est-ce que la Banque Royale (la banque d’Earl Jones) a ses responsabilités? Absolument», a-t-il dit, rappelant que les institutions financières avaient elles-mêmes développé des systèmes de sécurité très sophistiqués pour déceler les fraudes les visant.

«Tant qu’on n’aura pas mis de mécanismes en place pour responsabiliser les acteurs de l’industrie, on risque de se retrouver avec le même problème», a soutenu M. Messaoud.

Les victimes déçues aussi

De façon générale, les victimes d’Earl Jones qui ont assisté au prononcé de la sentence lundi après-midi au Palais de justice de Montréal se sont dites déçues de la sentence d’Earl Jones.

Ainsi, Danielle Manouvrier, qui a perdu 100 000$ avec sa mère aux mains d’Earl Jones, a jugé décevant que la famille du fraudeur ne soit pas redevable des crimes de M. Jones.

Les victimes se sont également vu refuser le droit de lire en cour une lettre qu’elles avaient écrite à l’intention d’Earl Jones, qui a gardé les yeux rivés au sol tout au long du prononcé de la sentence, évitant tout contact visuel direct avec la foule. 

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