Soulignons que le homard des îles est certifié «durable» par le Marine Stewardship Council depuis deux ans.
Tout à perdre
Même son de cloche du côté du Regroupement des pêcheurs professionnels des Îles-de-la-Madeleine, dont les 21 membres font plutôt dans le crabe ou les poissons de fond (morue, sébaste, plie, flétan). Nettement moins importantes que les ventes de homards, les ventes de crabes se chiffrent néanmoins en millions de dollars. Et chaque crabier embauche habituellement trois à quatre personnes, selon le président du Regroupement, Marcel Cormier.
Or, la zone 12-F où vont pêcher les crabiers des îles est justement la plus proche de la formation Old Harry. «On est à 16 miles nautiques [moins de 30 km] d'Old Harry, dit M. Cormier. On n'a pas d'assurance que le projet ne sera pas nuisible à la pêche.»
Selon lui, les pêcheurs ont tout à perdre, rien à gagner d'un développement pétrolier bâclé dans le golfe. «On exige du gouvernement fédéral une enquête digne de foi, faite par des groupes indépendants des pétrolières, dit-il. On ne confie pas au loup la garde de la bergerie. Les pêches du golfe ne sont pas à vendre, il y a trop d'argent en jeu. Les pétrolières, qu'est-ce qu'elles vont nous apporter ? Elles ne feront pas de raffineries aux îles !»
Les exigences de l'industrie des pêches viennent donc s'ajouter à celles, déjà formulées, de la municipalité elle-même. «Ce qu'on demande, c'est que, avant de parler d'exploitation d'hydrocarbures, on parle de la protection du golfe et de sa remise en état», précise le maire Lapierre.
Il salue par ailleurs la mise sur pied, annoncée par Québec au début de juin, d'un centre d'expertise pour «la prévention, la préparation et les interventions d'urgence environnementale» aux Îles-de-la-Madeleine. «Ce n'est pas juste pour Old Harry, c'est aussi pour les risques qui existent déjà», souligne-t-il.
«Les pétroliers passent quotidiennement à côté des îles. N'attendons pas qu'une catastrophe survienne pour après coup mettre en oeuvre des mesures plus sévères.»
Au bureau de la ministre fédérale de l'Environnement, Leona Aglukkaq, on indique que «l'Agence canadienne d'évaluation environnementale est à examiner [la lettre] afin d'acheminer une réponse aux signataires».