Shaw Communications : un nouveau géant médiatique

Publié le 04/05/2010 à 16:21

Shaw Communications : un nouveau géant médiatique

Publié le 04/05/2010 à 16:21

Les gens du Québec connaissent peu cette entreprise établie à Calgary. Photo : Bloomberg

En acquérant les propriétés télévisuelles de Canwest, l’albertain Shaw Communications émerge comme un nouveau titan de l’industrie des médias canadiens dont les Québécois entendront de plus en plus parler.

Les gens du Québec connaissent peu cette entreprise établie à Calgary qui offre des services de câblodistribution dans l’ouest du pays, mais peut-être plus pour longtemps, alors que le géant se distancie de ses origines pour se lancer dans la production de contenu original.

Qu’ils sachent aussi qu’elle est derrière Corus Entertainment, qui s’est récemment départie de ses stations du Québec, notamment le FM 98,5, CKAC et CKOI. Bien que cotée en Bourse indépendamment, Corus est un dérivé de Shaw qui représente ses propriétés dans le secteur de la radio et de la télévision spécialisée. L’entreprise a vendu ses stations québécoises pour se concentrer sur ses stations les plus rentables situées en Ontario et dans l’ouest canadien.  

L’histoire des Shaw trace ses origines dans les années 60, quand le fondateur, JR Shaw, s’est lancé dans la câblodistribution dans la région d’Edmonton.

À l’époque, l’idée reçue était que les gens n’accepteraient jamais de payer pour regarder la télévision : on sait ce qui est arrivé par la suite. À l’heure actuelle, la majorité des foyers canadiens ont le câble et les câblodistributeurs et les fournisseurs de chaînes spécialisées comptent parmi les acteurs les plus prospères de l’industrie médiatique. Journaux et chaînes conventionnelles publient pour leur part des bilans à l’encre rouge ces derniers temps.

Shaw a par la suite étendu ses tentacules dans tout l’ouest canadien, après avoir conclu une entente avec Rogers Communications pour qu’ils se séparent l’ouest et l’est du Canada. En 2009, la trêve a pris fin avec l’incursion de Shaw dans la région de Hamilton dans le secteur de la câblodistribution.

En 1994, Jim Shaw, le fils de JR Shaw, un ancien décrocheur que seul son nom destinait à prendre les rênes d’une grande entreprise canadienne, est devenu le pdg du groupe. Bien des gens doutaient de sa capacité à faire croître l’entreprise familiale, mais ses décisions d’affaires se sont jusqu’ici avérées très justes.

La transaction couronne l’émergence d’un nouveau géant de l’industrie des communications, et la victoire de la famille Shaw sur la famille Asper, établie à Winnipeg, qui vient de rendre les armes et d’être dépossédée de son empire, Canwest.

Pari audacieux

Il reste que le pari de Jim Shaw est risqué. En payant 2 G$ pour acheter des actifs de Canwest, Jim Shaw, le pdg de Shaw, fait le pari qu’il peut réussir là où les Aspers ont échoué.

L’ambition de Shaw est de redresser les opérations de télévision conventionnelle de Canwest, qui incluent notamment le réseau anglophone Global, et d’utiliser le contenu pour bâtir un empire multimédia et sans fil qui à bien des égards ressemblera à celui de Rogers Communications en Ontario et à celui de Quebecor, au Québec.

Dans l’immédiat, plusieurs analystes se montraient sceptiques.

Ainsi, l’analyste Maher Yaghi, de Valeurs mobilières Desjardins, questionnait la volonté des investisseurs de continuer à accorder à Shaw une prime de 1 à 1,5 fois à son ratio valeur économique-BAIIA au moment où le câblodistributeur réinvestit ses liquidités dans le secteur médiatique, qui procure des marges plus faibles que la câblodistribution. «Nous aurions préféré que Shaw s’en tienne à son plan de déployer un réseau sans fil dans l’ouest canadien», mentionnait-il.

Dvai Ghose, de Genuity Capital, suggérait lui aussi que Shaw aurait mieux fait d’utiliser ses ressources financières pour bâtir un réseau sans fil plus vaste. «La stratégie précédente de Shaw de séparer contenu et connectivité s’était pourtant avérée payante», soulignait-il.

Certains analystes étaient toutefois plus positifs. L’analyste Benjamin Mogil, de Thomas Weisel Partners, indiquait par exemple que l’acquisition de Shaw lui donnait plus de flexibilité pour offrir du contenu dans la sphère numérique et établissait des comparaisons entre la stratégie de l’entreprise et celle de NBC et Fox aux États-Unis qui exploitent le populaire site de télévision en ligne Hulu.

Pour Jim Shaw, la capacité pour une entreprise de communications d’offrir du contenu sur toutes les plateformes deviendra de plus en plus importante dans l’avenir.

Avec The Globe and Mail.

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