Sans les jeunes, l’avenir de la culture québécoise est menacé, craint Télé-Québec

Publié le 04/12/2023 à 13:47

Sans les jeunes, l’avenir de la culture québécoise est menacé, craint Télé-Québec

Publié le 04/12/2023 à 13:47

Par La Presse Canadienne

Il «y a urgence d’agir», plaide la présidente−directrice générale de Télé−Québec, Marie Collin, qui a tiré la sonnette d’alarme, lundi, lors d’une audience du CRTC. (Photo: La Presse Canadienne)

L’avenir de la culture québécoise est en péril, car les jeunes y sont moins exposés en raison de l’omniprésence des plateformes américaines, craint la présidente−directrice générale de Télé−Québec, Marie Collin.

Il «y a urgence d’agir», plaide Mme Collin, qui a tiré la sonnette d’alarme, lundi, lors d’une audience du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC). «Si on continue dans une décennie, on n’aura plus de consommateurs de contenu adulte», prévient−elle.

«Si les jeunes d’aujourd’hui perdent le contact avec les contenus d’ici en français, ils ne seront plus en mesure de transmettre à leurs propres enfants le goût et la fierté de l’identité culturelle et linguistique», déplore-t-elle.

À la même tribune juste avant Télé−Québec, les représentants de l’Association des artistes canadiens de la télévision et de la radio (ACTRA) se sont inquiétés de l’absence d’un «star−system» canadien afin de promouvoir la culture anglophone du pays. Le Québec se démarque toutefois avec ses propres vedettes du milieu culturel.

Le milieu culturel québécois n’est toutefois pas à l’abri de connaître les mêmes difficultés que vivent les artistes canadiens, croit Mme Collin. «Si on continue dans une décennie, on n’aura plus de consommateurs de contenu adulte. C’est vrai qu’on a un “star−system” qui est fort au Québec, mais il commence dès le tout jeune âge.»

L’omniprésence des plateformes numériques américaines complique la découvrabilité des émissions jeunesse. La dirigeante de Télé−Québec rapporte que les deux tiers des jeunes Québécois de 2 ans à 17 ans visionnent du contenu en anglais.

Télé−Québec diffuse du contenu sur la plateforme YouTube, qui appartient à la société mère de Google (Alphabet). «Nous n’avons pas le choix d’y être, parce que nous sommes, nous devons être sur le parcours des enfants.»

«C’est un travail très, très, ardu, après, de les ramener dans notre écosystème. Télé−Québec a ses propres plateformes de diffusion. (…) Rien ne nous garantit que nous sommes découvrables. Alors, aller en partenariat avec ces plateformes−là risque souvent de noyer nos produits.»

Le CRTC mène actuellement des consultations publiques en réponse à la Loi sur la diffusion continue en ligne, qui a reçu la sanction royale en avril. Cette loi vise à moderniser la législation fédérale afin d’obliger les plateformes numériques telles que Netflix, YouTube et TikTok à contribuer au contenu canadien et à en faire la promotion.

Le CRTC, qui est responsable de régir le secteur de la radiodiffusion au pays, étudie la possibilité de demander aux services de diffusion en continu d’apporter une contribution initiale au système de contenu canadien et de les mettre sur un pied d’égalité avec les entreprises locales, qui sont déjà tenues de soutenir le contenu canadien.

Dans le cadre de ces consultations, Télé−Québec plaide pour la création d’un fonds dédié à la production de contenus jeunesse. Ce fonds serait financé par une partie des nouvelles contributions de base initiale qui seraient imposées aux services en ligne des multinationales étrangères.

Ces vents contraires se dressent au moment où le financement des émissions jeunesse diminue au Canada, souligne la directrice générale des communications et de l’image de marque de Télé−Québec, Nicole Tardif, qui a aussi participé à la consultation. «Le nombre d’heures de production jeunesse soutenues par le Fonds des médias du Canada a chuté de 41% en neuf ans, soit de 785 heures en 2012−2013 à 463 heures en 2021−2022.»

Elle souligne également que les productions jeunesse anglophones disposent d’un budget plus élevé. «Les budgets moyens des contenus pour la jeunesse dans le marché francophone représentent moins du tiers de celui des productions jeunesse anglophones.»

Stéphane Rolland, La Presse Canadienne

 

 

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