Bédés québécoises: un nouveau boom!


Édition du 02 Août 2014

Bédés québécoises: un nouveau boom!


Édition du 02 Août 2014

Par Pierre Théroux

Paul a ouvert des portes

À n'en pas douter, la bande dessinée québécoise s'est illustrée ces dernières années, tant au Québec qu'à l'étranger. «La bande dessinée européenne a toujours eu la cote et profité d'une bonne diffusion au Québec, mais les succès de Rabagliati et de sa série des Paul a ouvert des portes aux auteurs et aux dessinateurs d'ici», estime le propriétaire de la librairie montréalaise Planète BD, François Mayeux, qui oeuvre depuis près de 30 ans dans le milieu de la bande dessinée.

«Il y a un plus grand engouement pour la bande dessinée en général, dont profite également la bédé québécoise qui compte de plus en plus d'auteurs et de dessinateurs de talents», note aussi Marco Duchesne, libraire depuis plus de 25 ans à la librairie Pantoute, de Québec, et responsable de la section des bandes dessinées.

La plus grande diversification de l'offre et de lecteurs n'est pas étrangère à l'essor de la bande dessinée. «Il y a beaucoup d'autres univers que celui des Tintin, des Astérix ou encore des superhéros américains, et le public est tout aussi varié», note Stéphane Théroux, président de La Boîte de diffusion, un important distributeur québécois de bandes dessinées.

«Il n'y a plus uniquement de la bédé jeunesse. Le développement d'une bédé adulte ou d'auteur, ou même plus féminine, a attiré de nouveaux lecteurs», constate aussi M. Mayeux.

L'immense popularité d'Astérix, dont 100 000 exemplaires d'un nouvel album sont vendus au Québec, contribue par ailleurs à ce mouvement de diversification. «Astérix, c'est une locomotive qui nous permet d'offrir un plus grand choix de bédés moins populaires ou connues», souligne Marco Duchesne.

Autre facteur de croissance : «les bibliothèques ont décidé d'offrir autre chose que les traditionnels Tintin ou Astérix», fait valoir M. Mayeux.

Un commerce 100 % bande dessinée

Fort de ces constats, François Mayeux décidait même en 2008 de lancer à Montréal Planète BD, une librairie consacrée à la bande dessinée qui emploie aujourd'hui cinq libraires à temps plein.

«C'était un défi, mais nous tenons la route, et la fidélité de la clientèle témoigne de notre pertinence», dit M. Mayeux, qui préside aussi le Festival de la BD de Montréal, dont la troisième édition, tenue à la fin mai, a réuni quelque 125 auteurs du Québec et du monde et a attiré 8 000 visiteurs.

La librairie spécialisée ne fait pas de grandes marges bénéficiaires, précise M. Mayeux, mais ses revenus sont en croissance. La bédé québécoise, qui occupe une place de choix dans cet établissement de la rue Saint-Denis, représente de 20 % à 25 % des ventes.

Enfin, l'essor de la bande dessinée est aussi attribuable à Internet et «aux réseaux sociaux qui font connaître de nouveaux auteurs», dit M. Duchesne, de librairie Pantoute.

Cela dit, la tradition de la bande dessinée québécoise remonte à une centaine d'années : d'Onésime, ce personnage créé par Albert Chartier et dont les épisodes ont été publiés dans le Bulletin des agriculteurs de 1943 à 2002, jusqu'à Paul, en passant par les aventures de Red Ketchup, de Michel Risque ou de Capitaine Kébec. En 1979, la création du mensuel satirique Croc donnera un élan à la bande dessinée en offrant pendant plus de 15 ans une tribune privilégiée aux bédéistes d'ici. Mais sa disparition, en 1995, laissera un grand vide et un sentiment de morosité, se rappelle Michel Rabagliati : «C'est comme si on envoyait le signal que la bédé québécoise n'avait pas de public et ne pouvait pas réussir».

«Il y a toujours eu de grands dessinateurs au Québec, mais peu d'éditeurs s'intéressaient à ce marché, parce que les coûts sont trop élevés compte tenu des faibles tirages», dit le libraire Marco Duchesne.

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