Les entreprises de tous les secteurs multiplient les annonces faisant la promotion de leur virage vert, et plusieurs d'entre elles signalent qu'elles rentabiliseront rapidement leurs initiatives. Un dossier dans le plus récent BusinessWeek prétend que les "L'idée que la durabilité est amusante, que c'est facile et rentable est dangereuse. C'est difficile. C'est salissant. Ce n'est pas toujours rentable. Et les entreprises doivent changer de discours et passer à l'action", assène Auden Schendler, directeur à l'environnement d'une entreprise de villégiature au Colorado. Le ton est donné. BusinessWeek souligne que certaines grandes entreprises embellissent de manière importante leurs initiatives environnementales. Johnson & Johnson, le géant pharmaceutique, affirme notamment avoir réduit ses émissions de 17 % depuis 1990 grâce à l'achat de crédits d'énergie propre (Renewable Energy Credits, REC), reconnus comme étant moins rigoureux que les crédits de réduction d'émissions dans le cadre du protocole de Kyoto, par exemple. Or si on enlève les REC de l'équation, les émissions de J&J ont augmenté de 24 % depuis 1990. Le détaillant d'articles de bureau Staples, maison mère de Bureau en Gros, annonce pour sa part une réduction de ses émissions de 15 % depuis 2001, tandis que celles-ci ont bondi de 19 %. L'achat de REC explique cette divergence. Le prix des REC, environ 2 $ le MWh, est selon les critiques de ce système beaucoup trop faible pour véritablement entraîner une augmentation de la production d'électricité provenant de sources renouvelables. Où sont passés les camions hybrides ? FedEx a annoncé un ambitieux programme visant à acheter 3000 camions hybrides par année, afin de progressivement"verdir" sa flotte de 70 000 véhicules de livraison. Or quatre ans et plusieurs accolades environnementales plus tard, l'entreprise s'est procurée un grand total de 100 camions hybrides."Nous avons une responsabilité envers nos actionnaires. Nous ne pouvons subventionner le développement de cette technologie pour nos compétiteurs", explique l'entreprise. Selon M. Schendler, du centre Aspen Skiing, les entreprises continuent d'évaluer les mesures environnementales selon le même canevas de retour sur l'investissement que n'importe quel autre projet d'investissement. Or si certaines initiatives vertes offrent un rendement intéressant, la plupart ne peuvent se justifier uniquement sur cette base. C'est pourquoi des initiatives annoncées en grande pompe ne se réalisent que partiellement ou sont abandonnées. Que de la foutaise ? Aux États-Unis comme au Québec, plusieurs entreprises démontrent toutefois qu'il est possible de repenser leur fonctionnement afin d'être plus efficace et durable. Des firmes de toutes les tailles utilisent leur ingéniosité pour réaliser des changements internes ou pour développer de nouveaux marchés. L'article de BusinessWeek a toutefois le mérite de souligner que le virage vert du secteur privé n'est pas simple et n'est pas toujours aussi profitable qu'annoncé. Il encourage également la réflexion sur les limites des actions structurantes dans le secteur privé tant qu'il n'existera pas de cadre réglementaire suffisamment restrictif pour véritablement déployer les forces créatives du marché. Pour aller plus loin : http://www.businessweek.com/magazine/content/07_44/b4056001.htm?chan=top+news_top+news+index_top+story BusinessWeek : Little Green Lies http://images.businessweek.com/ss/07/10/1018_green_reportcard/index_01.htm Green or Greenwashed: Présentation multimédia