Israël et Gaza après l'assaut du Hamas: ce que l'on sait le 12 octobre

Publié le 12/10/2023 à 16:58, mis à jour le 12/10/2023 à 17:14

Israël et Gaza après l'assaut du Hamas: ce que l'on sait le 12 octobre

Publié le 12/10/2023 à 16:58, mis à jour le 12/10/2023 à 17:14

Par AFP

En Israël, plus de 1 200 personnes ont été tuées, parmi lesquelles environ 900 civils, dont plus d’une centaine dans un seul kibboutz et au moins 270 lors d’une rave-party, et 245 soldats ont été identifiés, selon les autorités. (Photo: Getty Images)

Jérusalem — Israël, qui a accueilli jeudi le secrétaire d’État américain, poursuit son pilonnage de la bande de Gaza, avec pour objectif «la liquidation» de la direction du Hamas, au sixième jour de la guerre déclenchée par l’offensive sanglante du mouvement islamiste palestinien.

Le conflit a déjà fait des milliers de morts.

 

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L'armée, qui pilonne la bande de Gaza depuis l'attaque du Hamas, a annoncé mardi avoir "plus ou moins" repris le contrôle de la frontière avec l'enclave palestinienne.
Voici ce que l'on sait jusqu'à présent de ce conflit:
- Déroulement de l'offensive -
Le Hamas, au pouvoir depuis 2007 dans la bande de Gaza et ennemi juré d'Israël, a lancé son offensive samedi à l'aube, en plein Shabbat, le repos hebdomadaire juif, et 50 ans et un jour après le début de la guerre israélo-arabe de 1973.
Il a dit avoir tiré 5 000 roquettes sur Israël pendant que ses combattants utilisaient des explosifs et des bulldozers pour franchir la barrière séparant Gaza du territoire israélien, attaquant des positions militaires et des civils en pleine rue.
A bord de véhicules, de bateaux et même de parapentes motorisés, les combattants se sont infiltrés dans des zones urbaines d'Israël comme Ashkelon, Sdérot et Ofakim, à une vingtaine de kilomètres de la bande de Gaza, une enclave pauvre peuplée de 2,3 millions d'habitants.
Le Hamas s'est emparé d'équipements militaires israéliens et a pris en otage quelque 150 civils et militaires.
Ses combattants ont notamment attaqué un festival de musique auquel participaient des centaines d'Israéliens près du kibboutz Reim, proche de Gaza, faisant quelque 250 morts, selon une ONG israélienne.
- Réponse d'Israël -
« Ce que le Hamas va vivre sera difficile et terrible (...), nous allons changer le Moyen-Orient », a déclaré lundi le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou qui appelle à la formation d'un « gouvernement d'union nationale ».
L'armée israélienne, qui a compté plus de 3 000 tirs palestiniens, a déclenché samedi l'opération « Sabre de fer », menant des frappes aériennes et détruisant des bâtiments présentés comme des « centres de commandement » du Hamas à Gaza.
Plus de 187 500 Palestiniens ont été déplacés à l'intérieur de Gaza à cause des frappes, selon l'ONU.
Israël impose depuis lundi un « siège total » à la bande de Gaza et a annoncé avoir déployé des dizaines de milliers de soldats dans le sud du pays qui se sont battus contre les combattants infiltrés. Il s'efforce aussi de sauver les Israéliens pris en otage par le Hamas.
Par ailleurs, les autorités israéliennes ont décidé d'évacuer les habitants des alentours de Gaza et ordonné l'arrêt « immédiat » de l'approvisionnement en eau de la bande de Gaza, soit 10% de la consommation annuelle en eau du territoire.
- Combien de morts et de disparus? -
Plus de 900 personnes ont été tuées en Israël depuis l'offensive. Côté palestinien, 765 personnes ont été tuées, selon les autorités locales.
Par ailleurs, Israël a annoncé mardi avoir retrouvé environ 1 500 corps de combattants du Hamas sur son sol et une ONG a affirmé que plus de 100 personnes avaient été tuées dans un seul kibboutz dans le sud d'Israël.
Dix-huit Thaïlandais, onze Américains, dix Népalais, sept Argentins, quatre Français, deux Ukrainiennes,  deux Russes, un Cambodgien, deux Britanniques, un Cambodgien et un Canadien ont été tués dans l'offensive du Hamas, selon les autorités de leurs pays.
Israël a reconnu que près de 150 civils et militaires israéliens avaient été enlevés. De nombreux ressortissants étrangers sont portés disparus.
Quatre des otages aux mains du Hamas ont été tués dans les frappes israéliennes, a affirmé le mouvement palestinien.
Huit journalistes palestiniens ont également péri dans des frappes israéliennes dans la bande de Gaza depuis samedi, d'après le syndicat de la presse palestinienne.
- Ce que dit le Hamas -
Le Hamas a menacé lundi soir d'exécuter des otages israéliens en réaction aux frappes sur la bande de Gaza.
« Chaque fois que notre peuple sera pris pour cible sans avertissement, cela entraînera l'exécution d'un des otages civils (...) L'ennemi ne comprend pas le langage humanitaire et éthique, donc nous allons leur parler un langage qu'ils comprennent », a-t-il menacé.
Les Brigades Al-Qassam, la branche militaire du Hamas, ont annoncé avoir déclenché l'offensive pour « mettre fin aux crimes de l'occupation ». Israël occupe depuis 1967 la Cisjordanie, elle a annexé la partie orientale de Jérusalem et impose depuis 2007 un strict blocus à la bande de Gaza.
« Nous sommes sur le point de remporter une grande victoire », avait affirmé Ismaïl Haniyeh, le chef du Hamas, au début de l'offensive.
Le mouvement a appelé « les combattants de la résistance en Cisjordanie » occupée ainsi que « les nations arabe et musulmane » à rejoindre son combat.
- Un « deuxième front »? -
« Profondément inquiets », les États-Unis ont averti lundi soir le Hezbollah libanais de ne pas ouvrir un « deuxième front » contre Israël.
Le Hezbollah, bête noire d'Israël, a annoncé la mort de trois de ses membres par des bombardements israéliens dans le sud du Liban. Il a indiqué plus tard avoir bombardé deux casernes israéliennes.
Plus tôt dans la journée de lundi, les « Brigades al-Qods », la branche militaire du Jihad islamique palestinien, qui affirme épauler le Hamas, a revendiqué une opération d'infiltration en territoire israélien depuis le Liban.
Pour sa part, l'armée israélienne a indiqué avoir « tué plusieurs suspects armés qui s'étaient infiltrés sur le territoire israélien depuis le territoire libanais ».
- Réactions -
Les États-Unis ont commencé à envoyer de l'aide militaire à Israël et à rapprocher leur groupe aéronaval en Méditerranée.
De son côté, l'ONU a rappelé que le siège total de la bande de Gaza par Israël est « interdit » par le droit international humanitaire.
L'Union européenne et le Conseil de coopération du Golfe ont plaidé mardi pour « un soutien financier durable » aux Palestiniens, à l'issue d'une réunion conjointe de leurs ministres des Affaires étrangères à Oman.
L'Égypte, l'Arabie saoudite et le Qatar, affirment multiplier les contacts pour mettre fin à l'escalade.
L'Iran s'est placé en première ligne du soutien à l'offensive du Hamas, tout en rejetant les accusations sur son implication.
Le président russe, Vladimir Poutine, a estimé mardi que le conflit démontrait « l'échec » de la politique des États-Unis au Moyen-Orient, jugeant pour sa part « nécessaire » la création d'un État palestinien.
Le patron de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, a assuré que son organisation rejetait la violence « des deux côtés ». Les ministres arabes des Affaires étrangères se réuniront mercredi au siège de la Ligue arabe au Caire.

 

Voici ce que l'on sait jusqu'à présent de ce conflit:

Déroulement de l’attaque

Le Hamas, au pouvoir depuis 2007 dans la bande de Gaza et qui souhaite la destruction de l’État d’Israël, a lancé son attaque samedi à l’aube, en plein Shabbat, le repos hebdomadaire juif, 50 ans et un jour après le début de la guerre israélo-arabe de 1973.

Les Brigades Al-Qassam, la branche militaire du Hamas, ont déclenché l’opération «déluge d’Al-Aqsa» pour «mettre fin aux crimes de l’occupation», en référence à l’occupation depuis 1967 par Israël de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est, où se trouve l’esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l’islam qui abrite la mosquée Al-Aqsa.

Le mouvement islamiste palestinien a tiré des milliers de roquettes sur Israël, se frayant un passage à coup d’explosifs et bulldozers à travers la barrière séparant Gaza du territoire israélien, pour attaquer positions militaires et civiles.

Les combattants du Hamas, passés aussi par la mer et les airs, se sont emparés d’équipements militaires, s’infiltrant dans des zones urbaines d’Israël et des kibboutz (villages agricoles collectivistes) dans le sud, jusqu’à une vingtaine de kilomètres de la bande de Gaza, une enclave pauvre peuplée de 2,4 millions d’habitants et soumise à un blocus israélien depuis plus de 15 ans.

 

Réponse d’Israël

Engagé dans l’opération «Sabre de fer», Israël riposte depuis samedi en multipliant les bombardements sur la bande de Gaza.

Le pays a mobilisé 300 000 réservistes et déployé des dizaines de milliers de soldats autour de l’enclave. Il dit avoir frappé Gaza avec 4 000 tonnes d’explosifs depuis le début de la guerre.

L’objectif est la «liquidation» des hauts dirigeants militaires et gouvernementaux du Hamas, selon l’armée, qui dit se préparer à une possible offensive terrestre, sur laquelle toutefois rien «n’a encore été décidé».

Le Parlement israélien a entériné jeudi la formation d’un gouvernement d’urgence et d’un cabinet de guerre.

À la tête de ce gouvernement d’urgence, composé de Benny Gantz, un leader de l’opposition, le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a promis que le Hamas serait «écrasé».

Il avait imputé au Hamas, mouvement qualifié d’organisation terroriste par les États-Unis et l’Union européenne, une «sauvagerie jamais vue depuis la Shoah».

Le chef de l’opposition israélienne, Yaïr Lapid, a pour sa part accusé le gouvernement d’un «échec impardonnable» pour ne pas être parvenu à empêcher l’attaque du Hamas.

 

Morts, disparus et rapatriements

En Israël, plus de 1 200 personnes ont été tuées, parmi lesquelles environ 900 civils, dont plus d’une centaine dans un seul kibboutz et au moins 270 lors d’une rave-party, et 245 soldats ont été identifiés, selon les autorités.

Côté palestinien, le bilan des bombardements s’est alourdi jeudi à 1,417 morts, d’après les autorités de Gaza. Le Hamas a indiqué que deux de ses responsables avaient été tués par des frappes.

L’armée israélienne a affirmé avoir récupéré les corps de 1 500 combattants du Hamas autour de Gaza.

L’ONU a aussi annoncé que onze de ses employés avaient été tués dans la bande de Gaza depuis samedi.

De nombreux ressortissants étrangers ont également péri dans les affrontements et beaucoup d’autres sont portés disparus.

Selon l’armée israélienne, environ 150 personnes, Israéliens, étrangers et binationaux, ont été enlevées par des combattants du Hamas.

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a indiqué être en contact avec le Hamas pour œuvrer à la remise en liberté des otages.

Certains pays ont entamé des opérations de rapatriement de milliers d’étrangers bloqués en Israël et dans les territoires palestiniens.

 

Ce que dit le Hamas

Le Hamas a appelé «les combattants de la résistance en Cisjordanie» occupée ainsi que «les nations arabe et musulmane» à rejoindre son combat.

Le mouvement islamiste a annoncé jeudi matin avoir riposté par des tirs de roquettes sur Tel-Aviv, après des frappes israéliennes ayant selon lui ciblé «des civils» dans deux camps de réfugiés de Gaza.

Le Hamas avait menacé lundi d’exécuter des otages israéliens «chaque fois que notre peuple sera pris pour cible sans avertissement» par des frappes israéliennes.

Le Hamas et le Jihad islamique avaient fait état mercredi de «tirs de roquettes nourris» visant le centre et le sud d’Israël, où un hôpital, à Ashkelon, a été touché.

 

Frappes sur le Liban et la Syrie

À sa frontière nord, l’armée israélienne a bombardé mercredi des villages frontaliers dans le sud du Liban, en riposte à de nouveaux tirs de roquettes du Hezbollah pour venger la mort lundi dans un bombardement israélien de trois de ses militants.

Les États-Unis ont averti le Hezbollah de ne pas ouvrir un deuxième front.

En outre, des frappes israéliennes ont mis hors service jeudi les aéroports de Damas et Alep en Syrie, selon la télévision d’État syrienne.

Mardi, l’armée israélienne avait annoncé avoir tiré des obus sur la Syrie à partir du plateau du Golan en riposte à des «tirs» de projectiles sur ce territoire occupé par Israël depuis 1967.

 

Réactions

Le président palestinien, Mahmoud Abbas, qui a rejeté le «meurtre de civils des deux côtés», a exigé jeudi «la fin immédiate de l’agression» contre le peuple palestinien, dans une première déclaration publique depuis samedi.

Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a promis jeudi à Tel-Aviv que les États-Unis soutiendraient «toujours» Israël, Washington ayant déjà envoyé de l’aide militaire.

Il doit rencontrer jeudi soir le roi Abdallah II de Jordanie à Amman et vendredi, Mahmoud Abbas. Il se rendra également au Qatar vendredi pour des discussions avec les dirigeants qataris au sujet du Hamas et a aussi prévu de se rendre en Arabie saoudite, en Égypte et aux Émirats arabes unis.

La Maison-Blanche a indiqué travailler avec Israël et l’Égypte pour permettre la sortie de civils de Gaza.

Le gouvernement britannique a, lui, annoncé le déploiement dans l’est de la Méditerranée de capacités militaires maritimes et aériennes de surveillance.

Le Brésil, à la tête du Conseil de sécurité de l’ONU, a convoqué pour vendredi une nouvelle réunion de cet organisme.

L’Iran s’est placé en première ligne du soutien à l’attaque du Hamas, tout en rejetant les accusations sur son implication. Le ministre iranien des Affaires étrangères a indiqué que l’ouverture d’un «nouveau front» contre Israël au Moyen-Orient serait conditionnée aux «actions» de l’État israélien dans la bande de Gaza.

 

Situation dans la bande de Gaza

À Gaza, plus de 338 000 Palestiniens ont dû fuir leur domicile à cause des frappes, selon l’ONU.

Israël a exclu d’autoriser l’entrée de produits de première nécessité ou d’aide humanitaire à Gaza tant que le Hamas n’aura pas libéré les otages enlevés samedi.

Des ONG ont alerté sur la situation sanitaire dans l’enclave, réclamant un couloir humanitaire pour appuyer la réponse médicale, l’ONU rappelant que le siège total de la bande de Gaza par Israël est «interdit» par le droit international humanitaire.

Le porte-parole du secrétaire général de l’ONU Stéphane Dujarric a fait état d’une situation humanitaire «désastreuse qui devient chaque jour plus grave», soulignant la nécessité de livrer le plus vite possible de l’aide pour les Gazaouis.

Antony Blinken, a déclaré jeudi avoir évoqué avec Israël les «besoins humanitaires» du territoire, toujours bombardée par l’armée israélienne, tout en défendant le droit de riposter à l’attaque meurtrière du Hamas.

 

 

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