Budget Québec: des déficits jusqu'en 2030

Publié le 12/03/2024 à 16:18

Budget Québec: des déficits jusqu'en 2030

Publié le 12/03/2024 à 16:18

Par Dominique Talbot

Le ministre des Finances, Eric Girard (Photo: La Presse Canadienne)

BUDGET QUÉBEC. L’objectif de retour à l’équilibre budgétaire du gouvernement relégué aux oubliettes avec entre autres un déficit de 11 milliards de dollars (G$), Québec planche maintenant sur un scénario où ses hausses de revenus seront supérieures aux dépenses à partir de l’année fiscale 2025-2026. 

Dès l’année prochaine, le ministre des Finances, Eric Girard s’attend à ce que les revenus de l’État passent de 150,3G$ à 156,6G$, en incluant les transferts fédéraux. Cela représente une hausse de 4,2%. 

Pour les trois années suivantes, Québec s’attend à des hausses de 4,6%, 2,9% et 2,6%, pour une moyenne de 3,3%, mais avec un léger recul de 0,3% des transferts fédéraux en 2028-2029. À ce moment, donc, la province espère voir 172,9G$ entrer dans ses coffres. 

«On anticipe que les conditions économiques seront meilleures à partir de 2025-2026», dit le ministre des Finances, qui s’attend, entre autres, à une baisse des taux d’intérêt dans la deuxième moitié de 2024, «ce qui serait une conjoncture plus favorable à la croissance». 

En plus d’un relâchement des taux d’intérêt, le gouvernement parie également sur une meilleure tenue de l’économie en général, mais aussi sur des économies importantes à venir de l’examen annoncé mardi des dépenses fiscales et budgétaires de l’État. Cette mesure devrait être chiffrée à partir de l’année prochaine. 

Ces revenus plus importants ne seront pas suffisants pour que l’encre noire remplace l’encre rouge dans la rédaction du budget, puisque celui-ci sera encore déficitaire à hauteur de 1,2G$ en 2028-2029, sans compter la contribution au Fonds des générations. 

Bien que la hausse de 4,4% des dépenses en 2024-2025 passe à 2,9% en 2025-2026, pour une moyenne de 2,9% d’ici 2028-2029, les écarts positifs entre les revenus et les dépenses ne seront donc pas suffisants. 

«Lorsque vous regardez le taux de croissance des revenus, à 3,3% sur cinq ans, versus les dépenses à 2,9%, cet écart de 0,4% devra atteindre 1,1% pour revenir à l’équilibre budgétaire », dit Eric Girard.

 

«Lunettes roses»

«Le ministre porte des lunettes roses. Il est trop jovialiste. Les déficits structurels de quatre milliards, eux, vont rester. Nous aurions voulu des propositions pour augmenter la productivité de nos entreprises», a de son côté commenté Frédéric Beauchemin, porte-parole du Parti libéral du Québec en matière de finances publiques. 

Eric Girard compte déposer dès l’année prochaine un plan de retour à l’équilibre budgétaire, qui, selon ses estimations, devrait s’étendre sur une période de cinq ans. «On le fera en quatre ans, si nous en sommes capables, a-t-il commenté en conférence de presse mardi après-midi. Si nous pouvons y revenir en trois ans, on le fera aussi, mais ça serait ambitieux», a-t-il ajouté. 

Ces hausses de revenus attendues s’appuient notamment sur un PIB nominal qui, entre 2024 et 2028, passera de 589,9G$ à 682,4G$, une appréciation de près de 100G$. 

À cette période, en 2028-2029, la dette de la province devrait représenter 39,5 % du PIB. En 2024-2025, cette proportion est de 40,3%. 

«Le gouvernement planche sur une croissance du PIB de 1,6%, 1,7% d’ici 2028. C’est loin de la cible habituelle de 2%. Les entreprises doivent contribuer à la croissance économique et à cet effet, nous ne voyons pas de mesure pour les aider à contribuer à la hauteur de leur potentiel», dit Philippe Noël, vice-président, Affaires publiques et économiques à la Fédération des chambres de commerce du Québec. 

«Nous aurions aimé voir, par exemple, des incitatifs fiscaux notamment pour faciliter l’achat de nouvelles technologies et améliorer la productivité», ajoute-t-il, parlant d’une occasion manquée. 

De son côté, l’Institut économique de Montréal voit le verre à moitié vide par rapport aux prévisions de revenus et de dépenses du gouvernement. «La croissance des revenus est optimiste, mais faisable», dit son porte-parole Renaud Brossard. 

Par contre, du côté des dépenses, «ce gouvernement ne nous a pas habitué à un contrôle serré de celles-ci. Elles ont crû de 48% depuis son arrivée. Même avant la pandémie, elles augmentaient déjà beaucoup. J’ai de la difficulté à croire que le gouvernement saura se restreindre et revenir à l’équilibre budgétaire en 2030».

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