" L'État doit combler le vide laissé par les entreprises "

Publié le 18/12/2010 à 00:00, mis à jour le 16/12/2010 à 11:03

" L'État doit combler le vide laissé par les entreprises "

Publié le 18/12/2010 à 00:00, mis à jour le 16/12/2010 à 11:03

Jim Stanford. Selon cet économiste de Toronto, le secteur privé menace la reprise en laissant dormir ses liquidités dans les coffres.

L'année 2011 nous réserve-t-elle une vraie reprise économique ?

Le PIB va peut-être croître, et c'est de cette façon que les économistes définissent la reprise. Mais pour le Canadien moyen, qui se soucie de garder son emploi et de payer ses factures, ça ne ressemblera pas du tout à une reprise. Le taux de chômage ne baisse pas. La création d'emplois stagne.

Qu'est-ce qui cloche ?

C'est l'effondrement des investissements par les entreprises et des exportations qui a fait plonger le Canada en récession en 2008 et 2009. Depuis le début de la crise, les dépenses des consommateurs sont restées stables, celles des gouvernements ont augmenté, mais jusqu'ici, les investissements d'entreprises n'ont repris qu'environ un cinquième du terrain perdu, et les exportations continuent de diminuer.

Comment se sortir de ce bourbier ?

Il va falloir que quelqu'un emprunte et investisse dans l'économie réelle. Si les entreprises ne s'en chargent pas et que les consommateurs font déjà le maximum, nous avons besoin du gouvernement pour combler le vide, avec des projets publics à long terme. Je sais que les politiciens à Ottawa et dans plusieurs provinces pensent à réduire leurs dépenses à cause des déficits. Mais à moins que les entreprises n'ouvrent les vannes, nous aurons besoin d'augmenter les dépenses publiques dans les années à venir, pas de les diminuer. Ça peut prendre la forme d'investissements dans le transport public, dans le train à grande vitesse entre Québec et Windsor ou dans l'énergie verte. Ces projets nécessiteraient des investissements de dizaines de milliards de dollars. Et ils devraient être financés par de la dette, tout comme les investissements privés sont financés par de la dette.

Les gouvernements accepteront-ils de le faire ?

La politique du gouvernement fédéral est un drôle de mélange d'idéologie de droite et d'opportunisme. En voyant que la reprise ne se concrétise pas pour les citoyens, il devrait continuer à dépenser, surtout avec une élection probable en 2011. Le ministre des Finances a déjà annoncé une prolongation des mesures de stimulation. Les gouvernements provinciaux n'auront pas le choix non plus. Dans l'économie, quelqu'un doit dépenser, car c'est de cette façon que la croissance est financée.

CV :

Nom: Jim Stanford

Âge: 49 ans

Fonction: Économiste

Entreprise: Travailleurs canadiens de l'automobile

Économiste pour le plus grand syndicat du secteur privé canadien, il a écrit plusieurs livres sur l'économie et signe une chronique dans le Globe and Mail.

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