Quarante ans après sa naissance, l'Institut de tourisme et d'hôtellerie du Québec demeure à l'étranger un «secret bien gardé», reconnaît sa directrice générale, Lucille Daoust. Mais cela va sans doute changer maintenant que l'école montréalaise a décidé de se lancer à l'assaut du marché international.

Il y a quelques jours, l'ITHQ est venu annoncer à Paris la naissance de son nouveau programme de «Hautes Études en gestion hôtelière internationale», programme en français et en anglais destiné à «former des gestionnaires d'élite» pour répondre aux énormes besoins du secteur à l'échelle de la planète.

Alternant cours pratiques et stages dans de grands établissements internationaux, ce programme de deux ans est unique en son genre en Amérique du Nord. Une quinzaine d'étudiants doivent y prendre part. L'Institut du Carré Saint-Louis a mis trois ans à développer cette formation, en concertation avec les chefs de file de l'industrie hôtelière mondiale, de manière à ce qu'elle soit adaptée à leurs attentes.

Le but de cet enseignement, explique Lucille Daoust, est «de fournir des dirigeants d'hôtels immédiatement opérationnels et mobiles», capables de gérer l'ensemble des opérations, de l'hébergement à la restauration, en passant par les finances, le marketing et les ressources humaines.

L'ITHQ se lance donc l'assaut du marché international, dans un créneau haut de gamme, et c'est en France, qui reste une référence en matière d'hôtellerie et de restauration, qu'il a décidé de le faire. N'est-ce pas un peu téméraire ? «On n'a pas la prétention de dire «on sait comment faire», répond le directrice générale. Mais c'est vrai qu'on le fait différemment. Notre enseignement s'imprègne des deux grandes écoles de pensées : les standards de qualité européenne en matière d'accueil et de service d'un côté, la modernité et l'efficacité nord-américaine de l'autre.»

En tout cas, les futurs étudiants de l'ITHQ ne risquent pas de chômer à leur sortie de l'école, s'ils sont prêts à bouger. Le secteur mondial de l'hôtellerie connaît en effet une sérieuse pénurie. A lui seul, indique-t-on, le géant français Accor a besoin de 1000 directeurs, 5000 chefs en cuisine et 50 000 employés. En France, il y a 60 000 postes à combler par année, 300 000 à Dubaï. Si l'ITHQ demeure, auprès du grand public, un secret «bien gardé», selon l'expression de Lucie Daoust, ce n'est plus tout à fait le cas chez les professionnels et dans les grands groupes hôteliers. L'année dernière, l'institut a ainsi signé une première entente de partenariat au niveau international avec l'Association des Relais & Châteaux.

L'association, qui compte 480 établissements répartis dans 56 pays, accueille depuis des stagiaires en provenance de l'ITHQ. «C'est une marque de reconnaissance qui vaut son pesant d'or», note Lucille Daoust. A la fin de la semaine dernière, des collaborateurs de la directrice générale se sont par ailleurs rendus en Suisse pour signer un premier accord avec l'Ecole hôtelière de Lausanne, accord qui prévoit des échanges de professeurs et des codirections de thèses.

Fondée en 1893, l'école de Lausanne est la plus ancienne du monde. Ces dernières années, l'ITHQ a aussi tissé des liens étroits avec l'Ecole Supérieure de Cuisine Française-Ferrandi de Paris. Les deux établissements organisent ensemble le concours culinaire «Les Trophées France-Québec». Lucille Daoust aimerait élargir cette coopération et «développer de nouveaux créneaux».