«Le dark nous intéresse», dit Jos Schmitt

Publié le 30/09/2010 à 08:04, mis à jour le 30/09/2010 à 11:33

«Le dark nous intéresse», dit Jos Schmitt

Publié le 30/09/2010 à 08:04, mis à jour le 30/09/2010 à 11:33

Par Olivier Schmouker

Jos Schmitt est le patron d'Alpha Group. Photo : DR.

Dans quelques semaines – certains parlent du mois de novembre -, le système de négociation parallèle Alpha Group va lancer un dark pool. C’est ce que nous a déclaré son pdg Jos Schmitt dans une entrevue exclusive.

Les dark pools, ces plateformes qui permettent d’échanger de gros blocs d’actions de manière anonyme, sont-ils appelés à un bel avenir au Canada, comme c’est le cas aux Etats-Unis et en Europe?

Tout à fait. D’ailleurs, je peux vous confier que tout le monde s’y intéresse en ce moment. Le Groupe TMX, notre principal concurrent, a préparé son propre type de «dark orders», dont la particularité est qu’ils peuvent être combinés avec des ordres visibles. D’autres se penchent également sur le sujet. Et nous-mêmes, le dark nous intéresse. Nous allons bientôt lancer notre plateforme, intitulée Alpha IntraSpread. Celle-ci permettra de faire se rencontrer anonymement des offres issues du même donneur d’ordres : par exemple, un ordre de RBC Dominion Securities pourra rencontrer dans notre dark pool un autre ordre émis par RBC, et ce de manière prioritaire, sans qu’un autre ordre ne puisse être exécuté plus vite par un concurrent.

Comment expliquez-vous ce subit intérêt pour les dark pools?

En premier lieu, parce que les investisseurs institutionnels en ont besoin. S’ils voulaient, par exemple, se départir d’un bloc de 500 000 actions de Bombardier, ils ne pourraient pas le faire sur le marché traditionnel, car cela aurait un énorme impact sur la valeur du titre. En revanche, grâce aux dark pools, ils peuvent le faire sans guère d’impact direct sur l’évolution du cours du titre de Bombardier. Autre avantage pour eux : la discrétion. Ils peuvent rester dans un dark pool aussi longtemps qu’ils le veulent, jusqu’à ce qu’ils trouvent l’investisseur prêt à accepter leur offre, et ce sans craindre la moindre fuite d’information. Dans un dark pool, tout se passe discrètement.

De plus, les dark pools sont un outil adapté au nouvel univers boursier que nous connaissons depuis l’émergence des transactions à haute vitesse (high frequency trading), exécutées par des ordinateurs sur-puissants. Voici ce qui se passe aujourd’hui…

Les courtiers classiques frappent de plus en plus souvent des murs quand ils croient trouver un coup fumant. Le temps de faire leur offre, la voilà dépassée par une autre, survenue à la vitesse de l’éclair, sans qu’ils aient rien vu venir. Que s’est-il passé? Un ordinateur, quelque part, a lui aussi repéré le coup fumant et a été plus rapide que l’humain. Du coup, les courtiers classiques font de moins en moins souvent de bons coups, ce qui coûte de plus en plus cher à leurs clients. Résultat : un déséquilibre est né sur les marchés transparents, les acteurs n’étant plus à égalité au départ.

Selon moi, les cotations en vigueur sur les marchés transparents ne reflètent plus la valeur réelle des titres. On y assiste aujourd’hui à une guerre de robots, ou plutôt d’algorithmes d’ordinateurs sur-puissants, cherchant à grapiller le moindre profit là oìu cela est possible. Des millions de transactions sont faites le temps d’un clin d’œil. L’humain est dépassé. Et maintenant, ces «robots» se livrent à des combats féroces entre eux, les uns tendant des pièges aux autres pour les divertir des offres vraiment intéressantes. Par exemple, pour savoir comment un robot concurrent raisonne, un robot va le bombarder d’offres fictives pour savoir quand il achète ou vend. Et la guerre est si sophistiquée que certains robots, se rendant compte du piège, sont programmés pour riposter avec des réponses bidons.

Voilà une des explications de la volatilité croissante des marchés boursiers…

Quels sont les avantages des dark pools, dans un tel contexte?

Les dark pools permettent à deux offres de se rencontrer à la satisfaction pleine et entière des deux donneurs d’ordres. Il s’agit alors de transactions win-win. Et c’est là que je dis, moi, que les dark pools permettent de connaître la valeur réelle d’un titre.

Les avantages sont, en fait, nombreux : les faibles coûts exigés pour chaque transaction, la possibilité de faire des ordres de toute taille, ou encore la garantie, comme je viens de le dire, du «meilleur prix».

Certains considèrent pourtant les dark pools comme dangereux…

C’est vrai, certains le pensent et le disent. Mais, j’aimerais qu’on m’apporte des preuves pour fonder ces craintes. Par exemple, on craint que les dark pools aient un impact négatif sur la liquidité des marchés ; mais que l’on me montre la moindre étude fiable appuyant cette inquiétude. Il n’y en a tout simplement pas!

Cela étant, je pense moi aussi qu’il nous faut être vigilant à l’égard des dark pools. Ainsi, il faut que les marchés boursiers fonctionnent, dans leur globalité, dans l’intérêt de tous les acteurs. Si l’on ne donne la possibilité qu’à une minorité privilégiée de faire de bons coups, alors on crée un déséquilibre dommageable. Mais pour l’instant, ce n’est pas le cas, les volumes échangés sur les dark pools sont trop peu élevés pour s’en inquiéter. En revanche. le jour où ils représenteront 40% du volume des échanges, alors là, oui, la donne sera différente…

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