Montréal est une bonne élève en matière de défense du patrimoine industriel. Depuis 30 ans, les secteurs privé et public protègent mieux ces bâtiments, selon le directeur des politiques d'Héritage Montréal, Dinu Bumbaru.
La transformation en copropriétés des usines d'Imperial Tobacco et de la Lowney, un projet de Prével, sont de beaux exemples de conversions réussies, selon lui. " La Ville de Montréal a plus de connaissances, ce qui lui permet de mieux cibler les bâtiments qui ont une valeur patrimoniale, dit M. Bumbaru. Le développement se fait de façon plus organisée. "
Ces réussites ne se font toutefois pas sans efforts. Transformer un ancien bâtiment industriel en copropriétés n'est pas une mince affaire, reconnaît Renaud Paradis, gestionnaire de projet au Groupe Cardinal Hardy. " Il arrive que, même si le site est intéressant, le projet soit impossible à réaliser en raison des coûts trop élevés de la conversion. "
Résultat : certains bâtiments attendent toujours leur deuxième souffle, comme les silos à grain du Vieux-Port de Montréal. Ils ont une valeur patrimoniale, selon Dinu Bumbaru, mais trouver une solution pour les transformer représente pour l'instant un casse-tête pour tous les intervenants. " Il faudra une idée de génie pour aménager quelque chose dans cette infrastructure circulaire ", dit Gilles Ouellet, spécialiste en marketing immobilier.
Plus difficile en région
Si la défense du patrimoine industriel est entrée dans les moeurs à Québec et à Montréal, il s'agit d'une cause plus difficile à vendre en région, constate Karl Dorais Kinkaid, consultant en aménagement et urbanisme et administrateur de l'Association québécoise pour le patrimoine industriel. Pour lui, l'ancienne usine Singer, à Saint-Jean-sur-Richelieu, qui sera démolie pour faire place à une résidence pour personnes âgées, est un bel exemple de patrimoine qui devrait être préservé.
Transformer une grande usine en copropriétés est parfois impossible dans de petites municipalités où la population n'est pas suffisante pour assurer la viabilité d'un tel projet. " Certains bâtiments sont donc laissés à l'abandon, ce qui les rendra irrécupérables ", dit M. Kinkaid
Pour plusieurs, le fait qu'un entrepôt ou une vieille usine puisse avoir une valeur patrimoniale ne va pas de soi. Il n'en demeure pas moins important de préserver cet héritage, insiste-t-il. " L'urbanisme de plusieurs municipalités s'est organisé en fonction de la présence d'une usine. C'est un peu comme nos châteaux à nous. Les conserver permet de comprendre l'organisation urbaine d'une ville. "