La mariculture passe à l'échelle industrielle en Gaspésie

Publié le 05/11/2011 à 00:00

La mariculture passe à l'échelle industrielle en Gaspésie

Publié le 05/11/2011 à 00:00

La mariculture québécoise a un nouvel espoir : il s'agit de Jean-Philippe Hébert, un jeune entrepreneur de 31 ans qui pilote un projet de 5,7 millions de dollars (M $) dans la production de pétoncles à Gaspé et à Newport, dans la Baie des Chaleurs. Fermes marines de Gaspé sera la première entreprise d'aquaculture gaspésienne à pouvoir produire à une échelle industrielle, toute l'année.

Jean-Philippe Hébert a déjà immergé un demi-million de pétoncles dans des plateaux superposés dans la Baie de Gaspé en 2009. Et en attendant de les mettre en marché au printemps prochain, il était surtout occupé, l'été dernier, à superviser le chantier de la grande écloserie, qui ouvrira bientôt à Newport. Ce sera un bâtiment techno, où toute la production sera automatisée pour réduire les besoins en main-d'oeuvre et pouvoir concurrencer les mariculteurs asiatiques. L'écloserie, chauffée par géothermie et énergie solaire, pourra mettre au monde 25 millions de naissains (larves de mollusques) par année ; c'est énormément plus que ce que pourrait donner l'approvisionnement naturel.

«On a l'intention d'ensemencer 10 millions de pétoncles par année à Gaspé et 10 millions à Newport sur nos sites d'élevage en mer. Le reste de la production de l'écloserie sera réservé à la vente à d'autres éleveurs et à un projet de réensemencement des fonds, en collaboration avec les pêcheurs de pétoncles», raconte le jeune entrepreneur, qui n'exclut pas la possibilité de produire d'autres espèces de mollusques dans l'écloserie.

Les conditions idéales

Depuis la fin des années 1980 en Gaspésie, la mariculture s'est surtout concentrée sur l'élevage de moules, avec un succès mitigé. Les conditions climatiques n'y sont pas idéales pour cette espèce, et les coûts de transport vers les grandes villes québécoises sont élevés par rapport au prix de vente.

«Pour le pétoncle, les conditions en Gaspésie sont idéales, et l'espèce que nous avons ici est reconnue mondialement. De plus, le pétoncle peut se vendre jusqu'à un dollar l'unité, alors que la moule se vend autour de 60 cents la livre», analyse M. Hébert, qui travaille à son projet d'entreprise depuis la fin de ses études en aquaculture, il y a six ans.

Avant même la mise en marché, des restaurateurs et de grandes chaînes d'hôtellerie de Montréal attendent la production des Fermes marines de Gaspé. De passage au dernier International Boston Seafood Show, qui regroupait quelque 1 000 exposants, l'entreprise a suscité un vif intérêt, ce qui laisse présager un beau succès de vente.

«Pour l'instant, le pétoncle est un marché de niche ; mais on a beaucoup travaillé à diminuer les coûts de production, et l'objectif est d'offrir le produit au grand public. Et puis, on voit grand : on vise les marchés mondiaux», explique Jean-Philippe Hébert.

Son produit a l'avantage de ne pas concurrencer les pétoncles de la pêche commerciale du pays. À cause des risques de contamination, les pêcheurs ne peuvent pas vendre le pétoncle entier (avec le muscle et la gonade), ce que les Fermes marines de Gaspé pourront faire, car elles sont en mesure de tester leur production. «On arrivera donc avec un produit unique, très recherché», note M. Hébert.

Son entreprise a reçu un financement gouvernemental de près de deux millions de dollars ; le reste provient de financement privé. Trois emplois permanents et une dizaine d'emplois saisonniers seront créés.

FERMES MARINES DE GASPÉ

Localisation : Gaspé et Newport

Activité : Mariculture de pétoncles

Objectif : Produire 25 millions de naissains par année

Investissement : 5,7 millions de dollars (dont 1,8 en financement public)

valérie.lesage@transcontinental.ca

CE QU'IL FAUT RETENIR

Fermes marines de Gaspé constitue la première expérience de mariculture de pétoncles en Gaspésie à l'échelle industrielle.

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