L'agroalimentaire, un pilier de l’économie québécoise

Publié le 24/03/2011 à 09:33

L'agroalimentaire, un pilier de l’économie québécoise

Publié le 24/03/2011 à 09:33

Par Pierre Théroux

Le secteur manufacturier québécois, on le sait, a été durement touché ces dernières années. L’appréciation du dollar, la mondialisation, la crise de l’industrie forestière et la récente récession, ont fait mal aux fabricants québécois. Seule lueur : l’industrie de la transformation alimentaire dont la croissance en fait un pilier non seulement du secteur manufacturier, mais aussi de l’ensemble de l’économie québécoise.

« C’est un secteur méconnu. On en parle peu, beaucoup moins que l’industrie aéronautique par exemple, mais c’est un important moteur de développement économique », dit Sylvie Cloutier, pdg du Conseil de la transformation alimentaire et des produits de consommation (CTAC).

Joëlle Noreau, économiste principale au Mouvement Desjardins et auteure d’une étude sur la transformation alimentaire au Québec, abonde. « Le secteur est en croissance constante, mais c’est une progression qui n’attire pas l’attention. Peut-être parce que ces hausses ne sont pas spectaculaires », dit-elle, en précisant que l’industrie est un important facteur de stabilité dans l’économie québécoise.

Les chiffres en témoignent. Avec près de 63 000 emplois dans plus de 2 300 établissements, le secteur de la transformation est la plus importante industrie manufacturière au Québec. Au cours de la décennie 2000, la fabrication alimentaire a ramé à contre-courant en enregistrant une hausse de ses ventes de 36 % tandis que l’ensemble du secteur manufacturier subissait une baisse de 6 %.

La récente récession a aussi démontré sa résistance aux aléas de l’économie. En 2009, la transformation alimentaire a été la seule branche d’activité du secteur manufacturier à afficher une croissance de son PIB, de 4,5 %. « Les gens ont toujours besoin de manger et en période de récession, ils mangent davantage à la maison qu’au restaurant », dit Mme Cloutier.

Son apport pour l’économie est d’autant important que l’industrie est enracinée sur tout le territoire québécois. Elle est néanmoins concentrée dans les régions de Montréal et de la Montérégie qui, bon an mal an, accaparent 60 % des ventes, 55 % des emplois et 40 % des établissements.

 Un passé garant de l’avenir ?

Pour poursuivre sur cette lancée, le secteur de la transformation alimentaire devra continuer à répondre aux besoins des consommateurs qui veulent notamment des produits favorisant une meilleure alimentation.

« Le nerf de la guerre, c’est l’innovation. Les entreprises doivent non seulement renouveler leur offre de produits, mais aussi revoir les façons de produire », dit Mme Cloutier.

L’industrie fait d’ailleurs meilleure figure en matière de productivité. En 2009, elle a enregistré une croissance de 11 % de sa productivité, un pourcentage similaire à celui de l’Ontario, indique Statistique Canada.

L’industrie devra aussi continuer à miser sur l’exportation. Ce sont d’ailleurs les marchés d’exportation qui ont permis aux entreprises alimentaires de connaître une expansion ces dernières années, alors que 50 % de la production des usines de transformation québécoises est désormais expédiée à l’extérieur du Québec.

« Comme ce n’est pas la population du Québec qui va faire exploser la demande, les perspectives de croissance y sont limitées. Une entreprise qui veut croître a intérêt à voir ailleurs dans le monde et non seulement aux États-Unis », souligne Mme Noreau. D’autant, précise-t-elle, que les exportateurs devront composer avec un dollar fort « au moins jusqu’en 2015 ».

La part des exportations d’aliments transformés vers les Etats-Unis est passée d’environ 75 % à 64 % de 2003 à 2009. Durant la même période, les exportations vers le Japon ont crû de 15 %, celles vers la Russie ont plus que triplé et celles vers l’Australie et la Corée du Sud ont doublé. Les produits de la viande ont été parmi ceux qui ont principalement propulsé les exportations hors du marché américain.

« La consommation de viande stagne au Québec et ailleurs au pays, mais elle augmente dans plusieurs autres pays du monde », note Joëlle Noreau.

Autre débouché possible : la consommation de produits laitiers en Chine a connu une croissance annuelle de 10 % ces dernières années. Or, malgré ces hausses, la consommation moyenne demeure très inférieure à la moyenne mondiale.

Si le Québec est un important producteur de viandes et de produits laitiers, il est aussi l’artisan de produits de spécialité qui peuvent faire leur marque à l’étranger. Le cidre de glace et le sirop d’érable sont des exemples probants.

« Les produits de niche québécois ont un potentiel sur les marchés d’exportation », dit Claude Gauthier, associé directeur du nouveau Fonds d’investissement en transformation alimentaire. Il cite en exemple Vigneault Chocolatier, l’entreprise de Québec spécialisée dans la fabrication de chocolats haut de gamme certifiés biologiques et équitables, connus sous la marque THEOBROMA.

Outre l’appréciation du dollar et l’amélioration de la productivité, d’autres défis se présentent aux transformateurs québécois. La concurrence s’avive alors que des entreprises étrangères ont découvert au Québec des consommateurs réceptifs aux nouveautés.

La multiplication des lieux de distribution, avec les Walmart, Target et Canadian Tire qui ajoutent des rayons de produits alimentaires, « entraînera un plus grand effort de logistique dans la livraison des produits », dit Mme Noreau.

Enfin, l’augmentation des prix de l’énergie et des denrées de base (céréales, sucre) amène une augmentation des coûts et une réduction des marges bénéficiaires des entreprises.

À la une

Compétitivité: Biden pourrait aider nos entreprises

ANALYSE. S'il est réélu, Biden veut porter le taux d'impôt des sociétés de 21 à 28%, alors qu'il est de 15% au Canada.

Et si les Américains changeaient d’avis?

EXPERT INVITÉ. Environ 4 électeurs sur 10 âgés de 18 à 34 ans déclarent qu’ils pourraient changer leur vote.

L’inflation rebondit en mars aux États-Unis

Mis à jour à 13:47 | AFP

L’inflation est repartie à la hausse en mars aux États-Unis, à 2,7% sur un an contre 2,5% en février.