Sécurité accrue: les transporteurs aériens craignent de perdre leurs clients

Publié le 18/01/2010 à 07:01

Sécurité accrue: les transporteurs aériens craignent de perdre leurs clients

Publié le 18/01/2010 à 07:01

À trop vouloir sécuriser le transport aérien, par des mesures toujours plus contraignantes, l’industrie aérienne craint de plus en plus d’y perdre ses plumes.

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C’est en tout cas l’inquiétude de plus en plus répandue dans l’industrie qu’a recueillie LesAffaires.com auprès de représentants de l’Association canadienne du transport aérien (ACTA) et de l’Association du transport aérien international (IATA).

Ce sentiment n’est pas étranger à la décision récente du gouvernement canadien d’augmenter considérablement –avec scanners corporels à l’appui- la sécurité pour tous les vols à destination des États-Unis. Ces mesures exceptionnelles, imposées jusqu’à nouvel ordre, sont apparues quelques jours seulement après l’attentat avorté du 25 décembre dernier, entre Amsterdam et Détroit.

«Il est certain que si les retards et attentes se poursuivaient dans les aéroports, ou –pire- qu’elles devaient empirer à la suites de l’introduction de nouveaux scanners corporels, les voyageurs pourraient mal réagir», explique de Washington, Steven Lott, porte-parole de l’IATA pour l’Amérique du Nord.

Ce dernier insiste sur l’importance de garder l’équilibre entre la sécurité et le confort des passagers. L’imposition de nouvelles mesures risquerait, à son avis, d’aliéner pour toujours des adeptes du transport aérien.

Il y a des limites

C’est aussi l’avis de John McKenna, président de l’ACTA, qui représente l’immense majorité des compagnies aériennes au pays. Ce dernier remercie chaque matin de se retrouver dans un vaste pays où les moyens de transport alternatifs pour passagers tels l’autobus et le train, sont encore peu développés.

«Au Canada, les gens sont encore relativement captifs. Mais jusqu’à quel point ? Rien nous assure qu’après être allés voir ailleurs, tous les passagers nous reviendront.»

Déjà, estime-t-il, le transport aérien est sur-taxé. En plus des taxes de ventes, les passagers assument des surtaxes sur le carburant, des frais de service de Nav Canada, des frais d’amélioration aéroportuaires et des frais sur la sûreté du transport aérien.

En prime, on leur demande maintenant de se présenter trois heures à l’avance à l’aéroport, de ne plus apporter de bagages à bord, et de se livrer à une fouille approfondie, pouvant aller jusqu’à un passage dans un scaner corporel. «À un moment donné, dit-il, il y a des limites.»

La classe Affaires en danger

L’inquiétude des transporteurs ne concerne pas tant les voyageurs occasionnels. Ces derniers, estime-t-on, peuvent supporter les désagréments d’un voyage, une fois ou deux par année.

La situation est bien plus inquiétante lorsqu’il est question des voyageurs d’affaires, ceux pour qui le temps compte et qui, surtout, sont les principaux clients des classes Affaires, de loin les plus payants d’entre tous.

De fait, même si ces sièges de catégorie supérieure ne constituent qu’environ 8% de l’ensemble des places disponibles dans les avions de ligne, ils parviennent à engranger jusqu’à 30% des revenus des compagnies aériennes.

Or, en raison de la crise financière qui a frappé leurs grands clients corporatifs, les compagnies aériennes ont déjà été forcées de réduire de 25% en moyenne depuis un an le prix de leurs sièges en classe Affaires, confirme l’IATA.

Si trop excédés par des mesures de sécurité toujours plus restreignantes - comme l’interdiction d’emporter un porte-document à bord pour poursuivre leur travail en vol – les gens d’affaires devait cesser de prendre l’avion, d’aucuns s’inquiètent pour la survie de nombreuses compagnies aériennes.

À quand la fin ?

Déjà, après le 11 septembre, les entreprises avaient réduit le nombre de voyages de leurs employés, explique Alain McKenna. Depuis, les téléconférences sont devenus plus courantes et les compagnies offrant des services de vols nolisés sont de plus en plus populaires. «L’industrie aérienne est très très fragile, rappelle McKenna. Où donc tout cela va s’arrêter ?»

L’IATA a déjà prédit des pertes de 5,6 milliards de dollars américains en 2010. De ce montant, 2G$US seront perdus par les transporteurs nord-américains.

 

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