6 de 6 - La série américaine
Anémique, stagnante, sans vitalité... Les superlatifs ne manquent pour décrire la santé de l’économie américaine depuis quelques années. Une description qui ne sied certainement pas au Texas, dont le dynamisme en fait un marché émergent à l’intérieur même des États-Unis.
En 2012, le PIB réel du Texas progressé de 4,8%, selon le U.S. Bureau of Economic Analysis. C’est environ le double de la moyenne de l’économie américaine (2,5 %), et le même niveau que l’Inde en 2012-2013 (5 %), un des quatre pays du BRIC. De plus, depuis 10 ans, le tiers des emplois nets créés aux États-Unis l’ont été dans cet État qui borde le golfe du Mexique, selon le site Area Development.
Le dynamisme de l’économie texane tient en grande partie au boom démographique de l’État, surtout au sein de la population d’origine hispanique, qui représente près de 40% des habitants. Après la Californie, le Texas est d’ailleurs l’État qui connaît la plus forte croissance démographique aux États-Unis. Il abrite actuellement 25 millions d’habitants.
C’est également un État très urbanisé. Quatre citoyens sur cinq habitent dans une agglomération urbaine. Le Texas abrite aussi trois des 10 plus grandes villes des États-Unis : Houston, San Antonio et Dallas.
Le dynamisme du Lone Star State tient aussi à l’effervescence de plusieurs secteurs, au premier chef la production de pétrole.
Selon le Financial Times, l’État est d’ailleurs au cœur de la renaissance de l’industrie pétrolière aux États-Unis ces dernières années.
Une économie très diversifiée
Toutefois, ce n’est pas le seul secteur dynamique. Parmi les autres qui bougent, mentionnons l’aérospatiale, les sciences de la vie et l’informatique. Le Texas abrite d’ailleurs une part importante des sièges sociaux aux États-Unis, et pas n’importe lesquels.
Ainsi, 52 entreprises du Fortune 500 y ont leur quartier général, dont ExxonMobil (énergie), Dell (informatique), AT&T (télécommunications) et Kimberly-Clark (produits d’hygiène personnels). Pas étonnant que des entreprises de partout en Amérique du Nord commercent avec cet État, dont la taille de son économie représente environ 80 % du PIB canadien.
Le Texas est un marché stratégique pour le Québec. Il est aujourd’hui notre troisième marché d’exportation aux États-Unis après l’État de New York et le Vermont. L’an dernier, nos entreprises y ont expédié pour 2,9 milliards de dollars canadiens de marchandises. Nos trois premiers postes d’exportation étaient des hélicoptères, des huiles de pétrole, et des médicaments.
Des PME du Québec qui se démarquent
Dans le commerce de détail, Alimentations Couche-Tard fait sa marque au Texas. En mai 2012, l’entreprise a mis la main sur 20 magasins de la chaîne Signature Austin Stores.
Des PME du Québec se démarquent aussi dans les services aux entreprises. C’est le cas d’Avantage Interaction Client, une firme montréalaise fondée par le conférencier et spécialiste en marketing, Pierre Trudel.
Spécialisée dans l’élaboration de stratégies marketing sur le Web et les réseaux sociaux, cette PME a décroché un contrat avec Holiday World de Houston, un important concessionnaire de véhicules récréatifs, qui chapeaute un groupe de concessionnaires en Amérique du Nord.
« Je forme leurs équipes pour les aider à séduire les clients potentiels sur le Web, dès qu’ils sont sur le site internet de l’entreprise », explique Pierre Trudel. Selon lui, les entreprises du secteur automobile en Amérique du Nord ont de la difficulté à « engager une conversation » avec leurs clients sur Internet.
Or, ce médium est essentiel pour trouver des clients et les fidéliser ensuite via les réseaux sociaux. Au Québec, General Motors a d’ailleurs mandaté Avantage Interaction Client pour l’aider à engager cette conversation avec ses clients.
Coencorp est une autre PME du Québec qui brasse des affaires aux Texas. Cette entreprise de Brossard conçoit des systèmes de gestion automatisée du carburant de flottes de véhicules. « Nous avons un agent situé près de San Antonio qui fait du démarchage pour nous. Avoir un représentant originaire du Texas est capital pour faire des affaires dans cet État », explique Caroline Cholette, directrice des ventes chez Coencorp.
Le Texas devient à ce point stratégique pour le Québec que le gouvernement Marois évalue actuellement la possibilité d’y ouvrir un bureau d’Expansion Québec, un réseau d’une trentaine de bureaux dans le monde, en partenariat avec Entreprise Rhône-Alpes international, qui offre des services d’accompagnement, dont des incubateurs.
Une approche intéressante dans un marché où la culture d’affaires diffère grandement de celle du Québec.
