Le rebond boursier a encore de l'élan

Publié le 27/08/2009 à 00:00

Le rebond boursier a encore de l'élan

Publié le 27/08/2009 à 00:00

Par François Rochon

Pour y voir clair, nous avons consulté quatre des rares experts qui avaient prévu une embellie des marchés cette année. Ceux-ci restent optimistes et prévoient que le S&P/TSX de la Bourse de Toronto progressera encore de 4 à 11 % d'ici un an. Ils recommandent cependant une certaine prudence, car la remontée boursière a été rapide et les aubaines sont moins nombreuses.

Des mouvements de repli sont inévitables, mais le mouvement haussier peut connaître un deuxième souffle à court terme grâce à l'amélioration des bénéfices des entreprises qui accompagnera la reprise économique.

Par la suite, la trajectoire boursière pourrait se corser de nouveau, s'il y a un retour de l'inflation et que les gouvernements retirent trop vite les liquidités fournies au système financier.

VINCENT DELISLE, économiste et stratège en chef, Scotia Capitaux: " La méfiance des investisseurs est un indice contraire qui m'indique que la Bourse peut encore s'apprécier quand les sceptiques y reviendront. "

Vincent Delisle, qui avait recommandé d'acheter pendant que tous vendaient leurs actions parce qu'il croyait que l'économie ne sombrerait pas en dépression, estime que les Bourses nord-américaines peuvent encore s'apprécier de 11 ou 12 % d'ici un an.

Le gain de 50 % des Bourses depuis cinq mois donne le vertige, mais il s'apparente aux mouvements haussiers qui ont suivi les récessions précédentes, souligne-t-il.

Petit à petit, les indicateurs économiques confirmeront que la reprise est bien engagée. Ce constat fera revenir les investisseurs frileux et donnera à la Bourse un second souffle.

Même s'ils se sont améliorés, les indicateurs de confiance et l'évaluation des cours ne sont pas encore revenus à la normale, ce qui confère encore un potentiel haussier à la Bourse. Et puisque les cours ne reflètent pas pleinement le scénario de reprise ni l'amélioration future des bénéfices, M. Delisle continue de privilégier les actions et les secteurs les plus susceptibles d'en profiter.

" Cela dit, les séquelles de la crise du crédit se feront encore sentir au cours des prochains trimestres. Les Bourses doivent aussi digérer leurs gains des derniers mois. Les investisseurs actifs, capables d'acheter quand les cours se replieront cet automne, seront bien servis. "

Dans une reprise mondiale, l'indice torontois S&P/TSX devrait afficher un meilleur rendement que l'indice américain S&P 500, car celui-ci tire le tiers de sa valeur d'industries peu tributaires de l'activité économique, comme le secteur de la santé.

De plus, la fermeté du huard par rapport au dollar américain grugera les rendements réalisés aux États-Unis, précise M. Delisle.

Il est tout de même important d'investir dans les secteurs américains de la santé, de la consommation essentielle et de la technologie pour combler la faible représentation de ces secteurs à la Bourse canadienne.

Cibles d'un an

S&P/TSX : 12000 points + 11 %

S&P 500 : 1150 points + 12 %

Répartition à adopter

Actions 68 %

Obligations 30 %

Encaisse 2 %

Secteurs à privilégier

Énergie, finance, industrie, métaux, technologie

Secteurs à éviter

Aurifère, consommation essentielle, santé, services aux collectivités

STÉFANE MARION, économiste en chef et stratège, Financière Banque Nationale: " La qualité des bénéfices s'améliorera parce qu'ils proviendront de la croissance des revenus et non plus seulement des réductions de coûts. "

Les Bourses nord-américaines peuvent encore progresser de 8 à 12 % d'ici un an, car la reprise économique n'en est encore qu'à sa phase initiale, croit Stéfane Marion.

" Ce ne sera pas une reprise classique, parce que la crise du crédit oblige les consommateurs à réduire leurs dettes, mais je m'attends à ce que le marché de l'emploi et les revenus des ménages s'améliorent d'ici la fin de l'année. "

Pendant cette phase initiale, les prévisions de bénéfices et l'évaluation des titres augmentent simultanément et poussent les cours à la hausse. Les entreprises ont réagi rapidement à la récession en réduisant leurs coûts et leurs effectifs, afin de préserver leurs marges.

Les bénéfices devraient rebondir fortement dès que les revenus recommenceront à croître, ce que M. Marion prévoit pour le quatrième trimestre de 2009.

Les secteurs qui profitent le plus d'une reprise devraient continuer à devancer l'ensemble de la Bourse (technologie, énergie, métaux et consommation discrétionnaire).

Les fournisseurs d'électricité, les épiciers et les pharmaciens devraient faire partie de tout portefeuille diversifié, mais le désintérêt des investisseurs pour ces secteurs jugés défensifs freinera leur appréciation, dit M. Marion.

" Plusieurs observateurs appréhendent une cassure des cours cet automne, afin que la Bourse reprenne son souffle, mais ce n'est pas un passage obligé. " Selon lui, la principale menace serait qu'une reprise plus forte que prévu incite les gouvernements à cesser trop vite de soutenir l'économie. " Heureusement, rien de tel ne se profile à l'horizon. "

Cibles d'un an

S&P/TSX : 11600 points + 8 %

S&P 500 : 1150 points + 12 %

Répartition à adopter

Actions 65 %

Obligations 35 %

Secteurs à privilégier

Consommation discrétionnaire, énergie, métaux, technologie

Secteurs à éviter

Consommation essentielle, services aux collectivités

JACQUES CHARTRAND, portefeuilliste, Gestion de portefeuille Selexia: " L'évaluation des titres est encore raisonnable, ce qui me porte à croire que le rebond peut se poursuivre."

L'amateur d'aubaines a moins de choix à la suite du rebond boursier. " Il n'y a presque plus de titre intéressants dans le S&P/TSX qui se négocient à un ratio inférieur à 10 fois les bénéfices ", affirme Jacques Chartrand.

Néanmoins, le mouvement haussier peut durer, puisqu'il est inférieur en amplitude et en durée à d'autres rebonds ayant succédé à de fortes baisses dans le passé. " Après le mouvement baissier de 1973-74, la Bourse a rebondi de 70 % ", rappelle-t-il.

De plus, l'évaluation des cours est raisonnable en fonction des bénéfices croissants que les entreprises dégageront dans la reprise de 2010-2011.

" Au cours des prochains trimestres, les investisseurs cesseront d'évaluer les Bourses par rapport au creux de mars, dit-il. Ils se projetteront en avant et évalueront davantage les titres en fonction de leurs bénéfices futurs. " Les aubaines étant plus rares, Jacques Chartrand n'investit plus de capitaux additionnels en Bourse, mais est prêt à acheter si les actions se replient de 5 à 8 % cet automne.

Selon lui, le secteur de l'énergie reste attrayant, parce que les cours sont évalués en fonction d'un prix du baril de pétrole à 60 $ US.

Si la Bourse se replie, M. Chartrand compte aussi faire ses emplettes dans le secteur de la consommation discrétionnaire. La rentabilité d'entreprises telles que Rona, Industries Dorel et Quebecor, les transporteurs ferroviaires et les fabricants de pièces d'autos bénéficiera davantage de l'effet d'une reprise que celle d'autres secteurs.

Par la suite, la Bourse pourrait se heurter à un mur, croit M. Chartrand. " Nous devrons payer les coûts énormes des plans de relance gouvernementaux, soit en hausses d'impôt ou par le retour de l'inflation. La façon dont les gouvernements réduiront leurs déficits et dettes aura une influence marquante. "

Cibles d'un an

S&P/TSX : 12000 points + 11 %

S&P 500 : 1100-1200 points + 7 à 17 %

Secteurs à privilégier

Consommation discrétionnaire, énergie

Secteurs à éviter

Banques, services aux collectivités

MARTIN ROBERGE, stratège, Valeurs mobilières Dundee: " Les indicateurs de crédit ont retrouvé le niveau qu'ils avaient avant que la faillite de Lehman Brothers ne paralyse l'emprunt. "

Les investisseurs sous-estiment la capacité des entreprises de redresser leurs bénéfices pendant la reprise qui s'engage.

" Les consommateurs américains, responsables de 70 % de l'activité économique, seront moins dépensiers. Mais il ne faut pas oublier que les entreprises du S&P 500 réalisent 40 % de leurs revenus et le tiers de leurs bénéfices à l'étranger ", dit Martin Roberge.

Aux États-Unis, le salaire horaire moyen baisse au rythme annuel sans précédent de 5 %. Les marges des sociétés nord-américaines bénéficieront aussi du fait que les prix pratiqués par leurs fournisseurs baissent beaucoup plus vite que les prix de vente aux consommateurs, explique-t-il.

M. Roberge croit que de nombreux investisseurs reviendront aux actions quand la trop grande popularité des obligations de société aura gonflé leur valeur marchande à un niveau moins attrayant.

Le stratège continue de privilégier les secteurs qui seront les principaux bénéficiaires d'une reprise mondiale.

Dans l'énergie, il mise sur l'éventuelle reprise de la demande pour le gaz naturel.

En technologie, les fabricants de puces et d'équipements de communication profiteront de la reconstitution des stocks par les entreprises du secteur, à court terme, et de la croissance du nombre d'internautes dans les marchés émergents, à long terme.

Par ailleurs, le secteur biotechnologique est l'un des seuls à pouvoir augmenter ses prix aux États-Unis, parce que les grandes entreprises pharmaceutiques veulent avoir accès à leurs médicaments prometteurs.

Cibles d'un an

S&P/TSX : 11250-12000 points + 4 à 11 %

S&P 500 : 1150-1120 points + 2 à 9 %

Secteurs à privilégier

Biotechnologie, engrais, métaux, services pétroliers, technologie

Secteurs à éviter

Épiciers, pharmaciens, services aux collectivités, télécommunications

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