BLOGUE. Le ministre du Redressement productif français, Arnaud Montbourg, vient de lancer un autre appel au patriotisme économique. Il demande aux quatre opérateurs de télécoms de cesser leur guerre de prix dans la téléphonie mobile. Cette guerre atteint un tel niveau que Montbourg craint qu’un des quatre opérateurs y passe. De plus, Montbourg demande aux fournisseurs de services de télécom de s’approvisionner chez l’équipementier français Alcatel qui traverse une restructuration pénible
Pendant ce temps, au Québec, le gouvernement Marois veut inciter les hôpitaux à utiliser des aliments locaux dans leurs cuisines. Cette mesure sert à donner l’exemple car la PM veut instaurer une forme de souveraineté alimentaire. Elle désire que la moitié des aliments consommés par les Québécois soient des produits locaux. La souveraineté alimentaire s’inscrit dans le même esprit que la souveraineté énergétique, elle vise à réduire la dépendance sur l’approvisionnement extérieur. ll est aussi question que les terres restent propriété québécoise et qu’elles soient entre les mains de l’occupant. On veut éviter que la Chine, par exemple, acquière des terres agricoles québécoises pour nourrir ses citoyens pendant que les Québécois doivent consommer des aliments importés.
Patriotisme économique, souveraineté alimentaire… on nage dans les mêmes eaux. Il est question de stimuler l’économie locale par ses achats. Les entreprises peuvent le faire à travers leur chaîne d’approvisionnement. Les citoyens, eux, par leur consommation. Le font-ils ?
Ce matin je participais à l’émission d’Isabelle Maréchal en compagnie d’Éric Grenier, le rédacteur en chef de Jobboom. Nous avons passé en revue l’année économique 2013. On a beaucoup parlé des détaillants américains qui s’installent ici et cassent les prix. Les auditeurs se divisaient en deux. Ceux qui travaillent dans ce secteur et dénoncent cette concurrence féroce. Ceux qui se réjouissent de l’arrivée de ces géants qui forcent tout le secteur à baisser ses prix.
Les entreprises agissent de même au moment de choisir leur fournisseur. Les arguments économiques passent avant le patriotisme.
Le patriotisme économique est-il une stratégie réaliste? Peut-elle être appliquée à grande échelle ? Peut-on demander aux entreprises et aux consommateurs d’acheter local? Je crois que oui. Mais l’étiquette locale c’est comme le taux de change, elle ne constitue pas à elle seule un avantage concurrentiel. Car, dans un cas comme dans l’autre, concurrentiel rime inévitablement avec artificiel. Tous les produits québécois que j'ai achetés étaient québécois et plus beaux, plus créatifs, plus goûteux, plus attirants, moins chers, mieux conçus, etc .que leurs concurrents étrangers. Je n'ai jamais acheté un produit québécois simplement parce qu'il était québécois. Et vous?
Achetez-vous local ? Est-ce un geste idéologique? Économique?
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