Bourse: vendre ou ne pas vendre, telle est la question!

Publié le 22/02/2024 à 13:30

Bourse: vendre ou ne pas vendre, telle est la question!

Publié le 22/02/2024 à 13:30

Par Pierre Théroux

(Photo de Jakub Żerdzicki sur Unsplash)

Les Affaires vous présente SE LANCER EN BOURSE, une rubrique bimensuelle dédiée aux jeunes et aux moins jeunes qui veulent faire le grand saut.

SE LANCER EN BOURSE. Acheter un titre d’entreprise au plus bas et le vendre au plus haut est sans doute l’un des adages les plus souvent entendus — et teintés d’ironie — quand vient le temps d’investir en Bourse. Car, bien évidemment, on serait tous riches si on bénéficiait de cette science infuse.

Les investisseurs aspirent tous à avoir le bon «timing» pour empocher des profits. Mais quand faut-il vendre, ou ne pas vendre, telle est la question à plusieurs centaines, voire des milliers de dollars, que les investisseurs arrivent inévitablement un jour à se poser.

«L’achat d’actions, c’est un exercice relativement facile. La chose la plus difficile, c’est de savoir quand les vendre», souligne Frédéric L’Heureux, gestionnaire de portefeuille et membre de l’équipe Leblanc Martineau St-Hilaire chez Valeurs mobilières Desjardins.

 

L’exemple de Warren Buffett

Mais vendre ses actions n’est pas nécessairement une obligation. «L’idée principale, quand on achète des actions, c’est d’investir dans des titres d’entreprises de très grandes qualités qu’on peut donc garder le plus longtemps possible, peut-être même pendant toute notre vie d’investisseurs», indique Vincent Fournier, gestionnaire de portefeuille au sein de la firme Claret.

Il cite l’exemple du légendaire investisseur et milliardaire Warren Buffett dont le portefeuille est notamment garni de certaines actions d’entreprises qu’il détient depuis plusieurs années. Comme celles de Coca-Cola que sa société d’investissements Berkshire Hathaway a commencé à acheter en 1988, puis continué à accumuler au fil des ans. Aujourd’hui, Warren Buffett détient ainsi quelque 400 millions d’actions de Coca-Cola, évaluées à environ 23,5 G$, qui représentent près de 7% de son portefeuille (au 31 décembre 2023).

«C’est une stratégie qui permet de profiter pendant de nombreuses années de la croissance d’une entreprise et, par conséquent, de la hausse du prix de ses actions ou des dividendes qu’elle verse», explique Vincent Fournier.

 

Contrôler ses émotions

La clé, c’est justement d’avoir d’abord et avant tout une stratégie en tête. Ou, pour reprendre une expression sportive, avoir un bon plan de match. «Pour avoir du succès, les équipes sportives ou les athlètes qui font des compétitions établissent un plan de match qu’ils suivent rigoureusement. C’est la même chose en investissements. Ce qui n’empêche pas de revoir sa stratégie en cours de route», illustre Vincent Fournier.

Cette ligne directrice empêchera aussi les investisseurs d’éviter de tomber dans le piège de l’émotion quand vient le temps de vendre ou non des actions de son portefeuille. Car les décisions financières sont bien souvent liées à des aspects d’ordre psychologique.

En effet, les investisseurs versent alors dans ce qu’on appelle la finance comportementale et prennent des décisions sous le coup de l’émotion, constate Richard Guay, professeur du département de finance de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) où il enseigne notamment aux étudiants les techniques de construction et de gestion stratégique de portefeuille.

«La réticence à vendre un titre, à cause de la peur de l’échec et de l’aversion à réaliser ses pertes, c’est un biais souvent observé en matière d’investissement. Il arrive alors qu’un investisseur garde ses mauvais titres pendant trop longtemps. Mais il ne faut pas nécessairement vendre non plus quand on se retrouve en situation de panique», explique Richard Guay.

 

L’amour est aveugle

Autre biais comportemental: confronté à la chute d’une action tellement forte, jusqu’à 30% inférieurs ou même plus à son prix d’achat par exemple, un investisseur décidera alors de s’en débarrasser tout simplement parce qu’il souhaite faire disparaître ces titres de son portefeuille pour ne plus les voir. Et ce, sans toute autre forme d’analyse rationnelle qui pourrait expliquer cette baisse et, peut-être, un éventuel rebond. «C’est une autre mauvaise décision encore une fois guidée par les émotions», note encore Richard Guay.

À l’inverse, «il ne faut surtout pas non plus tomber en amour avec un titre. Il faut avoir le détachement émotif nécessaire qui permet de faire la part des choses quand on aime une entreprise», conseille Sébastien St-Hilaire, gestionnaire de portefeuille de l’équipe Leblanc Martineau St-Hilaire chez Valeurs mobilières Desjardins.

Sans tourner le fer dans la plaie, rappelons-nous la débâcle à la fin des années 2000 du géant canadien des télécommunications Nortel. La valeur des actions, qui se vendait à plus de 100 fois les profits, était à la hauteur de l’enthousiasme non seulement des investisseurs, mais aussi de conseillers en placement qui l’ont fait grimper à de très hauts sommets, avant de les voir s’effondrer à la suite notamment de l’éclatement de la bulle technologique et de pratiques frauduleuses. Oui, l’amour est bel et bien aveugle, même en matière d’investissements!

 

 

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