L'eau en bouteille, une thématique lucrative, mais…

Publié le 14/03/2024 à 15:49

L'eau en bouteille, une thématique lucrative, mais…

Publié le 14/03/2024 à 15:49

Par John Plassard

Qui domine ce marché?

Avec Coca-Cola et Danone, Nestlé est l’un des géants du secteur de l’eau en bouteille. Deux des marques de la multinationale suisse figurent parmi les huit marques les plus consommées au monde: Perrier et San Pellegrino, avec une part de marché mondiale de 3% et 2%, respectivement.

La marque d’eau plate en bouteille Dasani, lancée en 1999 par Coca-Cola, domine actuellement le marché, avec une part mondiale de 12%, suivie par la marque française Evian (9%), détenue par le groupe Danone.

 

Des excès totalement fous

Lorsqu’on parle «d’exploitation» de l’eau, on parle évidemment d’excès en tout genre, en passant par de l’eau d’un pays lointain qui nécessite un transport par avion ou encore une bouteille en plastique avec un design très spécial qui «explique» des prix absolument fous pour de l’eau «normale». Cependant, une société du Groenland est actuellement en train de dépasser toutes les limites «acceptables» lorsqu’il s’agit de l’eau.

Une société du Groenland Arctic Ice a décidé de récolter de la glace dans les fjords du Groenland, puis l’expédie aux Émirats arabes unis pour la vendre à des bars exclusifs. L’utilisation de la glace glaciaire dans les boissons est une pratique courante au Groenland et, au fil des ans, plusieurs entrepreneurs ont tenté en vain de l’exporter.

Son cofondateur, Malik V Rasmussen, a déclaré que la glace, qui a été comprimée pendant des millénaires, est totalement dépourvue de bulles et fond plus lentement que la glace ordinaire. Elle est également plus pure que l’eau minérale gelée habituellement utilisée dans les glaçons de Dubaï.

Selon le site web de l’entreprise: «Arctic Ice provient directement des glaciers naturels de l’Arctique, qui sont gelés depuis plus de 100 000 ans. Ces parties des calottes glaciaires n’ont pas été en contact avec des sols ou contaminées par des polluants produits par les activités humaines. Cela fait de l’Arctic Ice l’H20 le plus propre de la planète».

La startup a été lancée en 2022, mais n’a expédié ses 20 premières tonnes de glace que récemment. Elle a essuyé une vague de critiques qui a pris les fondateurs par surprise. On comprend aisément pourquoi…

 

Des faits à ne surtout PAS oublier

Se procurer une bouteille d’eau ou tout simplement boire de l’eau d’un robinet nous paraît extrêmement facile, cependant ce n’est absolument pas le cas pour tout le monde. Quels faits:

• 703 millions de personnes n’ont pas accès à l’eau potable. Cela représente une personne sur dix sur la planète.

• On estime que les femmes et les jeunes filles passent 200 millions d’heures à transporter de l’eau chaque jour, marchant 6 kilomètres chaque jour pour transporter 40 livres d’eau.

• Plus de 1 000 enfants de moins de 5 ans meurent chaque jour de maladies causées par de l’eau contaminée, un mauvais assainissement et des pratiques d’hygiène dangereuses.

• 1,69 milliard de personnes vivent sans accès à des installations sanitaires adéquates.

• 419 millions de personnes pratiquent la défécation à l’air libre.

• Le sixième objectif de développement durable des Nations unies (eau propre et assainissement) est l’accès universel à l’eau propre et à l’assainissement d’ici à 2030. Nous y reviendrons dans une prochaine étude. 

 

Des doutes au niveau sanitaire

On a coutume de dire que l’eau en bouteille est plus «saine» ou moins «à risque» que l’eau du robinet.

Pourtant, selon une nouvelle étude, un litre d’eau en bouteille peut contenir en moyenne 240 000 morceaux de plastique, dont certains sont si minuscules qu’ils peuvent pénétrer dans la circulation sanguine, les cellules individuelles et les organes, y compris le cœur et le cerveau.

L’étude, publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences le 8 janvier, a trouvé jusqu’à 100 fois plus de particules de plastique dans l’eau en bouteille que ce qui avait été documenté auparavant, grâce à un outil qui utilise des lasers pour analyser la composition chimique des échantillons.

Ces minuscules morceaux de plastique décomposé, connus sous le nom de microplastiques et de nanoplastiques, ont été trouvés dans les océans, au sommet du mont Everest et dans la circulation sanguine des humains au cours des dernières années.

La taille des microplastiques varie de cinq millimètres à un micromètre, soit un millionième de mètre. À titre de référence, un cheveu humain mesure environ 70 micromètres. Les nanoplastiques sont encore plus petits, mesurant moins d’un micromètre. Ils sont mesurés en nanomètres ou milliardièmes de mètre.

Les chercheurs ont testé trois marques populaires d’eau en bouteille vendues aux États-Unis, qu’ils ont décidé de ne pas nommer, en analysant les particules de plastique d’une taille inférieure à 100 nanomètres. Ils ont trouvé entre 110 000 et 370 000 particules de plastique par litre, et 240 000 en moyenne. 90% d’entre elles étaient des nanoplastiques, le reste étant des microplastiques.

D’autres études scientifiques ont montré que l’eau en bouteille est l’une des principales sources d’ingestion de microplastiques par l’homme et qu’elle pourrait donc avoir des effets nocifs sur la santé.

Le site Statista, rapporte que, selon des informations publiées le mois dernier, au moins un tiers des marques françaises d’eau de source et d’eau minérale sont concernées, y compris celles appartenant à Nestlé Waters, qui a admis utiliser des traitements de filtration aux ultraviolets et au charbon actif dans certaines de ses eaux (Perrier, Vittel, Hépar et Contrex) afin de maintenir «leurs normes de sécurité alimentaire».

La réglementation interdit toute désinfection des eaux minérales, qui doivent être d’une qualité microbiologique naturellement élevée (contrairement à l’eau du robinet).

 

Synthèse

L’eau en bouteille est une thématique d’investissement florissante que ne cesse de s’adapter et même de se réinventer au fil du temps. Pourtant il y a quelques zones d’ombre qu’il ne faut surtout pas oublier. Tout d’abord le fait que le liquide contenu dans les bouteilles peut contenir des microplastiques. Ensuite (et surtout?) que l’eau «propre» est une denrée rare à laquelle tout le monde n’a pas accès… 

 

Ce texte est tiré de l’infolettre quotidienne de John Plassard, gracieuseté de Mirabaud

 

** Veuillez prendre note que les visuels de notre expert sont présentés en anglais à titre informatif et ne peuvent être traduits par notre équipe. Merci de votre compréhension.

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