Fatigué de la «shrinkflation»? Bienvenue dans la «skimpflation»!

Publié le 16/04/2024 à 14:00

Fatigué de la «shrinkflation»? Bienvenue dans la «skimpflation»!

Publié le 16/04/2024 à 14:00

Par John Plassard

Les caisses automatiques sont de plus en plus courantes, et il y a de moins en moins de personnel pour aider les clients à passer à la caisse. (Photo: 123RF)

EXPERT INVITÉ. Face à la hausse de l’inflation, on a vu de nouvelles «astuces» se multiplier ces dernières années : «shrinkflation» ou encore «cheapflation» (n’hésitez pas à nous demander notre rapport sur la question). Alors que les prix ne descendent toujours pas à la vitesse souhaitée, un phénomène est en train d’émerger : la «skimpflation». Synthèse et analyse.

L’inflation que l’on pensait en décroissance reprend son ascension (transitoire ?) et pourrait à nouveau poser un problème de marge aux entreprises américaines ou encore européennes. Les entreprises peuvent alors (comme on l’a vu en 2022) augmenter leurs prix pour rester rentables lorsque les coûts de production progressent (ce que l’on appelle les pricing power). Mais elles savent que les consommateurs sont très attentifs aux changements de prix et peuvent choisir d’acheter une marque moins cher ou de cesser complètement d’acheter l’article.

Les entreprises ne veulent pas que leurs ventes déclinent. C’est assez logique. Sous cette pression, les entreprises rivalisent d’imagination en réduisant la quantité des produits «la shrinkflation», de la qualité «la cheapflation» ou encore le service «la skimpflation».

Qu’est-ce que la «skimpflation» ? Au lieu d’augmenter les prix, les entreprises peuvent décider de pratiquer ce que l’on appelle la «skimpflation». Cette dernière se définit par le fait que les entreprises «lésinent» sur la qualité d’un produit ou d’un service. Les entreprises lésinent en dépensant moins pour les services ou les matériaux afin de rester rentables.

Très intéressant de noter que la Fed de St-Louis donne plusieurs exemples de la «skimpflation». Le premier est le fait que les clients effectuent une plus grande partie du travail. Lorsque les clients effectuent une plus grande partie du travail, l’entreprise fournit moins de services.

Cette pratique est illustrée par le premier supermarché en libre-service, Piggly Wiggly. Le premier Piggly Wiggly a ouvert ses portes en 1916 à Memphis, dans le Tennessee. Au lieu d’avoir des employés derrière un comptoir qui rassemblaient les produits pour les clients, Piggly Wiggly fournissait des chariots pour que les clients puissent aller et venir dans les allées pour sélectionner leurs propres articles et payer à une caisse enregistreuse — faisant ainsi une plus grande partie du travail qui était auparavant effectué par les employés.

Plus tard, à partir de 1986, au fur et à mesure que la technologie se développait et devenait rentable, des caisses automatiques ont été introduites dans de nombreux magasins afin de réduire les coûts de main-d’œuvre. Lorsque les clients font le travail à la caisse automatique, les entreprises lésinent sur le service. Lorsque le coût de la technologie est devenu inférieur au coût de la main-d’œuvre, ce nouveau mode de fonctionnement a pris racine.

C’est ainsi que des magasins tels que Walmart, Kroger et Dollar General pilotent désormais des magasins exclusivement équipés de caisses automatiques. Les entreprises dotées de caisses automatiques accélèrent le processus pour les clients, ce qui permet aux magasins d’employer moins de personnel pour ce processus.

«Lésiner» consiste à réduire les services en réduisant les coûts. Par exemple, les hôtels peuvent modifier leurs services d’entretien ménager. Au lieu que les employés nettoient les chambres des clients tous les jours, leur service peut être réduit à un jour sur deux ou au moment où le client quitte l’hôtel. Ce changement permet de réduire les coûts de main-d’œuvre.

La qualité peut également être négligée. Les buffets de petit-déjeuner chauds et gratuits des hôtels, qui comprennent des fruits frais, des gaufres, des œufs et du bacon, peuvent être remplacés par des petits pains sucrés et des céréales préemballées. Remplacer des aliments plus coûteux par des aliments moins chers est un moyen de réduire les coûts.

Les entreprises peuvent également modifier leurs formules de produits alimentaires afin d’utiliser des ingrédients moins chers dans ces produits (ce qui peut aussi s’apparenter à de la «cheapflation»).

Par exemple, des édulcorants artificiels et des huiles moins chères peuvent être substitués à des ingrédients plus onéreux. À moins que les consommateurs ne comparent l’étiquette des ingrédients d’un ancien produit avec celle du nouveau, ils ne se rendront pas compte du changement au moment de l’achat.

Mais les entreprises prennent un risque lorsqu’elles modifient une formule pour utiliser des ingrédients moins chers. Si le changement est perceptible par les consommateurs et qu’ils n’apprécient pas le changement de goût, ils peuvent cesser d’acheter le produit.

Les consommateurs peuvent remarquer un changement dans le goût d’un aliment, mais il est plus difficile de déceler un manque de qualité dans d’autres produits. Par exemple, le papier hygiénique peut être emballé de la même manière et avoir le même nombre de feuilles par rouleau, mais il peut avoir des feuilles plus fines. En regardant l’emballage, le consommateur ne se rendrait pas compte de ce changement de qualité.

Suivant: La «skimpflation» ne date pas d’aujourd’hui 

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