Après réflexion, le CSF écarte une mesure aussi musclée que celle adoptée en Norvège et il se concentre uniquement sur les fournisseurs du gouvernement et sur les entreprises subventionnées. Pour les autres sociétés, on espère que l’adoption d’une certification parité sera un incitatif assez fort. «On fait appel au sens des responsabilités des entreprises [qui ne font pas affaires avec le gouvernement]», explique la présidente.
Si la Norvège a adopté une loi contraignante, c’est parce que les mesures incitatives n’avaient pas poussé les entreprises à recruter des femmes au sein de leur conseil. Le CSF pourrait-il en venir au même constat que le pays scandinave? «Pour cet avis-là, la solution norvégienne est exclue, dit Mme Pelchat. Le CSF se penche régulièrement sur cette question. Si ça ne fonctionne pas [les mesures proposées par l’avis], nous serons obligés de faire avec le secteur privé ce que nous avons fait pour les sociétés d’État.»
Pour l’instant, il est impossible de savoir si Québec accédera aux demandes du CSF. Le gouvernement libéral est favorable à la parité dans les conseils d’administration. Reste à savoir jusqu’à quel point il est prêt à intervenir pour forcer la main des acteurs du secteur privé. Mme Pelchat, quant à elle, ne donne pas d’échéance au gouvernement pour appliquer ses recommandations. Elle demeure toutefois optimiste qu’elles seront bien reçues.
Le club des garçons
Dès que l’enjeu de la parité se trouve dans l’actualité, la même question survient : y a-t-il vraiment assez de candidates qui ont le profil de l’emploi? «Qu’on ne nous dit pas qu’il n’y pas de femmes pour le poste, répond Mme Pelchat. C’est le même argument qu’on nous a servi lors de la révision de la Loi sur les sociétés d’État. Depuis, on a trouvé des femmes et elles sont toutes qualifiées. Je vous rappelle que 60% des diplômées sont des femmes, ce n’est pas le bassin de personnes compétentes qui manque.»
Mme Pelchat se défend toutefois d’accuser les organisations de sexisme. Les gens d’affaires majoritairement des hommes oublieraient toutefois de considérer des candidatures féminines. «Lorsqu’il était directeur du Parti libéral du Québec, mon mari Serge Marcil me disait : “Christiane, il n’y a pas de femme”, raconte-t-elle. Je lui ai répondu : “cesse de recruter dans ton équipe de hockey”. Nous avons tendance à regarder autour de nous et à être attirés par les personnes qui nous ressemblent. Les femmes se retrouvent donc souvent ignorées par les hommes déjà en place.
Mme Pelchat veut donc rappeler à ces messieurs adeptes du réseautage que les femmes sont douées et qu’il est temps qu’on leur ouvre les portes du «old boys club».