Vézina: Paul Desmarais, le titan des titans

Publié le 09/10/2013 à 10:22, mis à jour le 09/10/2013 à 11:57

Vézina: Paul Desmarais, le titan des titans

Publié le 09/10/2013 à 10:22, mis à jour le 09/10/2013 à 11:57

Paul Desmarais est décédé est décédé à l'âge de 86 ans

Même l’annonce de son décès va soulever des passions contradictoires. Mais il faudra un jour reconnaître le rôle capital qu’il a joué dans l’émergence d’une classe d’affaires francophone et moderne au Québec.

Paul Desmarais vient de mourir à l’âge de 86 ans. Lisez notre texte Paul Desmarais est décédé

Sa santé était fragile depuis déjà plusieurs années et il avait confié la direction de Power Corporation à ses fils André et Paul jr au milieu des années 1990. Mais c’est encore son nom qui venait à l’esprit quand lorsqu'on évoque l’immense rayonnement de ce holding international, tout comme il représentait aux yeux de ses détracteurs une sorte de Machiavel contemporain, aussi discret qu’opiniâtre et influent, expert en jeux de coulisses et fasciné par le pouvoir.

L’homme, qui a créé de toutes pièces le plus formidable empire financier basé au Québec, va laisser des souvenirs divergents. Son ascension aura cependant été irrésistible et il lui aura fallu travailler d’arrache-pied pour s’imposer.

Il est né à Sudbury en janvier 1927. Son père, Jean-Noël, était avocat et avait participé à la fondation de l’Université Laurentienne, dédiée aux Franco-Ontariens.

En 1951, Paul Desmarais frappe son premier grand coup, qui va passer à la légende: tout de suite après avoir décroché son diplôme en sciences commerciales de l’Université d’Ottawa, il achète de ses parents, pour un dollar, la Sudbury Bus Lines, qui ne fait qu’accumuler les dettes. Il va redresser l’entreprise, puis la revendre pour entrer de plein pied dans le secteur des transports, ce qui servira de tremplin à son empire naissant: Québec Autobus, Voyageur, puis Canada Steamship Lines.

Comme mentor, il aura eu la chance de compter sur Jean-Louis Lévesque, fondateur de Lévesque Beaubien. C’est lui qui va l’initier au monde de la finance. En 1968, il achète une entreprise peu connue, Power Corporation, qui deviendra son vaisseau amiral. Trois ans plus tôt, il s’était porté acquéreur de La Presse.

Mais c’est dans le secteur financier que son empreinte sera la plus grande au Canada, alors qu’il met tour à tour la main sur la Great-West, Investors puis London Life. Parallèlement, il s’impose en Europe avec un associé belge, le baron Albert Frère, qui deviendra son proche partenaire, et il devient un des premiers occidentaux à être accepté en Chine, dès les années 1980, où il étendra rapidement son influence… toujours discrètement. On dit même que c’est par son entremise que Bombardier a pu graduellement pénétrer le marché chinois.

La suite est connue: son engagement politique sans détours en faveur de la cause fédéraliste tout comme son attachement sincère au Québec. Alors que d’autres se payaient des palaces en Floride, en Californie ou ailleurs au soleil, il s’est permis, lui, un somptueux domaine à Sagard, en pleine forêt de Charlevoix, une région où il avait l’habitude de passer ses vacances depuis des décennies, à Pointe-au-Pic. Il y a a reçu les puissants de ce monde, comme l'ancien président français Nicolas Sarcozy.

Paul Desmarais est rarement monté aux barricades, mais il a toujours défendu farouchement ses opinions, ce qui lui a souvent valu d’être vilipendé sur la place publique. Il n’empêche qu’on imagine mal le Québec d’aujourd’hui sans lui. Son affection pour les journaux, par exemple, a aidé à maintenir en place une presse quotidienne vigoureuse à travers le Québec alors qu’elle n’en finit plus de s’écrouler ailleurs en Amérique du nord.

En 1999, le journaliste et auteur canadien Peter C. Newman lui a réservé un chapitre particulier dans son ouvrage phare sur les grandes personnalités d’affaires canadiennes, Titans. «Paul Desmarais est l’un des citoyens de cette planète les mieux branchés sur les cercles du pouvoir», a-t-il écrit. «Et même s’il est le seul des magnats de l’establishment canadien dont les affaires sont beaucoup plus importantes à l’extérieur qu’à l’intérieur du pays, le Canada lui est très cher et il demeure passionnément québécois. Il a prouvé que les Canadiens français peuvent accomplir n’importe quoi. Et c’est probablement là sa plus grande fierté.»

Assez pour que Peter C. Newman l’ait nommé le «Titans de titans». Un jour, peut-être, c’est aussi de cette façon que son Québec d’adoption s’en rappellera.

 

 

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