Rémunération des pdg: la fin des options d'achat?

Offert par Les Affaires


Édition du 19 Mars 2016

Rémunération des pdg: la fin des options d'achat?

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Édition du 19 Mars 2016

Par Stéphane Rolland

[Photo: Shutterstock]

Le gouvernement de Justin Trudeau sonnera-t-il le glas de la rémunération versée en options d'achat ? Les conseils d'administration pourraient hésiter à octroyer des options aux hauts dirigeants si leur traitement fiscal avantageux disparaissait. Toutefois, il est encore un peu tôt pour rédiger leur avis de décès.

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«Je ne sais pas si les options disparaîtront, s'interroge à voix haute Claude Boulanger, chef de secteur, rémunération des cadres supérieurs chez Towers Watson. Beaucoup de clients m'ont téléphoné pour que je les aide à réfléchir à l'impact que pourrait avoir la décision du gouvernement libéral, dit-il. Si, comme la majorité des organisations, vous utilisez les options pour d'autres raisons que la fiscalité, par exemple son effet levier, vous voudrez continuer.»

Malgré tout, les options sont déjà en perte de popularité, constate M. Boulanger. Ce programme est de plus en plus critiqué par les investisseurs institutionnels et les experts de la gouvernance. En conséquence, bien des conseils d'administration commencent à réduire le poids des options dans la rémunération globale et cherchent des solutions de rechange, comme l'octroi d'unité d'action différée.

Une affirmation non fondée

Michel Magnan fait partie des experts qui critiquent les options d'achat. Que les conseils d'administration continuent d'accorder des options reste un «mystère» pour le professeur et titulaire de la chaire de gouvernance d'entreprise Stephen A. Jarislowsky à l'École de gestion John-Molson de l'Université Concordia. «Il y a un discours qui prétend que les options arriment l'intérêt du dirigeant à celui des actionnaires. Mais cette affirmation n'est pas fondée sur des preuves empiriques.»

Contrairement à l'actionnaire, le dirigeant «ne prend pas de risques» avec les options, poursuit M. Magnan. «L'actionnaire a payé ses actions et met son capital à risque. Le dirigeant, pour sa part, n'a pas payé ses options. Le risque n'est pas du tout le même.»

Le professeur met en doute le lien entre le rendement livré par une option et le travail de ses dirigeants. Dans notre recherche, nous avons d'ailleurs pu constater que quelques pdg de l'industrie minière et pétrolière ont laissé leurs options expirer, le gain latent sur ces options s'étant évaporé après la débâcle des actions à la Bourse. Ces dirigeants ont-ils vraiment fait un moins bon travail que lorsque le prix des ressources avait le vent dans les voiles ? «C'est un peu comme un casino. Vous pouvez ne rien avoir, mais gagner le gros lot. Les dirigeants des pétrolières ont grandement profité des options de 2000 à 2014, mais n'ont pu le faire cette année en raison des difficultés du secteur. Ça n'a rien à voir avec le travail du dirigeant. C'est aléatoire.»

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