Que se passe-t-il si l’action d’une société chute à zéro?

Publié le 04/05/2023 à 11:35

Que se passe-t-il si l’action d’une société chute à zéro?

Publié le 04/05/2023 à 11:35

Récemment, la société parente de la Silicon Valley Bank SVB Financial Group et Bed Bath & Beyond ont vu leurs actions chuter jusqu’à 71 et 28 cents avant la suspension de leurs transactions. (Photo: 123RF)

Le marché boursier est souvent fait de montagnes russes, et personne ne le sait mieux que ceux qui ont investi dans le fabricant de véhicules électriques Nikola (NKLA). L’action de la société, valorisée à un certain moment à 67$ US, s’est effondrée et vaut actuellement moins de 1$ US.

La question qui vient donc à l’esprit de nombreux investisseurs en ce moment est: qu’est-ce qui se passe quand l’action d’une société dégringole à zéro?

Après tout, ce n’est pas la première fois que cela arrive. Récemment, c’est arrivé à la société parente de la Silicon Valley Bank SVB Financial Group et à Bed Bath & Beyond (BBBY), dont les actions ont respectivement chuté jusqu’à 71 et 28 cents avant la suspension de leurs transactions.

Dans le passé, on peut penser aux actions d’Enron et de Lehman Brother, qui sont brutalement descendues jusqu’à zéro ou presque avant d’être radiées de la Bourse.

Qu’est-ce que cela signifie pour les investisseurs? Voici quelques éléments de réponse:

Quand une action touche le fond

Si une action chute à zéro ou presque, cela veut dire que, dans les faits, la société est en faillite et n’a aucune valeur pour ses actionnaires.

À de rares occasions, la valeur d’une société pourrait atteindre zéro en raison d’un moratoire imposé par les autorités pour cause d’activités illégales ou de transgressions de règlements.

Il y a toute une série de raisons autres pour lesquelles l’action d’une société pourrait perdre toute sa valeur, comme une mauvaise gestion, de mauvaises performances financières, une fraude au niveau de l’entreprise ou des facteurs externes comme une conjoncture défavorable ou une perturbation du secteur. 

Une société cotée en Bourse montre plusieurs signes de détresse financière bien avant de déclarer faillite. Parmi ceux-ci, «des bilans trop endettés, des transactions boursières à des cours incohérents et un volume très important d’opérations d’initiés, qui dénotent une débandade de la haute direction», dit Darren Sissons, partenaire et gestionnaire de portefeuille chez Campbell, Lee & Ross.

Des baisses importantes et persistantes des profits et des revenus, des rapports défavorables des vérificateurs des comptes et des commentaires négatifs des organismes de cotation de la dette sont aussi des signaux d’alarme. Mais, prévient Darren Sissons «pour ce qui est de ces deux derniers groupes, il y a de nombreux cas où ils n’ont pas su capturer les données évidentes», prévient-il.

L’impact d’une faillite sur les investisseurs

Le capital d’un investisseur qui aurait placé son argent dans une société en faillite est réduit à néant, et son investissement est sans valeur.

Les grandes places boursières ont établi des limites pour la valeur minimale qu’une action peut atteindre avant d’être radiée de leur plateforme. Habituellement, si le cours d’une action reste inférieur à un dollar pendant un certain nombre de jours, ladite place boursière la retirera de ses listes. Une fois radiée, l’action s’échange de gré à gré, et des spéculateurs peuvent l’acheter et la vendre sur des Bourses alternatives.

«Une fois que les sociétés en faillite chutent au-dessous des seuils de transactions minimaux, les teneurs de marché renoncent à utiliser ce nom», dit M. Sissons. En revanche, ajoute-t-il, «il n’est pas rare de voir un nom radié des tablettes de la Bourse principale de Toronto se retrouver sur sa Bourse de croissance.»

Quand une société se met en faillite, les investisseurs dans la conversion de sa dette se replacent sur la base de cette conversion et deviennent essentiellement les propriétaires de la société, note M. Sissons.

«Sur la base de cette conversion» désigne une situation où ceux qui investissent dans la conversion d’une dette ou les détenteurs d’obligations ont le choix de convertir la dette en capital de la société. Cela signifie que les détenteurs de la dette deviennent des propriétaires d’un capital en actions, et que le «contrôle de la firme revient au titre de créance prioritaire», dit M. Sissons.

 

Faire des profits avec des actions qui coulent à pic

Les investisseurs ont-ils l’occasion de gagner de l’argent quand le cours d’une action s’effondre? Oui, dit M. Sissons. «On peut acheter les obligations, qui ont toutes les chances de se négocier au rabais, dit-il. Si la firme est capitalisée à 50% d’actions et 50% d’obligations, la valeur du capital chute à zéro, donc les détenteurs de 50% de la dette contrôlent la firme et convertissent la dette en capital. La société devient alors, de fait, exempte de dette.» Ou alors, les investisseurs peuvent prendre des options d’achat ou de vente de la société.

 

«N’importe quelle société peut être réduite à la faillite»

Les sociétés de certains secteurs sont-elles plus vulnérables à la faillite que d’autres? «En théorie, dit M. Sissons, n’importe quelle société peut être réduite à la faillite, mais en fait, ce sont habituellement des sociétés établies qui ont trop de dettes.»

«Les sociétés technologiques à croissance rapide qui enregistrent continuellement des pertes nettes, puis se retrouvent à court d’argent, sont également en péril», remarque M. Sissons, prenant pour exemple le géant des télécoms canadiennes Nortel, qui s’est effondré et a déclaré faillite en 2009.

Si pour une raison ou pour une autre vous vous retrouvez à posséder des actions d’une société qui n’a pas des fondements solides, il est très important que vous en compreniez d’emblée les risques et que vous vous assuriez que ce placement demeure valide pour votre stratégie.

M. Sissons a un conseil tout simple: «n’achetez pas de sociétés qui ont un mauvais bilan comptable. Lisez les commentaires des vérificateurs aux comptes et des organismes de cotation de la dette, et soyez au fait des travaux de recherche» et des notes des analystes.

Mais il y a beaucoup de choses à surveiller, et c’est un processus très prenant. «Si ce travail représente un fardeau trop important, pour vous aider, recourez aux services d’un spécialiste de la planification du patrimoine», affirme-t-il.

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