Grèce: la course contre la montre est amorcée

Publié le 22/06/2015 à 06:34

Grèce: la course contre la montre est amorcée

Publié le 22/06/2015 à 06:34

Par AFP

Photo: Shutterstock

Le sort de la Grèce se joue à quitte ou double lundi à Bruxelles où plusieurs réunions au plus haut niveau, dont un sommet extraordinaire de la zone euro, sont prévues pour éviter au pays un défaut de paiement aux conséquences imprévisibles.

Après cinq mois de négociations dans l'impasse, les principaux acteurs de la crise grecque doivent se retrouver pour des réunions marathon, à dix jours d'échéances financières cruciales qu'Athènes n'a plus les moyens d'honorer. 

Un défaut de paiement risquerait d'entraîner l'éjection du pays hors de la zone euro, une éventualité que tous les participants disent vouloir éviter.

«Le sort de la Grèce, de l'euro se joue en bonne part aujourd'hui », a estimé Pierre Moscovici, le commissaire européen aux Affaires économiques, interrogé sur la radio française Europe 1. 

Cette crise a déjà été l'occasion de maintes réunions présentées comme très importantes, mais « cette fois c'est décisif », a-t-il insisté, disant croire en un accord dès lundi soir.

Un optimisme partagé par les Bourses européennes qui bondissaient lundi: vers 08H50 GMT, Paris prenait 3,15%, Francfort 3,38% et Londres 1,31%. La Bourse d'Athènes s'envolait de plus de 8%.

L'horizon s'est quelque peu dégagé dans la nuit de dimanche à lundi, Athènes ayant fait parvenir de nouvelles propositions de réformes et d'économies budgétaires, vues à Bruxelles comme « une bonne base ».

Accouchement aux forceps

«Nouvelle proposition grecque reçue par M. Juncker, Mme Lagarde et la Banque centrale européenne. Bonne base pour faire des progrès au sommet de la zone euro », a réagi dans la nuit Martin Selmayr, le chef de cabinet du président de la Commission, Jean-Claude Juncker. En allemand, sa langue maternelle, l'homme de l'ombre de la Commission a toutefois évoqué « un accouchement aux forceps ».

Ces propositions, dont le contenu n'a pas été révélé, « vont dans le bon sens, elles peuvent permettre une base d'accord, cela veut dire qu'il y a encore de quoi discuter », a renchéri M. Moscovici.

Un sentiment positif partagé par le ministre des Finances français Michel Sapin qui a jugé « de qualité » le travail autour des dernières propositions d'Athènes, à l'antenne de la radio RFI.

D'un accord sur les réformes et les mesures budgétaires que la Grèce doit entreprendre dépend le déboursement d'une tranche de prêts de 7,2 milliards d'euros, en suspens depuis des mois et dont Athènes a cruellement besoin.

Le pays, à court d'argent, risque de ne pouvoir honorer le 30 juin un remboursement de quelque 1,5 milliard d'euros au FMI. Dans pareil cas, il sera en défaut de paiement, et la BCE risque de couper les financements d'urgence pour ses banques.

Une réunion des ministres des Finances de la zone euro est prévue à 10H30 GMT, et sera suivie dans la soirée d'un sommet réunissant les 19 dirigeants de la région, la patronne du FMI, Christine Lagarde, le président de la BCE, Mario Draghi, et le chef de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem.

Un premier rendez-vous test attend dans la matinée le Premier ministre grec Alexis Tsipras à 09H00 GMT: il doit rencontrer en petit comité les représentants de ses créanciers, soit Mme Lagarde, M. Draghi, M. Dijsselbloem et Jean-Claude Juncker, qui joue volontiers le rôle de médiateur dans ces difficiles négociations.

Les banques inquiètent

Les différentes sessions de négociations devront se conclure par un avis positif sur les propositions grecques pour que le sommet de la zone euro permette le dénouement tant attendu.

D'autant plus que la situation des banques grecques inquiète, avec une accélération des retraits des épargnants au cours des derniers jours qui renforce les craintes pour le système bancaire.

« Une des raisons pour lesquelles nous devons agir aujourd'hui c'est pour éviter que les épargnants soient spoliés », a souligné M. Moscovici, alors que le conseil des gouverneurs de la BCE a relevé lundi matin l'aide d'urgence aux banques grecques, lors d'une réunion extraordinaire. 

Le montant du relèvement -- le troisième depuis mercredi pour faire face à des retraits massifs de leur épargne par les Grecs -- n'a pas été précisé. Les gouverneurs de la BCE pourraient se réunir à tout moment pour prendre une nouvelle décision d'aide si nécessaire, « même encore aujourd'hui ou demain », a indiqué une source bancaire grecque.

En attendant, à Athènes, le calme plat régnait devant et dans les banques, a constaté une journaliste de l'AFP. Les clients étaient servis sans attente au guichet et une très petite portion d'entre eux souhaitait un transfert d'argent à l'étranger, a-t-elle relevé.

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