Unilever: un choix prudent dans une industrie attaquée

Publié le 27/09/2018 à 07:00

Unilever: un choix prudent dans une industrie attaquée

Publié le 27/09/2018 à 07:00

Par Dominique Beauchamp

Le géant européen de produits de consommation courante Unilever se bute aux mêmes gros défis de croissance que ses rivaux, mais sa culture lui donne un avantage.

Au moment où les investisseurs se demandent si les grandes marques ont encore de la valeur dans un monde où l’assaut d’Amazon(AMZN, 199,xx $US) perturbe les détaillants traditionnels Stephen Boland, d’Odlum Brown apprécie la double personnalité d'Unilever (U.L, 55,11$US) qui est à la fois performante et prudente. 

«En un mot, le PDG Paul Polman depuis 2009 a su insufflé une culture de performance à l’échelle d’une énorme organisation qui valorise les décisions à long terme», explique l’analyste. 

Des marques reconnues

La multinationale anglo-néerlandaise démontre une volonté hors pair de réinvestir dans ses marques pour qu’elles conservent le haut du pavée et ainsi le pouvoir d’imposer ses prix, ajoute-t-il.

Les plus connues sont sans doute les sauces Knorr, les savons Dove, les déodorants Degree et la crème glacée Breyers.

Quelque 85% de ses revenus proviennent des marques qui occupent le premier ou le deuxième rang du marché.

Autre attrait aux yeux de M. Boland est la présence historique des marques d’Unilever dans les marchés émergents où elle réalise 55% de ses ventes.

M. Boland aime rappeler qu’Unilever est en Inde depuis la fin du 19e siècle. «C’est dire à quel point son réseau de distribution y est bien implanté et rodé», dit-il.

Tous ces facteurs sont des avantages concurrentiels durables, à son avis.

Plus de pression, après le choc de Kraft Heinz

Après avoir refusé les avances de Kraft Heinz (KHC, 55,17 $US) en février 2017, Unilever a haussé la barre un peu plus haut.

Elle a promis de hausser ses marge de 17% à 20% en 2020. Elle a musclé son programme de rachats d'actions de 7,6 milliards de dollars canadiens. L'entreprise au aussi instauré la pratique du budget zéro pour repérer d'autres économies.

Le géant de 142G$US aiguise sans cesse son portefeuille de marques pour soutenir sa performance.

Unilever a notamment gobé le service d’abonnement en ligne de lames de rasoir Dollar Shave, les produits naturels Seventh Generation et la mayonnaise végétalienne Sir Kensington, ces dernières années.

Sa masse critique lui permet aussi de cueillir des marques plus régionales tels que les produits de beauté Quala’s en Amérique latine, les produits pour la peau Sundial Brands aux États-Unis et Carver Korea à Singapour ou encore Equilibra en Italie.

À l’inverse, la société a cédé son producteur de margarine à KKR &Co. dans une transaction de 8,1 G$US, il y a un an. Cette division en déclin dégageait tout de même de bonne marges.

M. Boland apprécie aussi ses attributs défensifs, dans une industrie exigeante.

Ses énormes flux de trésorerie financent le rachat réguliers de ses actions. Son dividende a crû à un rythme annuel de 8% en moyenne …. depuis 1979.

Pour couronner le tout, il juge l’évaluation du titre, de 19 fois les bénéfice prévus, assez juste compte tenu de sa grande qualité, même si la croissance est modeste. Il fixe son cours-cible à 65$ US, soit un potentiel de 18% pour les investisseurs patients.


« C’est un bon titre à accumuler petit à petit quand son cours baisse »

La consolidation n’est pas finie

La société n’exclut pas de plus grosses transactions bien que l’acquisition laborieuse du fabricant des sauces Knorr et de la mayonnaise Hellmann’s, pour 20 milliards de dollars américains en 2000 ait laissé des cicatrices.

Wall Street citent parfois Colgate-Palmolive (CL,67,10 $US) ou Estée Lauder (EL, 141,73 $US $) en tant que cibles qui accentueraient le virage d’Unilever vers les produits de santé-beauté.

Le fabricant de dentifrices et de savons Colgate-Palmolive est d’ailleurs le deuxième choix de placement de M. Boland dans le dossier «Les grandes marques ont -elles encore de la valeur?» publié dans l’édition du 29 septembre du journal Les Affaires.

Vous y trouverez aussi deux opinions contraires à l’égard des perspectives de Kraft Heinz.

 

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