Pétrole et bourse canadienne à la croisée des chemins

Publié le 11/08/2015 à 14:43

Pétrole et bourse canadienne à la croisée des chemins

Publié le 11/08/2015 à 14:43

Par Jean Gagnon

(Photo: Bloomberg)

Comme si le prix du pétrole n’était pas suffisamment bas, voici que la Banque populaire de Chine dévalue le yuan et fait avorter ce qui semblait être une amorce de reprise du prix de l’or noir.

En annonçant mardi matin qu’elle abaissait de 2% son niveau de référence pour sa devise, la Chine a donné l’impression qu’elle était de plus en plus inquiète quant à la santé de son économie.

En dévaluant sa devise afin de stimuler ses exportations, elle a rendu les importations de pétrole et de matières premières plus chères, ce qui a comme conséquence d’affecter négativement la demande. Aussitôt, le prix du pétrole est tombé de 1,50$. Au moment d’écrire ces lignes, il menaçait de tomber en bas de 43$US.

L’espoir d’une remontée du prix du pétrole d’ici la fin de l’année semble de plus en plus s’estomper, alors qu’un recul sous la barre des 40$ deviendrait catastrophique pour l’industrie canadienne et son marché boursier.

Le consensus des prévisions en début d’année voulait que le prix du pétrole demeure faible jusqu’à la mi-2105 avant d’entreprendre une remontée graduelle.

«La remontée prévue des cours pétroliers reflétait l’idée que les faibles prix du pétrole entraineraient un rééquilibrage du marché mondial en freinant la poussée de la production de pétrole non traditionnel en Amérique du Nord et en stimulant la demande», dit Mathieu D’Anjou, économiste principal chez Desjardins.

Mais c’était sans compter sur une augmentation spectaculaire de la production des pays membres de l’OPEP, principalement l’Iraq et l’Arabie Saoudite, ajoute l’économiste. De 30,4 millions de barils par jour à la fin de l’année dernière, la production de l’OPEP est passée à 32 millions en juin.

Et ce n’est pas fini. «La stratégie très agressive de l’Arabie Saoudite n’est certainement pas étrangère au fait que l’Iran, son grand rival régional,tentera à son tour de vendre davantage de pétrole l’an prochain», dit M. D’Anjou. Dans ce contexte, la production de l’OPEP se dirige éventuellement vers 33 millions de barils par jour, ce qui maintiendra un important surplus sur le marché mondial pendant encore plusieurs trimestres, selon lui.

Pour réaliser un bon rendement, l’industrie pétrolière a besoin d’un prix entre 70$ et 100$, estime Benoit Brillon, chef des placements et gestionnaires de portefeuilles chez Gestion de portefeuille Landry. Entre 45$ et 70$, elle survit. «Mais si le prix devait tomber à 35-40$ et y demeurer pendant quelques mois, la situation sera très difficile pour l’industrie, et les banques pourraient bien vouloir effectuer un nettoyage», dit-il.

La fin de l’exercice financier des banques canadiennes est le 31 octobre. Un peu avant cette date, les banques révisent les crédits octroyés afin de rétablir la qualité de son portefeuille de prêts en inscrivant des provisions pour pertes, et en réduisant les marges de crédit consenties à certains clients. Si le prix du pétrole continue de baisser, les banques pourraient bien agir envers certaines des compagnies du secteur, croit M. Brillon.

Dans ce contexte, les profits des banques seront affectés négativement et l’industrie pétrolière se portera encore plus mal. Ce n’est certainement pas de bon augure pour la bourse canadienne où les banques et les compagnies pétrolières entraîneront alors près de 50% de l’indice S&P/TSX vers le bas.

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