Metro: Eric La Flèche reste confiant, mais les défis s'accentuent

Publié le 26/01/2016 à 14:47

Metro: Eric La Flèche reste confiant, mais les défis s'accentuent

Publié le 26/01/2016 à 14:47

Par Dominique Beauchamp

Le président et chef de la direction du détaillant Éric R. La Flèche a été nommé pdg de l'année 2015, grande entreprise, par le Journal Les Affaires. (Photo: Christian Blais)

Le ralentissement économique et l’inflation alimentaire jettent du sable dans le métronome de l’épicier Metro (Tor.,MRU.A,40,98$), mais son pdg Éric R. La Flèche, s’est dit confiant de poursuivre sur sa lancée, devant les actionnaires réunis pour l’assemblée annuelle au centre-ville de Montréal.

«Nous ne prenons rien pour acquis, mais nous sommes confiants d’atteindre nos objectifs même si la concurrence est toujours aussi intense, que la croissance est au ralenti et que la hausse des prix des aliments est difficile pour les consommateurs», a déclaré M. La Flèche, après avoir dévoilé un bond de 24% du bénéfice et une hausse de 20% du dividende, au premier trimestre,

Toutes les enseignes et toutes les régions contribuent à la croissance de l’épicier qui gagne aussi des parts de marché, a assuré M. La Flèche, lors de la conférence de presse qui a suivi l’assemblée.

Ainsi, même si la hausse de 2,8% des ventes comparables du premier trimestre équivaut à l’inflation des aliments, et suggère des volumes de ventes stables, la fréquentation des épiceries, le nombre de clients, la satisfaction des clients et le panier moyen augmentent, a dit le pdg avec l’aplomb d’un dirigeant qui maitrise chaque mesure de performance de son entreprise.

La rechute du huard par rapport au billet vert arrive au pire moment de l’année pour Metro qui importe 40% de ses achats pendant la saison hivernale.

La dépréciation du huard se fait même sentir sur les produits non périssables achetés au Canada puisque leur fabricant est souvent une multinationale américaine, a expliqué M. La Flèche.

«Cet impact se fera encore plus sentir au printemps en raison de l’effet de décalage du taux de change. Il nous faudra suivre ça de très près et mettre nos fournisseurs au défi», a-t-il prévenu.

D’ailleurs, Jim Durran, de Barclays, s’inquiète un peu de voir la croissance des ventes comparables et les marges se modérer au cours des prochains trimestres.

«La hausse de 0,17% de la marge brute au premier trimestre est nettement moins que celle de 0,40 à 0,50% des deux trimestres précédents», écrit l’analyste.

Ces soucis ont probablement fait fléchir l’action de Metro 2% après le dévoilement des résultats. Il faut dire que son évaluation record de 17,8 fois les bénéfices prévus signale que les investisseurs ont des attentes élevées à satisfaire, après un bond de 137 % de son action depuis trois ans.

Le côté néfaste de l'inflation 

Si l’inflation alimentaire gonfle les revenus, lorsque les prix deviennent inabordables, les volumes chutent rapidement parce que les consommateurs évitent les produits chers et en substituent d’autres.

«Nous vendons pas mal de poulet», a aussi confié un marchand de Lévis, en marge de l’assemblée annuelle.

En même temps, l’épicier doit multiplier les promotions pour attirer les clients. «La pression est sur nos acheteurs qui doivent être aguerris et flexibles», a admis M. La Flèche.

En Ontario, c’est la «tempête parfaite» nous a dit le responsable de cette division, Carmen Fortino, un vétéran qui est revenu dans l’industrie à la demande de M. La Flèche, en août 2014.

«Le huard, les perturbations d’approvisionnement causées par le climat et l’intensité de la concurrence, rarement ai-je vu autant de vents contraires en même temps dans ma carrière», a révélé celui qui a vendu la chaîne familiale Fortino à Loblaw, en 1988.

Des investissements là où ça rapporte

Pour faire face à la musique, Metro accélère ses investissements là où ça rapporte. En 2016, Metro compte investir un record de 300 millions de dollars dans l’ouverture de dix nouveaux magasins et la rénovation de 30 autres.

Un consommateur moins dépensier est aussi une occasion à saisir pour ses enseignes au rabais, Super C au Québec et Food Basics en Ontario, qui reçoivent d’ailleurs une bonne part des investissements.

Metro compte ouvrir 2 à 3 magasins de chacune de ces enseignes dans les régions où elles sont sous-représentées, cette année. Un Super C ouvrira d’ailleurs bientôt ses portes à Saint-Georges-de Beauce.

Quant à la chaîne d’aliments méditerranéens Adonis, acquise il y a quatre ans, un onzième magasin ouvrira ses portes au Québec en 2016.

Cette enseigne compte deux magasins en Ontario où l’équipe gagne en expérience.

«Nous profitons aussi de l’expertise de son distributeur dont les produits Phoenicia et Cedar se retrouvent de plus en plus sur les tablettes de toutes nos enseignes. Les consommateurs en veulent et ces produits nous distinguent», indique M. La Flèche.

Le boulanger Première Moisson renforce aussi le positionnement de fraîcheur de Metro. L’épicier teste actuellement six mini-boutiques Première Moisson dans ses épiceries.

Si c’est concluant, d’autres suivront plus tard cette année. 

«C’est un autre facteur de différentiation» a indiqué le pdg.

En plus, deux à trois magasins Première Moisson s’ajouteront en 2016 à ses 24 établissements existants.

Pas d’acquisition en vue

Metro se dit toujours à l’affut d’acquisitions, mais rien n’est éminent.

«Nous n’avons pas besoin d’une acquisition pour soutenir notre croissance», a répondu M. La Flèche, à la question d’un journaliste.

Le dirigeant place d’ailleurs les acquisitions au quatrième rang des priorités stratégiques de 2016, derrière les efforts pour différencier sa marque, l’expansion des enseignes au rabais et la simplification des processus d’affaires.

L’épicier continue d’investir dans son effort numérique et son programme de fidélité Metro & Moi qui personnalise les promotions en fonction des achats.

En 2016, Metro mènera un projet-pilote d’épicerie en ligne probablement à Montréal, mais le pdg a refusé d’en dire plus pour des raisons concurrentielles.

«Pour l’instant, la demande des clients n’est pas là, mais nous voulons être prêts. Cette offre fera partie de la gamme de nos services», a dit M. La Flèche.

À la une

Compétitivité: Biden pourrait aider nos entreprises

26/04/2024 | François Normand

ANALYSE. S'il est réélu, Biden veut porter le taux d'impôt des sociétés de 21 à 28%, alors qu'il est de 15% au Canada.

Et si les Américains changeaient d’avis?

26/04/2024 | John Plassard

EXPERT INVITÉ. Environ 4 électeurs sur 10 âgés de 18 à 34 ans déclarent qu’ils pourraient changer leur vote.

L’inflation rebondit en mars aux États-Unis

Mis à jour le 26/04/2024 | AFP

L’inflation est repartie à la hausse en mars aux États-Unis, à 2,7% sur un an contre 2,5% en février.