La réforme fiscale américaine ne désavantage pas BRP, dit son PDG

Publié le 21/03/2018 à 16:29

La réforme fiscale américaine ne désavantage pas BRP, dit son PDG

Publié le 21/03/2018 à 16:29

Par Stéphane Rolland

Photo: courtoisie.

BRP (DOO) ne profitera pas de la manne d’économie d’impôt offerte par la réforme fiscale aux États-Unis. La fiscalité canadienne ne désavantage pas le fabricant de véhicules récréatifs pour autant, juge son PDG José Boisjoli, en entrevue avec Les Affaires, dans le cadre du dévoilement de résultats trimestriels. 

Pour BRP, peu de choses changeront en matière de fiscalité en 2019, selon les prévisions de la société de Valcourt dévoilées mercredi. La direction anticipe que son taux d’imposition sera d’entre 26,5% et 27,5% en 2019. Un taux relativement stable par rapport à celui de 26,8% en 2018.

La prévision tranche avec plusieurs grandes multinationales québécoises qui réaliseront d’importantes économies grâce à la réforme. C’est le cas de Saputo, Alimentation Couche-Tard, le Canadien National, Stella-Jones et Coegco, notamment.

«On a un petit bénéfice aux États-Unis, explique M. Boisjoli au bout du fil. La grande partie de nos affaires là-bas sont liées à la distribution. Ça ne génère pas beaucoup de bénéfice, notre économie d’impôt est bien moindre que celle de nos concurrents américains. »

Cela désavantagera-t-il l’entreprise québécoise par rapport aux concurrents américains ? «Les États-Unis et le Canada sont rendus dans les mêmes eaux avec la réforme de Trump, répond-il. Ça ne donne pas vraiment un avantage pour les États-Unis versus le Canada.»

Ce commentaire s’inscrit dans l’approche fiscale d’Ottawa qui a décidé d’attendre de mesurer les effets de la négociation de l’ALENA et de la réforme fiscale américaine avant de revoir ses politiques. L’opinion ne fait toutefois pas consensus parmi les hauts dirigeants du Québec inc. Dans une conférence avec les analystes en février, Éric Boyko, le PDG de Stingray, juge que le Canada devrait diminuer l’impôt des entreprises à son tour au risque de perdre de son attrait.

ALENA

Toujours sur les politiques de l’administration Trump, M. Boisjoli préfère attendre de voir ce qui sortira des négociations de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) avant de revoir son plan de match. Il assure cependant pouvoir réagir «rapidement » à la nouvelle donne, si cela devenait nécessaire.

«Quand M. Trump a été élu, nous avons regardé les différents scénarios envisageables, commente-t-il. Il y a tellement de scénarios possibles, qu’on a arrêté de regarder. On pense que si un changement est adopté, les administrateurs en place vont donner un temps raisonnable aux entreprises pour s’ajuster. Notre industrie est relativement petite. Lorsqu’on se compare aux grands transporteurs automobiles, les impacts potentiels font en sorte que les administrateurs n’auront pas le choix de donner le temps aux entreprises de s’ajuster.»

Des entraves aux libres-échanges ne seraient pas dans l’intérêt de BRP. La société a des installations au Québec, au Mexique, aux États-Unis et en Europe et elle vend ses produits à travers le monde.

José Boisjoli, le PDG de BRP. [Photo : Martin Flamand]

M. Boisjoli se dit toutefois optimiste quant à l’issue des négociations. «Il semble que le ton se soit amélioré. Nous pensons que nos dirigeants vont trouver une manière de s’entendre, mais nous gardons toujours cet enjeu en tête. »

Les cycles économiques

La tendance économique est favorable à l’entreprise. Dans une conférence avec les analystes, M. Boisjoli a d’ailleurs dit que le faible taux de chômage dans plusieurs pays et la bonne tenue de l’immobilier pointent vers un contexte favorable pour l’industrie. 

Entreprise cyclique, BRP serait-elle prête lorsque le cycle favorable tirera à sa fin? José Boisjoli pense que la diversification de l’entreprise, que ce soit pour le portefeuille de produits ou les marchés où elle est présente, permet de naviguer au travers des changements de cycles.

«Le gros avantage de BRP, c’est notre diversification géographique. Par exemple, on observe une reprise au Brésil et en Russie depuis six à neuf mois. Ça pourrait compenser si l’économie ralentit dans des endroits où le cycle est plus avancé. C’est un avantage par rapport à nos concurrents qui sont plus concentrés en Amérique du Nord ou en Asie.»

L’entrevue a eu lieu dans le cadre du dévoilement des résultats du quatrième trimestre. Vous pouvez lire le compte rendu des résultats ICI et les faits saillants de la conférence avec les analystes ICI.

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