La grande sélection


Édition du 27 Août 2015

La grande sélection


Édition du 27 Août 2015

Par Stéphane Rolland
Les choix de Marie-Ève Savard

Marie-Ève Savard, gestionnaire de portefeuille principale de Gestion d'actifs Manuvie, est la seule participante à présenter des sociétés canadiennes, plus précisément deux entreprises québécoises. Celles-ci génèrent toutefois une part importante de leurs revenus à l'extérieur du pays.

WSP (Tor., WSP, 32,38 $)

C'est le cas, de la firme de génie-conseil montréalaise WSP Global (Tor., WSP, 32,38 $) qui ne tire que 20 % de ses revenus au Canada. Grâce à sa stratégie d'acquisition (WSP en 2012 et Parsons Brinckerhoff à la fin 2014), l'ancienne Genivar a doublé sa taille à 4 G$ de capitalisation boursière. Cette envergure pourrait permettre à WSP de réaliser des acquisitions sans dilution du capital par une émission d'actions, croit la gestionnaire, qui gère un Fonds de revenus mensuels.

La direction prévoit générer des revenus de 4,1 à 4,7 G$ cette année. Elle vise des entrées de 6 G$ dès 2018. «Les synergies issues de l'intégration de Parsons restent à venir, ce qui contribuera à la croissance des bénéfices», ajoute Mme Savard.

Le titre s'échange à 23 fois les bénéfices de 2015, mais Mme Savard estime que c'est raisonnable pour une société capable d'accroître ses bénéfices de 20 % par année. La plupart des analystes aiment le titre. Neuf recommandent l'achat, mais trois émettent une recommandation de conserver et un, de vendre.

Alimentation Couche-Tard (Tor., ATD.B, 59,11 $)

La croissance interne d'Alimentation Couche-Tard (Tor., ATD.B, 55,11 $) en fait une société attrayante, croit Marie-Ève Savard. La cerise sur le gâteau : le marché ne tient pas compte de l'impact d'une éventuelle acquisition. Pour cette raison, la gestionnaire de portefeuille réitère son intérêt pour l'entreprise qu'elle avait présentée lors de sa participation à la table ronde de 2012.

La portefeuilliste est d'avis que le multiple de 23 fois les prévisions de bénéfices pour l'exercice 2016 (se terminant le 30 avril) est raisonnable. «On sait très bien qu'Alimentation Couche-Tard veut faire des acquisitions, qu'elle est capable de le faire et qu'elle regarde partout dans le monde. Il y a beaucoup d'occasions du côté des pétrolières qui veulent se départir de leurs stations-service au cours des prochaines années. Le marché est très fragmenté.»

Comme pour WSP, la grande part des bénéfices de la société de Laval provient de l'étranger (13,6 % du Canada, 27,8 % de l'Europe et 58,6 % des États-Unis). Les ventes des produits alimentaires, avec leurs marges plus élevées, contrebalancent le déclin enregistré des produits du tabac. «Le tabac n'offrait pas beaucoup de marges, mais servait plutôt de source d'achalandage», précise-t-elle.

Les marges tirées de la vente du carburant soulèvent quelques doutes chez certains analystes. David Hartley, de Credit Suisse, est l'un d'eux. Bien qu'elles résistent, si les marges devaient décliner, les prévisions du marché pourraient être révisées «substantiellement», prévient-il.

Mme Savard, pour sa part, constate que les marges du carburant ont augmenté au cours des dernières années. «Les consommateurs achètent plus de supercarburant, qui procure des marges plus élevées, répond-elle. De plus, les petits acteurs n'ont pas beaucoup de marge de manoeuvre pour réduire leurs coûts afin de concurrencer les grands joueurs.»

Danaher (NY, DHR, 85,28 $ US)

La société industrielle Danaher (NY, DHR, 90,63 $ US) affiche un solide bilan de croissance à long terme, et l'acquisition de Pall (NY, PLL) pourrait apporter encore plus d'eau au moulin, pense Marie-Ève Savard.

En mai, le fabricant de produits industriels et médicaux de Washington a annoncé l'acquisition du spécialiste des filtres à air et à eau, pour un montant de 13,8 G$ US. La transaction devrait être conclue d'ici la fin de l'année. En 2016, l'entreprise se scindera en deux. La société qui conservera le nom de Danaher gardera ses produits de sciences de la vie et de diagnostics, ainsi que les filtres de Pall. La nouvelle entité scindée, NewCo, aura le portefeuille de produits industriels.

«Cela permettra aux deux entreprises de croître plus rapidement, commente-t-elle. Danaher continuera d'avoir un profil de croissance à long terme, tandis que NewCo pourra consacrer plus d'énergie aux acquisitions, ce qui n'était pas vraiment la priorité depuis 2008.»

Bien avant la scission, Danaher jouit actuellement d'une bonne réputation. Jacques Maurice, conseiller principal en gestion de patrimoine de Scotia McLeod, glisse que Danaher est l'une de ses entreprises favorites. Des 22 analystes qui suivent les titres, 16 émettent une recommandation d'achat et 6 suggèrent de le conserver. Mme Savard ajoute que les produits de Danaher sont en forte demande dans des secteurs en croissance. Même en Chine où l'économie s'affaiblit, elle parvient à augmenter son bénéfice annuel de 8 % à 9 %, donne-t-elle en exemple.

Mark Lin, vice-président, actions internationales, chez Gestion d'actifs CIBC, connaît bien la société. Il ne serait toutefois pas acheteur, car il préfère miser sur des entreprises qui recourent moins à la dette. Par contre, Danaher peut rembourser rapidement sa dette qui représente 2,6 fois son bénéfice avant impôts, intérêts et amortissement (BAIIA), répond Mme Savard. Elle cite une analyse de Barclays qui affirme que ce ratio pourrait passer à 1,2 fois en 2017, puis à 0,3 en 2019.

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