À l’heure actuelle, le titre de Transat représente une belle occasion de placement... Photo : Transat
Alors que le titre de Transat A.T. a perdu plus du tiers de sa valeur en moins d’une semaine, un gestionnaire de portefeuille voit une occasion de placement à long terme. Christian Godin, de la firme Montrusco Bolton, nie en effet que le modèle d’entreprise de Transat AT soit périmé, une idée qui contribue à déprimer en ce moment l’action du voyagiste québécois.
PLUS : Transat: victime de la concurrence des transporteurs réguliers
«Si on regarde la performance de Transat depuis 15 ans, on s’aperçoit que l’entreprise a survécu à toutes les crises, malgré des résultats parfois très mauvais. Ce qu’il faut retenir, par contre, c’est que Transat évolue dans une industrie hautement cyclique », a-t-il expliqué.
C’est pour cette raison que le titre de Transat A.T. ne devrait jamais être acheté à un ratio cours-bénéfice élevé, selon M. Godin : «On achète Transat quand le titre se négocie à 10 ou 12 fois les profits, pas à 20 fois les profits, pour tenir compte des risques de l’industrie.»
À l’heure actuelle, le titre représente une belle occasion de placement « à long terme» parce que le titre est en défaveur, avance le gestionnaire de portefeuille. Rien n’indique en effet que Transat ne peut pas rebondir.
Selon M. Godin, la forte baisse du titre vient de ce que le marché s’attendait à ce que les pressions concurrentielles s’amenuisent après un hiver difficile en 2009 où Transat A.T. avait su tirer son épingle du jeu. «La plupart des concurrents de Transat sont disparus l’hiver dernier, Transat émergeait comme le grand gagnant», a-t-il souligné
Or, la surprise est venue de ce que des transporteurs traditionnels ont choisi d’utiliser leurs avions cet hiver pour effectuer des liaisons vers des destinations soleil. Cela a été rendu possible par le fait que les hôtels du Sud n’étaient pas loués à pleine capacité
«Transat souffre des difficultés des transporteurs traditionnels comme Air Canada et WestJet, qui, pour pallier la baisse de la demande pour les vols d’affaires, se tournent vers les destinations vacances», a-t-il mentionné.
Selon lui, le départ tout récent du pdg de WestJet, Sean Durfy, témoigne des difficultés du transporteur albertain, qui vient de prendre livraison de dix nouveaux avions à un moment où la demande pour les voyages d’affaires est faible.
À cet égard, M. Godin est très critique d’une industrie du transport aérien qui carbure à la testostérone et qui surestime souvent la croissance de son marché. «C’est un monde d’ego monstrueux. Tout le monde a le sentiment d’être dix fois plus intelligent que son rival», a-t-il dit.
À court terme, il ne faut cependant pas attendre une remontée rapide du titre de Transat, selon M. Godin. Un élément catalyseur sur le titre ne devrait pas se produire avant l’été prochain. La reprise devrait se faire sentir lorsque le retour des voyageurs d’affaires entraînera le départ du marché des vacances d’Air Canada et de WestJet, croit M. Godin.
PLUS : D'autres analystes ne pensent pas de la même façon
