Comment Apple peut emprunter pour presque rien

Publié le 13/02/2015 à 11:12

Comment Apple peut emprunter pour presque rien

Publié le 13/02/2015 à 11:12

Par Jean Gagnon

Photo: Shutterstock

Pour la première fois de l’histoire, des investisseurs ont récemment commencé à payer pour prêter de l’argent à une entreprise. En effet, ce fut le cas de Nestlé S.A. qui a emprunté à taux négatif pour un terme de 2 ans il y a peu de temps, et c’aurait bien pu être le cas d’Apple (Nasdaq, AAPL) cette semaine.

Apple a plutôt choisi d’émettre des obligations venant à échéance en 2024 à un rendement de 0,28% et une autre tranche échéant en 2030 à 0,78%. Si elle a avait elle aussi décidé d’emprunter pour un terme d’un an ou deux ans, les investisseurs auraient eu à payer pour lui prêter de l’argent.

Comment cela est-il possible? C’est simple, Apple a émis des obligations libellées en francs suisses, tandis qu’un grand nombre d’investisseurs veulent détenir des devises suisses, explique Guy Liébart, président de Gestion Sodagep, une firme de gestion de portefeuilles montréalaise.

La demande pour cette devise est si forte que la Banque nationale de Suisse (BNS) a dû abandonner le mois dernier sa politique de taux fixe avec l’euro, ce qui a fait bondir la valeur de la monnaie du pays. En même temps, la BNS abaissait ses taux d’intérêt.

Les taux sur les obligations de la Confédération sont maintenant négatifs jusqu’au terme de 10 ans. Vendredi matin, le rendement était de -0,08%. Quant aux taux à court terme, le taux Libor 3 mois en francs suisses, était de -0,89%.

Le taux sur les obligations d’Apple a été établi en fonction du taux des obligations de la Confédération plus un certain écart. Comme Apple détient une excellente cote de crédit, cet écart est infime.

Quel est l’intérêt pour les investisseurs?

«Pour les détenteurs de francs suisses, les obligations d’Apple s’avèrent un substitut intéressant aux obligations gouvernementales, car elles génèrent un meilleur rendement», dit Guy Liébart. «Et qui sait si les rendements des obligations ne baisseront pas encore plus», ajoute-t-il.

Quant à Apple, elle prend avantage du fait que le franc suisse se soit grandement apprécié comparativement à l’euro, mais aussi contre le dollar américain, explique Hendrix Vachon, économiste principal chez Desjardins et expert du marché des changes. Le mois dernier, avant le geste de la BNS, il en coûtait 1,02 franc suisse pour acheter un dollar américain. Aujourd’hui, il n’en coûte plus que 0,93 franc.

Quel est le risque pour Apple? Qu’elle doive payer plus cher lorsque viendra le temps de rembourser les obligations si le franc suisse a continué de s’apprécier, explique l’économiste.

Cela dit, Apple aura peut-être l’occasion d’éliminer ce risque. Le marché pour le franc suisse pourrait éventuellement être favorable à Apple, croit M. Vachon. «Le gros de l’appréciation du franc a été faite, et si le franc devait faiblir quelque peu au cours des prochains mois, Apple aura tout le loisir de couvrir son risque de change par l'entremise de contrats à terme», dit-il.

De plus, des rumeurs circulent à l'effet que la BNS voudrait éventuellement fixer à nouveau le cours du franc à celui de l’euro. «Ce serait une bonne nouvelle pour Apple, car cela apporterait beaucoup de stabilité au franc», souligne l’économiste de Desjardins.

Plusieurs entreprises pourraient être tentées d’imiter Apple. Mais elles devront faire vite , croit M. Vachon, car le marché sera rapidement saturé compte tenu que le marché du franc suisse est beaucoup plus petit que celui du dollar américain ou de l’euro.

 

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