Comment aborder la prochaine année boursière

Publié le 22/01/2021 à 10:00

Comment aborder la prochaine année boursière

Publié le 22/01/2021 à 10:00

(Photo: 123RF)

BLOGUE INVITÉ. Je suis de nature optimiste, mais prudente.

Commençons donc par les nombreuses raisons qui permettent d’être optimiste en ce début d’année 2021. En premier lieu, après une année 2020 qui pourrait difficilement avoir été plus pénible pour la population mondiale, il y a fort à parier que les conditions de la pandémie mondiale se résorberont en cours d’année. Avec la résolution de la COVID-19, il faut s’attendre à ce que l’économie rebondisse fortement et que le marché de l’emploi se replace graduellement. La pandémie a certainement reporté une forte demande qui a été refoulée par la pandémie et qui pourrait exploser dès que les conditions sanitaires deviendront sécuritaires. Les restaurants, les sociétés de transport aérien, les hôtels, les musées feront sans doute des affaires d’or.

Parmi les autres facteurs positifs, les taux d’intérêt demeurent historiquement très bas, ce qui a non seulement contribué à un ralentissement économique moins profond que ce qu’on aurait pu prévoir en début de pandémie, mais devrait également contribuer à une forte reprise. Aussi, les gouvernements occidentaux ont clairement démontré qu’ils étaient prêts à tout faire pour relancer l’économie en injectant des sommes gigantesques d’argent dans leur économie pour aider les plus petites entreprises et les plus démunis de leur population à mieux traverser la crise. De plus, la Réserve fédérale a clairement indiqué qu’elle ne hausserait pas les taux avant que le marché de l’emploi n’ait pleinement récupéré de la pandémie, ce qui pourrait prendre plusieurs trimestres. De tels taux sont particulièrement favorables pour l’évaluation de tout actif financier, à commencer par le marché boursier.

Je suis donc convaincu qu’on traversera non seulement cette crise sanitaire, mais que notre économie saura rebondir rapidement au cours des mois à venir.

En même temps, je ne peux m’empêcher d’être prudent face aux marchés boursiers.

Il me semble que plusieurs nuages noirs camouflent une partie grandissante de notre bleu ciel boursier. Parmi ceux-ci, je noterais en premier lieu la montée fulgurante de l’activité spéculative de la part des investisseurs. On le voit dans le nombre record de comptes de courtage qui ont été ouverts depuis mars 2020 par les particuliers. On le voit dans le nombre record de premiers appels publics à l’épargne en Amérique du Nord et en particulier dans l’attrait déconcertant des «SPAC» («Special Purpose Acquisition Corporation»), ces entreprises-coquilles auxquelles les investisseurs font des chèques en blanc pour réaliser une acquisition. On le voit aussi dans l’engouement pour les entreprises technologiques qui ont connu une autre année exceptionnelle en Bourse, après plusieurs années de rendements supérieurs.

L’investisseur à long terme ne devrait pas s’inquiéter outre mesure de la situation actuelle. En revanche, il devrait selon moi s’assurer d’éviter les titres qui sont très populaires et dont les évaluations défient la raison. Au contraire, il devrait s’assurer que ses entreprises demeurent raisonnablement évaluées, en bonne santé financière et que son portefeuille est toujours bien diversifié.

Il est impossible de prévoir quand un segment à la mode du marché perdra de son attrait pour les autres investisseurs. Il est fort possible que l’engouement pour les titres technologiques se poursuive en 2021 et qu’ils continuent de propulser les indices boursiers plus haut. Je crois néanmoins que ce n’est qu’une question de temps avant que ces titres, dont les évaluations me paraissent excessives, se dégonflent. Pendant ce temps, un peu d’encaisse sur les lignes de côté me semble aussi une bonne idée afin d’être en mesure de profiter de toute occasion susceptible de se présenter.

Lorsque les excès du marché s’estomperont, l’investisseur prudent ne devrait pas être trop affecté; il devrait même être en mesure de profiter du retour du pendule vers les titres «valeur». Entre-temps, patience et prudence devraient être les mots d’ordre.

Philippe Le Blanc, CFA, MBA

Chef des placements, COTE 100

À propos de ce blogue

Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100+. Il est également l’auteur du livre Avantage Bourse et coauteur de La Bourse ou la Vie.

Philippe Leblanc
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