Et si vous regardiez enfin le diable en vous...

Publié le 12/09/2014 à 06:09

Et si vous regardiez enfin le diable en vous...

Publié le 12/09/2014 à 06:09

> Commencer par soi. Le premier service que peut rendre l'entreprise, c'est d'être en bonne santé elle-même. Sans quoi, elle va nuire à son entourage, et donc à son écosystème. Du coup, il lui faut bel et bien veiller à accroître ses profits, comme le préconise Friedman.

> Poursuivre par autrui. L'entreprise ne peut pas se contenter de se faire du bien à elle-même, en se disant que ce sera bénéfique indirectement à ce qui l'environne. Elle doit rendre un service supplémentaire à son écosystème, à savoir l'aider à aller de mieux en mieux. Sans penser juste à elle et à son petit profit personnel, comme le préconise Dodd.

> Optimiser son action. L'entreprise doit veiller à faire du bien tout partout : à elle comme aux autres. Elle se doit d'être bienveillante. Mais attention à ne pas chercher à en faire trop! Car elle se pénaliserait elle-même, à par exemple redoubler d'efforts pour autrui sans que cela ne lui soit vraiment positif. Car elle gaspillerait ses ressources et ses efforts.

Fascinant, n'est-ce pas? Bon. Maintenant, je vois que vous vous interrogez encore : mais comment faire pour savoir quand on en fait trop? quand on gaspille son énergie pour des résultats qui n'en valaient pas vraiment la peine?

C'est là que l'étude de Mme Kleinau et MM. Zülch et Kretzmann devient passionnante. Leur étude montre en effet que l'erreur de ceux qui redoublent d'ardeur dans leur bienveillance réside dans le fait qu'ils visent toujours le même objectif, à savoir faire le maximum de bien autour d'eux. À force de viser et d'atteindre le rond central de la cible, on en finit par chercher à faire encore mieux et à viser le cœur de ce rond central, et par suite à s'épuiser en vain, pour finir par rater complètement nos tirs.

La bonne nouvelle, c'est qu'il y a d'après les trois chercheurs allemands une solution à ce travers de la quête d'excellence. Une solution simple, de surcroît :

> Chercher non plus l'ange, mais le diable. Viser l'angélisme est vain, pis, néfaste. L'idéal est donc de changer de cible, d'arrêter de rivaliser avec les autres pour atteindre l'excellence en matière de bienfaits. Et par conséquent de ne plus chercher à assumer des responsabilités environnementales et sociales de plus en plus élevées, mais plutôt à minimiser son «irresponsabilité environnementale et sociale». C'est-à-dire de ne plus tenter d'être le plus bienveillant de tous, mais plutôt de devenir le moins malveillant possible. Bref, ne plus flatter l'ange en soi, mais plutôt combattre enfin le diable en soi.

À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

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