Bien entendu, M. Maug et Mmes Niessen-Ruenzi et Zhivotova ont pris le soin de vérifier différentes hypothèses pouvant expliquer qu’un PDG accepte d’être moins bien payé. Par exemple, ils ont regardé si la jeunesse du PDG pouvait inciter un CA à le payer moins, si la taille de l’entreprise avait une incidence, si encore la nature des autres formes de rémunération (type de stock options,…) jouait un rôle. Et ils en sont venus à la conclusion que le seul critère qui pesait véritablement dans la balance était le prestige de l’entreprise. Aucun autre.
Intéressant, vous ne trouvez pas? Pour obtenir qu’un PDG fasse des concessions sur sa rémunération, il suffit de lui faire saisir tout le prestige qu’il a à occuper ce poste. C’est aussi simple que ça. Oui, il suffit de lui signifier à quel point il est privilégié et de lui faire comprendre que les autres vont dès lors porter sur lui un regard admiratif. Et le tour est joué!
Reste toutefois une chose, et non des moindres : que votre entreprise soit prestigieuse. Sans quoi, il vous faudra rémunérer votre PDG le plein prix, au minimum…
Quant à ceux qui croient que rares sont ceux qui sont sensibles au prestige, je me permets de les renvoyer à deux philosophes. Thomas Hobbes, d’une part, qui a dit que «les hommes sont continuellement en compétition pour les honneurs et les récompenses». Et Adam Smith d’autre part, qui considère que «ceux qui excellent dans leur profession sont souvent affublés des qualificatifs de «génie», ou du moins de «talentueux»; et l’admiration que ces personnes suscitent auprès du public fait toujours partie de leurs gratifications».
En passant, William Shakespeare a merveilleusement bien illustré la course effrénée de l’homme pour le prestige dans Le Marchand de Venise : «La plus grande gloire obscurcit la moindre. Un ministre brille autant qu’un roi jusqu’à ce que le roi paraisse : dès lors, tout son prestige s’évanouit»…