Comment éradiquer la triche à l'université (et au bureau)?

Publié le 23/10/2015 à 09:01

Comment éradiquer la triche à l'université (et au bureau)?

Publié le 23/10/2015 à 09:01

Les soupçons de tricherie avaient émergé lors de l'examen de la troisième session, il ne restait donc plus que l'examen final pour régler le problème. Les deux chercheurs ont tout d'abord eu l'idée de recueillir le maximum d'informations sur le dernier examen, et ont ainsi pu savoir : d'une part ce que chacun avait répondu à chacune des questions posées (il s'agissait des questions à choix multiples, où l'on doit indiquer la bonne réponse aux quatre suggérées); d'autre part, qui était assis à côté de qui (car le moyen le plus simple de tricher à un examen, c'est bien de "collaborer" avec ses voisins immédiats...).

Ensuite, ils ont concocté un savant algorithme visant à regarder s'il y avait bel et bien eu de la tricherie lors de cet examen-là. Comment fonctionnait-il? Le plus simplement du monde : le truc, c'était non pas de regarder s'il y avait des taux curieusement élevés de bonnes réponses entre voisins, mais de regarder s'il y avait des taux curieusement élevés mêmes mauvaises réponses entre voisins! Subtil, n'est-ce pas?

Le résultat est à faire froid dans le dos : un peu plus de 10% des étudiants avaient triché! «Un pourcentage qui correspond au chiffre résultant du vaste sondage mené en 2005 par McCabe auprès de milliers d'étudiants aux États-Unis et au Canada : 11% d'entre eux avaient reconnu, sous le couvert de l'anonymat, avoir triché lors de leur dernier examen», indiquent les deux chercheurs dans leur étude.

Face à ce chiffre renversant, MM. Levitt et Lin se sont demandé comment il se faisait que personne ne s'était fait pogner en train de tricher. C'est que l'examen était surveillé par un assistant du professeur, et celui-ci n'avait visiblement rien remarqué de curieux. Il leur est ainsi venu l'idée de procéder à une drôle d'expérience lors du dernier examen de l'année...

Comme d'habitude, les étudiants sont entrés dans la salle d'examen et se sont assis là où ils le voulaient, si bien que, tout naturellement, ceux qui avaient la ferme intention de tricher se sont mis pas loin les uns des autres. Le hic pour eux? C'est que les deux chercheurs les avaient identifié, grâce à leur redoutable algorithme. Si bien qu'ils ont recouru à la parade de leur cru : replacer tout le monde au hasard.

Ça n'a pris que quelques minutes, et chacun a dû s'installer là où le sort lui disait de s'installer. Enfin, le sort, mais pas complètement : les deux chercheurs avaient veillé à ce que le tirage au sort tienne compte d'une condition, à savoir que deux voisins qui avaient triché ensemble la dernière fois ne pouvaient pas se retrouver ensemble cette fois-ci. Simple et efficace, n'est-ce pas?

Conséquence? Zéro tricherie! Aucun étudiant n'a recouru à la triche pour tenter d'avoir une meilleure note. Les deux économistes ont pu le vérifier en réutilisant leur fameux algorithme sur toutes les réponses données par les étudiants aux questions à choix multiples posées cette fois-ci. «À noter que nous avions ajouté une autre mesure : là où la dernière fois il n'y avait qu'un surveillant, nous avons eu recours à quatre surveillants, qui se sont montrés plus vigilants qu'à l'habitude», soulignent-ils.

À propos de ce blogue

EN TÊTE est le blogue management d'Olivier Schmouker. Sa mission : aider chacun à s'épanouir dans son travail. Olivier Schmouker est chroniqueur pour le journal Les affaires, conférencier et auteur du bestseller «Le Cheval et l'Äne au bureau» (Éd. Transcontinental), qui montre comment combiner plaisir et performance au travail. Il a été le rédacteur en chef du magazine Premium, la référence au management au Québec.

Olivier Schmouker

Blogues similaires

L’exclusion des cadres des casinos du droit à la syndicalisation serait constitutionnelle

L’Association des cadres de la Société des casinos du Québec a déposé une requête en accréditation syndicale en 2009.

Les salutations de Jacques Ménard... ainsi que les miennes

Édition du 30 Juin 2018 | René Vézina

CHRONIQUE. C'est vraiment la fin d'une époque chez BMO Groupe financier, Québec... et le début d'une nouvelle. ...