Le faux débat de l'immigration

Publié le 25/09/2018 à 14:22

Le faux débat de l'immigration

Publié le 25/09/2018 à 14:22

[Photo: 123rf]

BLOGUE INVITÉ. Je suis fils d’immigrant. Mon père, bourguignon d’origine, est arrivé au Québec il y a plus de 40 ans. Son premier emploi était dans le même immeuble dans lequel j’ai mes bureaux. Il livrait des espressos et des May West aux centaines de tailleurs et couturiers italiens, grecs et juifs qui occupaient les 12 étages du 5455 De Gaspé.

Comme tout immigrant, il avait choisi de quitter sa terre natale pour essayer de bâtir une vie meilleure. La France avait encore les plaies ouvertes de la guerre d’Algérie et le rêve américain était à son paroxysme.

Il est arrivé à Montréal avec comme seuls outils l’espoir et la volonté de travailler. Comme des milliers d’immigrants, son seul objectif était de s’adapter le plus rapidement possible à sa nouvelle vie.

En quittant la France, il laissait derrière lui, entre autres, sa famille, ses amis, sa culture et ses habitudes. Il était cependant chanceux pour la langue commune que partagent les deux pays.

Toute ma jeunesse, je me suis demandé qui j’étais. Québécois ? Français ? Canadien ? En fait, pour tout vous dire, je me sentais déchiré par la question. Puis, en vieillissant et surtout en prenant pleinement confiance en qui j’étais, j’ai réalisé que j’avais l’immense chance et richesse d’avoir de multiples origines.

Au Québec, on me dit que j’ai un petit accent, en France on me dit que j’ai un petit accent. Partout où je passe, j’ai un petit accent et c’est tant mieux. C’est ce petit accent qui me rend unique, comme toutes petites différenciations que l’on porte en nous.

Depuis quelques semaines, le débat sur l’immigration fait rage. Les discours, d’un extrême à l’autre, ne parlent que de nombre, de sélection ou d’expulsion. À les écouter, on dirait qu’on parle de cartes de hockey qu’on échangeait dans la cour d’école au secondaire.

« Je me souviens »… de rien

Il ne faut vraiment pas connaître l’histoire du Québec, pour ne pas reconnaître l’importance que l’immigration a eue sur notre société. Au fil des cent dernières années, de multiples vagues d’immigrations ont marqué notre histoire. Écossais, Irlandais, Polonais, Ukrainiens, Chinois, Français, Algériens ont tous choisi le Québec comme terre d’accueil.

Est-ce que le système est parfait ? Se poser la question c’est y répondre. Bien sûr que non. Cependant, le blâme ne devrait pas être unanimement mis sur les épaules des immigrants. Le gouvernement, peu importe le parti, est tout aussi coupable du principal défaut du système, l’intégration.

Certes, un certain nombre d’immigrants arrivent au Québec sans aucun souhait de collaboration, mais ne faisons pas de cette minorité la majorité.

D’un point de vue entrepreneurial, l’immigration est essentielle. Le quasi-plein emploi et le manque grave de main-d’œuvre représentent une réelle menace pour notre économie.

Savez-vous que certaines entreprises doivent littéralement fermer leurs portes par manque d’employés ? Je ne parle pas ici d’entreprises qui offrent des conditions de travail misérables, je parle d’entreprises qui n’arrivent tout simplement pas à trouver le moindre employé pour suffire à la demande.

Dieu merci que des milliers de Mexicains et de Guatémaltèques travaillent dans nos champs et vergers afin que l’on puisse acheter des fruits et légumes du Québec dans les marchés publics. Dieu merci que des Philippins, des Marocains et des Syriens travaillent dans nos fermes et dans nos mines afin qu’elles ne cessent leurs opérations. Le problème est tel, surtout en région, que certaines entreprises doivent faire des missions à l’étranger pour recruter des candidats. Du jamais vu.

Pour conclure, arrêtons donc de parler d’immigration comme on parle de marchandise. La totalité des immigrants que je connais et rencontre aux quatre coins de la province veulent non seulement réussir, ils veulent qu’on les traite comme égaux et non comme étant une sous-espèce nuisible.

L’intégration est le nerf de la guerre. Nous avons mille preuves que le système actuel est problématique à de multiples niveaux. C’est maintenant aux chefs de partis de nous convaincre que leur plan de match est le bon.

Une chose est certaine, le Québec d’aujourd’hui n’existerait pas sans les centaines de milliers d’immigrants qui ont, pour la plupart, tout laissé derrière eux afin de recommencer une nouvelle vie ici, avec nous.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

À propos de ce blogue

Je me suis lancé en affaires quelques jours après avoir gradué de l’Université de Montréal en science politique. Un peu par hasard, beaucoup par folie, je suis devenu entrepreneur sans trop savoir ce qui m’attendait. Bien que ma première expérience en affaires fut catastrophique, je suis tombé en amour avec l’entrepreneuriat. Aujourd’hui, je suis à la tête d’un des plus grand producteurs de spiritueux et prêt-à-boire en Amérique du Nord et ce ne sont pas les projets qui manquent! Depuis novembre 2015, je partage chaque semaine ici mes idées, mes opinions et ma vision sur le monde des affaires et les sujets de société qui m’interpellent. Bienvenu dans mon monde!

Nicolas Duvernois

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