C’est une des questions que je me pose le plus souvent, surtout depuis que je suis papa. Peut-on vouloir changer le monde et avoir une vie en même temps ?
J’ai eu l’immense bonheur d’être devenu papa pour la deuxième fois la semaine dernière et tout comme lors de la naissance de ma première fille, je me suis posé beaucoup de questions les jours suivants.
Non seulement je vise à être le meilleur père et mari possible, j’ai également ce sentiment de ne jamais en avoir assez et de ne jamais pouvoir prendre quelques jours totalement déconnectés afin de profiter de ces moments si précieux.
Je pourrais pourtant être un entrepreneur pour qui le succès se mesure selon les résultats de son entreprise et qui ne s’implique nulle part ailleurs mais je suis différent. Je suis le type d’entrepreneur pour qui le succès est beaucoup plus qu’un état financier.
En poussant un peu plus loin ma réflexion, j’ai réalisé que le monde des affaires est tout aussi déchiré que moi sur la question. Pour certains, c’est «all in» en tout temps. Qui ne risque pas de tout perdre tous les jours ne risque pas assez !
Pour les autres, cette fameuse conciliation travail-famille est la pierre angulaire de leur démarche et ils cherchent à tout prix un équilibre sain entre leur vie personnelle et professionnelle.
Pour tout vous dire, je me sens coupable de ne pas être aussi présent que je voudrais l’être pour ma famille. Bien qu’elle reste mon ultime priorité, les multiples projets sur lesquels je travaille m’occupent terriblement et mes temps libres se comptent littéralement en minutes.
D’un autre côté, j’ai beaucoup de difficulté à lâcher prise et à ne pas penser à mon entreprise. Elle est au centre de ma vie depuis plus de dix ans, elle m’a fait vivre des hauts et des bas comme vous ne pouvez pas imaginer et elle me permet aujourd’hui d’être un entrepreneur heureux et comblé.
Dans le livre «Good to great» de l’auteur à succès Jim Collins, il démontre, suite à l’étude de centaine de cas, que la majorité des PDG sont «mariés» à leur entreprise et que seule une minorité de PDG à succès réussissent également à avoir une vie personnelle accomplie. Rien de rassurant.
Nous vivons dans un monde d’extrêmes où l’exagération est presque devenue la norme. Pour être riche il faut être milliardaire, pour être en santé, il faut courir des marathons. Finis les plats congelés, ce soir c’est agneau braisé au nectar d’abricot et couscous israélien. Cette quête continuelle de la perfection pose bien des problèmes.
Y aurait-il une autre façon de voir la question? Serait-ce possible de réinventer la manière de bâtir une entreprise en mettant, dès le début, les balises nécessaires afin de ne pas tomber dans l’excès, d’un bord comme de l’autre?
En même temps, comme dirait ma mère, on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre. Ayant été athlète dans une autre vie, c’est souvent celui qui mettait le plus d’efforts lors de l’entraînement qui avait le plus de chances de gagner. Serait-ce idem en affaires? Peut-être n’est-ce pas un hasard que les entrepreneurs qui font le plus de sacrifices sont ceux qui réussissent le plus?
Je ne sais pas, mais une chose est certaine. Tant que je n’aurai pas atteint ce fameux équilibre, je ne pourrai pas dire que j’ai atteint le succès que je vise.
