Commerce de détail: fermetures et hausses de prix pressenties

Publié le 27/10/2015 à 08:37

Commerce de détail: fermetures et hausses de prix pressenties

Publié le 27/10/2015 à 08:37

La rue Sainte-Catherine, principale artère commerciale de Montréal, pourrait connaître encore bien des transformations. (Photo: Martin Jolicoeur)

Malgré une hausse des dépenses des consommateurs, les détaillants du Québec et du reste du pays ne sont pas au bout de leurs peines. À tel point que d’autres fermetures surviendront et qu'à défaut de mieux, plusieurs n’auront d’autres choix que de majorer leurs prix.

C’est l’avis éclairé de Diane Brisebois, présidente-directrice générale du Conseil canadien du commerce de détail (CCCD). Cet organisme sectoriel, qui tiendra son colloque annuel à Montréal cette semaine, défend à lui seul les intérêts de quelque 45 000 détaillants membres de toutes les provinces du pays.

«On dit souvent qu’il n’y a que deux certitudes dans ce bas monde : les impôts et la mort. Mais malheureusement dans l’industrie du commerce de détail, il faut en rajouter une autre: les fermetures, dit Mme Brisebois. Nous en avons connu plusieurs récemment. Et d’autres viendront assurément.»

La semaine dernière, Statistique Canada a révélé une quatrième hausse consécutive des dépenses de consommation, elles mêmes aidées par les ventes automobiles en hausse pour un septième mois consécutif. Par rapport à l’année précédente, les ventes au détail ont augmenté dans sept des dix provinces en août. Et d’une année à l’autre, la croissance des ventes au Québec (sous la barre des 2%), tire de la patte loin derrières celles de la Colombie-Britannique (7%) et de l’Ontario (5,4%).

Les économies réalisées à la pompe et les chèques envoyés par Ottawa, résultat de la bonification de la Prestation universelle pour la garde d’enfants, semblent avoir soutenu cette hausse des dépenses des consommateurs, souligne l’économiste Krishen Rangasamy, de la Banque Nationale.

Des bénéfices en baisse

Par contre, derrière cette hausse des ventes se cache une baisse marquée des marges bénéficiaires des détaillants, particulièrement affectés par la baisse de la valeur du huard par rapport à la devise américaine, souligne le CCCD.

Ce dernier précise ne pouvoir quantifier cette baisse de profits actuellement observée dans la majorité des secteurs, celui de la mode en outre où les stocks se transigent souvent en dollars américains. Mais pour garder la tête hors de l’eau, ces détaillants n’auront probablement d’autres choix que d’accroître leurs prix, prévient Nathalie St-Pierre, vice-présidente du CCCD pour le Québec.

Quand? Nul ne le sait exactement. Mais le retour de la période des Fêtes pourrait bien être ce moment choisi par les détaillants pour s’offrir le rattrapage espéré. Un rattrapage d’autant plus important que l’industrie canadienne du commerce de détail continue de souffrir des taxes canadiennes sur l’importation (10 à 18%) et de la non perception des taxes de vente sur la majorité des achats en ligne effectués aux États-Unis.

Malgré une baisse marquée par rapport à l’année dernière, le magasinage transfontalier (aller-retour des consommateurs le même jour) continue de préoccuper les détaillants canadiens. En 2012, on estimait les pertes enregistrées par l’économie canadienne à 8G$ annuellement, résultat de ces virées américaines des consommateurs canadiens. «Il faut continuer de s’en préoccuper, prévient Mme Brisebois. Car tout le monde sait que ce manège recommencera dès que le huard regagnera de sa vigueur par rapport au billet vert.»

Colloque d’un jour à Montréal

Pour une deuxième fois en autant d’années, le Conseil canadien du commerce de détail (CCCD) tiendra une conférence d’une journée à Montréal ce jeudi 29 octobre. Le thème de cette année : la transformation.

Transformation sous toutes ses facettes. Transformation dans les outils, transformation dans les façons de faire, de la gestion du personnel à la chaîne d’approvisionnement, transformation aussi dans les attentes et goûts de la clientèle, celle de la génération du millénaire en particulier… «Le numérique est important, affirme Mme Brisebois. Mais on assure que l’on ne parlera pas seulement de numérique!»

La programmation d’une journée fait état de conférenciers de renom. Parmi eux, Joanne Nemeroff, vice-présidente de Ogilvy/Holt Renfrew, Joel Teielbaum, pdg de iStore, Nicolas Franchet chef du commerce de détail et du commerce électronique de Facebook et Sylvain Toutant nouveau président de David’s Tea.

On s’attend à ce que l’événement attire cette année quelque 400 professionnels de l’industrie du commerce de détail, traditionnelle ou électronique. L’an dernier, le même événement avait attiré quelque 350 personnes.