Soyez vigilant lorsque vos actions montent

Publié le 11/12/2016 à 11:41

Soyez vigilant lorsque vos actions montent

Publié le 11/12/2016 à 11:41

(Photo: 123rf.com)

L'élection de M. Trump a jusqu’à maintenant exercé un effet favorable sur la Bourse. Le Dow Jones approche les 20 000 points. Sur la chaîne CNBC, les commentateurs ne manquent pas de souligner constamment que l’indice atteint des niveaux record, comme s’il s’agissait d’une grande surprise. Or, à long terme, il s’avère tout à fait logique qu’un indice surpasse son sommet précédent. Dans le cas contraire, étant donné les profits réinvestis par les sociétés qui le composent, nous nous retrouverions avec des évaluations de titres toujours de plus en plus basses. Donc, les indices fluctuent dans le temps, et après certaines baisses et rebonds, finissent par croiser leur ancien sommet. Nous ne voyons rien d’extraordinaire dans ce phénomène! Avez-vous l’habitude de déclarer chaque année que vous avez atteint un âge record?

Ces dernières semaines, vous avez probablement assisté à la montée de votre portefeuille. À moins d’avoir effectué des changements importants au sein de celui-ci, plusieurs de vos titres se négocient à des évaluations plus élevées. Si vous êtes un investisseur recherchant les aubaines, le danger réside dans la complaisance par rapport aux évaluations et au suivi des titres, particulièrement si vous entreteniez des doutes au départ.

Comme le disait Peter Lynch, le célèbre gestionnaire du fonds Magellan de Fidelity: «Ce n’est pas parce qu’un titre grimpe après son achat que vous aviez raison de l’acheter. Ce n’est pas parce qu’un titre s’effondre après son achat que vous aviez tort de l’acheter.»

Prenons l’exemple de Voya Financial Inc (N.Y., VOYA), que nous avions acquis à 28$ en septembre. Dans une de leurs présentations, la direction stipulait qu’elle visait un rendement sur les capitaux propres de 13,5% à 14,5%. Dans le contexte actuel des bas taux d’intérêt, cet objectif nous paraissait particulièrement ambitieux. En fait, nous nous questionnions à savoir si la direction faisait preuve de réalisme. Comme le titre se négociait bien en-dessous de sa valeur au livre tangible de 53$ (sans les gains non réalisés), l’équation risque/rendement s’avérait très attrayante. En outre, si la société arrivait à engendrer régulièrement un rendement de 14% sur son équité, on pouvait espérer alors une évaluation d’environ 95$ en Bourse.

Vinrent les élections, et voilà que le titre se hisse à plus de 40$. Nous aurions pu réagir en nous disant: «nos craintes n’étaient pas vraiment fondées, le titre se dirige vers notre objectif comme prévu. Notre gain de 43% jusqu’à présent nous met en confiance».

Erreur! Dans une telle situation, vous avez deux bonnes raisons de refaire vos devoirs. D’une part, le nouveau potentiel du titre a diminué puisqu’il se négocie déjà à un prix plus élevé. D’autre part, pour la même raison, la marge de sécurité a également cédé du terrain. S’asseoir confortablement sur un gain et se sentir rassuré n’aide en rien au suivi du titre. Vous pourriez découvrir soudainement un élément qui vous fera pencher en faveur de sa vente imminente. Ce fut notre cas avec Voya.

Nous sommes récemment tombés sur un article qui faisait mention de problèmes avec une employée qui avait été congédiée, à la suite d'un désaccord quant aux taux de rendement sur le capital pour calculer la rentabilité d’un de leur produit. La direction voulait afficher une meilleure rentabilité, alors que l’employée, jugeant cela irréaliste, s’y objectait. Ajoutons à cela le départ en octobre du chef des finances: peut-être que les objectifs de rendement sur le capital visé par la direction manquaient vraiment de réalisme. Nous avons donc préféré délaisser le titre pour une autre opportunité.

Nous devons ajouter que la hausse de l’action découla surtout de l’engouement soudain pour les financières depuis les élections. Avec l’arrivée de M. Trump au pouvoir, les probabilités de hausse des taux d’intérêt se sont nettement accrues, ce qui augure bien pour les financières en général.

Vendre pour des raisons irrationnelles («lorsque je fais 30% de gain, je vends»), ou conserver un titre dans le même esprit («c’est sûr que c’est un bon titre, il vient de faire 30%») vous conduira tôt ou tard à des résultats peu satisfaisants. En tout temps, continuez la recherche et le suivi, peu importe que votre titre ait grimpé ou chuté. La valeur estimée de vos investissements changent en fonction des nouveaux développements, des profits des entreprises sous-jacentes ainsi que des informations que vous découvrez avec le temps. C’est pourquoi il s’agit d’un travail continu. Baisser la garde en situation de gain constitue une grande erreur à notre avis.

Au sujet des auteurs du blogue: Patrick Thénière et Rémy Morel sont analystes financiers et propriétaires de Barrage Capital, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com

À propos de ce blogue

Patrick Thénière et Rémy Morel sont associés et gestionnaires de portefeuille chez Barrage Capital, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com

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