AIG pourra difficilement gagner contre Carl Icahn

Publié le 21/05/2016 à 15:58

AIG pourra difficilement gagner contre Carl Icahn

Publié le 21/05/2016 à 15:58

L'investisseur activiste Carl Icahn. Photo: Bloomberg

La Réserve fédérale américaine(FED) vient d’annoncer l’établissement de deux séries de règles pour les assureurs (pour accéder à l'article). L’une d’elle visera les assureurs qui sont jugés représenter un risque systémique pour le secteur financier. Quant à l’autre, elle s’adressera simplement à tous les autres assureurs.

Peu de sociétés seront assujetties aux exigences plus sévères de la FED. Nous avons actuellement Prudential Financial (N.Y., PRU) et American International Group (N.Y., AIG). Soulignons que MetLife (N.Y., MET) vient d’échapper à ces resserrements, grâce à un jugement de la Cour qui fut prononcé en sa faveur. Toutefois, le gouvernement tente de renverser la décision en allant en appel.

Un représentant de l’investisseur activiste Carl Icahn, Samuel Merksamer, a gagné un siège sur le conseil d’administration de AIG, suite à la demande de scinder la société en trois unités distinctes.

La direction de l’assureur avait tenté de semer le doute parmi ses actionnaires, en stipulant que la désignation de SIFI (Systemically Important Financial Institution) ne posait point de contraintes importantes dans le cadre de ses activités. Or, l’annonce de la FED vient en quelque sorte contredire ce fait, apportant du poids aux arguments de M. Icahn pour forcer des changements importants au sein de la société.

Les résultats d’AIG n’ont vraiment rien pour impressionner, malgré sa restructuration initiée par Robert Benmosche durant la crise. Lors des trois derniers exercices financiers, le ratio combiné de l’assureur s'est établi à 101,6%, 100,2% et 115,0% pour 2013, 2014 et 2015 respectivement. Durant la même période, The Travelers Compagnies (N.Y., TRV) a affiché un ratio de 88%, 89% et 90%. Des résultats similaires ont été atteints chez Chubb Limited (N.Y., CB).

On discute souvent d’économies d’échelle chez les grosses entreprises, afin de justifier leur taille imposante. On peut observer le succès de plus petits assureurs, qui tirent leur épingle du jeu. W.R. Berkley Corp (N.Y., WRB) et RLI Corp (N.Y., RLI) constituent de bons exemples. Les ratios combinés des trois dernières années de ce dernier s’avèrent particulièrement impressionnants, se situant entre 80% et 85%.

Quant au rendement sur l’avoir de ces assureurs, il y a de quoi faire rougir AIG, qui a en outre été forcée de réviser ses réserves au quatrième trimestre de l’an passé. Malgré l’horrible ratio combiné de 161.5% de ce trimestre, les résultats de plusieurs de ses rivaux ont encore surpassé ceux de AIG au premier trimestre de 2016.

Ajoutons à cela le contexte d'affaires difficile dans le créneau de l’assurance-vie, qui dépend fortement des taux d’intérêt, et nous trouverons facilement des arguments sensés pour pencher en faveur du scénario proposé par M. Icahn.

N’en déplaise au dirigeant M. Hancock, qui craint peut-être pour sa rémunération, réduire la taille de l’entreprise s’avère peut-être la seule solution pour ramener le rendement de l’avoir à un niveau acceptable. M. Hancock a gagné 13M$US en 2015 et 11,3M$US en 2014. Pourtant, le chef de la direction de Travelers (jusqu’en décembre 2015), Jay Fishman, a empoché environ 20M$US par an lors des trois dernières années. Nous pouvons constater que malgré sa taille trois fois plus petite en termes d’avoir, un assureur peut bien récompenser ses dirigeants lorsque la performance rencontre les attentes des actionnaires.

Étant donné la tendance de la direction à adopter le statu quo, malgré les performances décevantes de ces dernières années, nous jugeons essentiel la présence d’un représentant de M. Icahn au sein du conseil d’administration.

Le récent commentaire de la FED face à la réglementation à appliquer dans le cas de AIG ne fera que renforcer les arguments de cet activiste, qui a connu beaucoup de succès dans ses batailles passées. Le retour de 25G$US aux actionnaires sur deux ans constitue peut-être seulement le premier pas dans la bonne direction.

Au sujet des auteurs du blogue: Patrick Thénière et Rémy Morel sont analystes financiers et propriétaires de Barrage Capital, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com

 

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