Chacune des quatre nations formant le Royaume-Uni dispose d'une convention particulière avec Westminster. Si le premier ministre maintient son objectif de donner aux autres nations les mêmes pouvoirs que ceux qui seront dévolus à l'Écosse, il devra s'engager dans des négociations avec toutes les parties du pays, un processus qui prendra des années et qui, théoriquement, pourrait conduire le Royaume-Uni à se transformer en fédération. M. Cameron aurait intérêt à consulter Brian Mulroney.
La très difficile négociation des accords du Lac Meech et de Charlottetown a bien démontré que, même si elle part de bonnes intentions, l'exécution d'une réforme constitutionnelle représente un défi extrême. Autres enjeux, le Royaume-Uni tiendra une élection générale en mai 2015 et un référendum sur son appartenance à l'Union européenne en 2017 (les Écossais y sont favorables, mais bien des Anglais ne le sont pas).
Certes, les unionistes peuvent se consoler en se disant que la négociation d'un transfert de pouvoirs est beaucoup plus facile que celle d'une séparation, mais les compromis que les leaders politiques du pays devront trouver face aux enjeux auxquels ils font désormais face seront déterminants pour l'avenir du Royaume-Uni.
Si Westminster ne livre pas les changements promis, on peut prévoir que la flamme indépendantiste écossaise sera ravivée. La successeure présumée d'Alex Salmond, la vice-première ministre Nicola Sturgeon, est présentée comme étant très combattive, très populaire et plus à gauche que lui. Un autre référendum devient plausible.
Si l'on a pu pousser un soupir de soulagement en raison du résultat du référendum, une nouvelle dynamique, dont il est impossible de prévoir le dénouement, s'est enclenchée.
Les souverainistes québécois se réjouissent de la ferveur indépendantiste écossaise, mais constatons que celle-ci est également porteuse de grandes incertitudes.