Oasis, « la meute » et les jeux vidéo

Publié le 11/04/2012 à 14:42

Oasis, « la meute » et les jeux vidéo

Publié le 11/04/2012 à 14:42

BLOGUE. Le producteur d'une oeuvre de divertissement (film, livre, télésérie, jeu vidéo, etc.) peut-il être tenu responsable de livrer une fin satisfaisante au goût des amateurs de son oeuvre?

Il a beaucoup été question au cours des derniers jours au Québec de l'histoire « Oasis ». Une histoire semblable de révolte des consommateurs agissant en meute se déroule depuis déjà quelques semaines dans le domaine du jeu vidéo. Une histoire aux implications un peu inquiétantes pour l'industrie du divertissement.

Cette histoire prend naissance avec le lancement, le 6 mars dernier, du jeu vidéo Mass Effect 3. Produit par Electronic Arts, ou plus particulièrement sa filiale Bioware installée à Edmonton et Montréal, « ME3 » complète l'une des trilogies les plus appréciées de l'histoire du jeu vidéo. Les deux premiers épisodes ont reçu des notes moyennes au-delà de 90 % de la part des critiques, ce qui est exceptionnel. La série, qui rappelle un peu Star Wars, met beaucoup d'emphase sur le scénario, les dialogues et les conséquences des choix que font les joueurs. 

Or la séquence finale de Mass Effect 3 déçoit beaucoup d'amateurs. Les fins, en fait, puisque le jeu offre trois fins différentes, selon les choix du joueur. Apparemment (je n'y ai pas joué), il y a en réalité très peu de différences entre ces fins, qui ne sont en plus pas celles auxquelles les joueurs s'attendaient. Tous s'entendent pour dire que le jeu dans son ensemble est excellent. Mais la fin en déçoit plusieurs (pas tous). Un peu comme dans le cas d'Oasis, la révolte commence à faire rage sur les médias sociaux et le Web en général.

Comme c'est souvent le cas, les plus farouches critiques sont aussi les plus vocaux. Sur le site Metacritic.com, qui recense les tests d'à peu près tous les jeux vidéo produits pour leur apposer une note moyenne, l'écart entre la note moyenne des critiques professionnels et celle des « internautes » est abyssal : 93% contre 49%. 

La grogne devient si forte que l'éditeur est forcé de réagir. Le 22 mars, le président et cofondateur de Bioware, Ray Muzyka annonce que l'entreprise fera quelque chose pour remédier à la situation. Il y a une semaine, le 5 avril, Electronic Arts confirme qu'elle s'active à produire une nouvelle fin, qui sera offerte gratuitement en téléchargement. 

L'histoire est allée tellement loin qu'il semble même que le Better Business Bureau, un organisme non gouvernemental voué à la protection des consommateurs, a laissé entendre qu'il pourrait se mêler du dossier, sous prétexte que l'entreprise n'aurait pas répondu à sa promesse d'un jeu qui tient compte des choix des consommateurs (puisque les fins se ressemblent). On demanderait à Electronic Arts de rembourser les acheteurs du jeu.

Je vous rappelle qu'on parle ici de la fin d'un jeu vidéo, pas d'un remède contre le cancer!

Si j'étais dans le domaine du divertissement, sans crier au loup, c'est un précédent qui m'inquiéterait. Qu'arrivera-t-il si, au bout de trois ans d'une série télé, les téléspectateurs n'aiment pas la fin à laquelle j'ai pensé? Vont-ils poursuivre le réseau qui la diffuse, lequel se tournera ensuite vers moi? Et au cinéma? Les clients vont-ils quitter la salle en demandant un remboursement? Quel impact cette crainte de décevoir aura-t-elle sur la créativité et la prise de risques?

Pour utiliser un terme justement cher aux médias sociaux, je ne « like » pas.

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