SNC-Lavalin dans le trouble


Édition du 28 Février 2015

SNC-Lavalin dans le trouble


Édition du 28 Février 2015

Et comme si ce n'était pas assez...

Un malheur n'arrive jamais seul, dit l'adage. En parallèle aux accusations, une autre déveine, tout aussi importante, pèse sur le titre du géant montréalais du génie-conseil : l'acquisition de l'européenne Kentz et la décision de l'OPEP de ne plus soutenir les prix du pétrole.

Cette acquisition de 2,1 G$ US (survenue à l'automne) avait du potentiel à long terme, mais n'était pas sans risque. SNC a payé 10,4 fois le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) pour Kentz, alors que ses propres activités d'ingénierie se négociaient à une valeur estimée tout juste au-dessus de 5 fois le BAIIA.

Si vous payez quelque chose 10 fois le bénéfice et que le marché décide d'appliquer à ce bénéfice votre multiple de 5 plutôt que celui de 10, vous venez de détruire passablement de la valeur.

Le pari de SNC, auquel on croyait personnellement, était qu'avec le temps le multiple appliqué à ses propres activités augmenterait, grâce à la croissance de Kentz et à une augmentation de la confiance dans l'avenir. Et que l'affaire deviendrait fort payante.

Malheureusement, 16 % des revenus de Kentz proviennent du secteur minier, un créneau qui traîne la patte ces jours-ci. Surtout, 24 % proviennent du secteur pétrole et gaz.

Ce qui devait soulever le titre vient maintenant le couler. Non seulement le multiple de Kentz est appelé à fondre, mais son carnet de commandes et ses bénéfices aussi.

En fait, il ne serait pas étonnant de voir SNC forcée un jour de prendre une bonne radiation relativement à cette acquisition.

C'est situation, combinée aux accusations récentes de la GRC, devrait maintenir le titre au plancher pour un bout de temps.

Sur le radar
SNC-Lavalin (Tor., SNC, 39,17 $)

Les recommandations des analystes qui suivent le titre de SNC-Lavalin
4 Conserver
2 Acheter
6 surperformance
Cours cible : 54,75 $

Source : Bloomberg

À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

Blogues similaires

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.

Shopify: prochaine victime de la malédiction boursière canadienne?

BLOGUE INVITE. Shopify est-elle différente des Nortel, Research in Motion, Valeant, Barrick Gold et autres?