Pouliot: L'Assemblée nationale devrait bloquer la vente de ces sociétés québécoises

Publié le 05/11/2012 à 09:26, mis à jour le 05/11/2012 à 10:56

Pouliot: L'Assemblée nationale devrait bloquer la vente de ces sociétés québécoises

Publié le 05/11/2012 à 09:26, mis à jour le 05/11/2012 à 10:56

[Photo : Benjamin Nantel]

BLOGUE. Un certain vent de réprobation s'est mis à souffler ces derniers jours à la suite de la décision d'Ottawa de bloquer la vente de Progress Energy à la malaisienne Petronas. Qui devrait être intouchable au Québec ?

C'est une question difficile que celle d'autoriser ou non la vente d'entreprises. Le Financial Times dénonçait d'ailleurs il y a quelques jours la décision fédérale, en affirmant que notre protectionnisme risquait de compliquer l'accès aux capitaux nécessaires au financement de nos projets.

Il est vrai que le Canada et le Québec ont besoin des capitaux étrangers pour pouvoir se développer. Sans eux, il y aurait bien moins d'activité minière et pétrolière au pays sans eux. Le développement du Grand Nord passe en outre par l'investissement étranger.

Il est aussi vrai que certains investisseurs peuvent se montrer plus réticents à investir si la société dans laquelle ils entrent a des possibilités de sortie plus limitées. Il est plus facile d'écouler un bloc d'actions lorsque survient une OPA que sur le marché. Entre deux investissements au potentiel similaire, on choisira celui qui offre la meilleure possibilité de sortie, et qui fait miroiter une prime d'OPA.

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C'est pourquoi il pourrait devenir difficile pour le gouvernement fédéral de bloquer plusieurs transactions dans le domaine des ressources naturelles.

Cela dit, il ne faut pas non plus se laisser prendre au jeu de la réciprocité sans logique. Il faut plutôt expliquer aux grands États que certaines mesures de protection sont nécessaires dans les petits États, pour éviter qu'ils ne perdent trop de leviers et de catalyseurs économiques. En raison du faible nombre de sièges sociaux au Québec, ils pourraient être tous gobés d'ici 10 à 20 ans et ainsi annihiler toutes nos possibilités de courir de par le monde.

Des critères sur lesquels s'appuyer

Tandis qu'Ottawa songe à se doter de critères pour bloquer les transactions défavorables, on peut se demander si Québec ne le devrait pas aussi, en profitant de sa compétence en valeurs mobilières. Avec les collègues Daniel Germain, Stéphane Rolland et Hugo Joncas, on a réfléchi sur une grille de critères qui pourrait être instaurée et sur les sociétés qui devraient être protégées.

Voici nos critères :

> La protection de l'économie, des emplois et des fournisseurs ;

> La préservation de la culture ;

> La conservation de l'expertise stratégique ;

> La sécurité nationale ;

> La préservation d'un actif constituant un fort levier de développement.

Les sociétés dont on protégerait la vente à des intérêts étrangers

Bombardier (BBD.B, 3,73 $). Le joyau de l'aéronautique au Québec. Il répond notamment aux critères des emplois, des fournisseurs, de l'expertise stratégique et de la conservation d'un actif à haut levier de développement.

SNC-Lavalin (SNC, 39,10 $). Le joyau de l'ingénierie au pays. Sa réputation est ternie, mais avec SNC, le Québec et le Canada ont la possibilité de conquérir le monde. Son actif est un fort catalyseur de développement.

Groupe CGI (GIB.A, 25,21 $). La société est aujourd'hui dans le peloton de tête des sociétés nord-américaines d'information technologique. Elle prend de l'expansion en Europe et est un levier stratégique important pour le Québec dans un secteur d'avenir. Les critères de la conservation de l'expertise stratégique et du levier de développement s'imposent.

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À propos de ce blogue

Diplômé en droit de l'Université Laval, François Pouliot est avocat et commente depuis plusieurs années l'actualité économique et financière. Il a été chroniqueur au Journal Le Soleil, a collaboré au Globe and Mail et dirigé les sections économiques des différentes unités de Quebecor Media, notamment la chaîne Argent. Au cours de sa carrière, il a aussi fait du journalisme d'enquête ce qui lui a valu quelques distinctions, dont le prix Judith Jasmin. La Bourse Southam lui a notamment permis de parfaire son savoir économique à l'Université de Toronto. François a de même été administrateur de quelques organismes et fondation. Il est un mordu des marchés financiers et nous livre son analyse et son point de vue sur diverses sociétés cotées en bourse. Québec inc. sera particulièrement dans sa mire.

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